- sirène
- (si-rè-n') s. f.1° Être fabuleux, moitié femme, moitié poisson, qui, par la douceur de son chant, attirait les voyageurs sur les écueils de la mer de Sicile où ils périssaient.• Le crocodile ainsi tue en versant des pleurs, La sirène en chantant, et l'aspic sous les fleurs, ROTROU Bélis. V, 5.• Avec tant de charmes trompeurs, elle avait, comme les sirènes, un coeur cruel et plein de malignité, FÉN. Tél. III.2° Fig. Femme qui séduit par ses attraits.• Ces sirènes, dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans les temples de la volupté, dont les regards sont mortels, et qui reçoivent de tous les côtés, par des applaudissements qu'on leur renvoie, le poison qu'elles répandent par leur chant, BOSSUET Comédie, 8.• Nangis, sirène enchanteresse dont on ne se pouvait défendre qu'en la fuyant, SAINT-SIMON 39, 193.Une voix de sirène, une voix douce et qui charme.• Qui pourrait résister à sa voix de sirène ?, DESTOUCH. Phil. mar. V, 9.• Nous jouons aujourd'hui Mahomet : une Palmire, jeune, naïve, charmante, voix de sirène, coeur sensible, avec deux yeux qui fondent en larmes ; on n'y tient pas, VOLT. Lett. Thiriot, 8 oct. 1760.Elle chante comme une sirène, elle a une voix de sirène, elle chante très bien.3° Terme de physique. Instrument destiné à démontrer la vibration des liquides par les sons qu'il rend sous l'eau ; une intermittence de l'écoulement déterminant une suite de chocs produits par l'eau fait entrer celle-ci en vibrations sonores.4° Genre de reptiles voisins des salamandres.5° Nom donné à une famille de mammifères marins.De ces mammifères marins, la crédulité avait fait des femmes de la mer.• Où trouvera-t-on un animal terrestre aussi industrieux que cette sirène qui parut en Hollande sur la fin du siècle passé, et qui apprit en peu de temps à filer ?, BOUHOURS Entret. d'Ar. et d'Eug. 1.XIIIe s.• Sereine, se dient li autor, sont trois qui avoient semblance de feme dou chief jusques as cuisses ; mais de celui leu en aval avoient semblance de poisson.... qui por lor très dous chant faisoient perir les nonsachanz qui par la mer aloient, BRUN. LATINI Trésor, p. 189.• À chant de seraines de mer, Qui par lor vois qu'eles ont saines Et series, ont non seraines, la Rose, 678.XVe s.• Lesquels feurent logés à la Seraine en la rue de la Harpe, et feurent gardez que personne ne parlast à eux sans leurs gardes, JUVÉNAL DES URSINS Charles VI, 1415.• Et si y avoit encore trois bien belles filles faisans personnaiges de seraines toutes nues, J. DE TROYES Chron. 1461.• Et avoit dessous le dit echafaud une fontaine jetant hypocras et trois seraines dedans, MONSTRELET II, 109.• La royne Blanche comme un lys, Qui chantoit à voix de sereine, VILLON Ball. des dames du temps jadis..Provenç. serena ; espagn. serea, sirena ; ital. serena, sirena ; du lat. sirena, qui succéda à siren, lequel vient du grec, que l'on dérive du phénicien sir, chant.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.