- sincère
- (sin-sè-r') adj.1° Qui exprime avec vérité ce qu'il sent, ce qu'il pense.• Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du coeur, MOL. Mis. I, 1.• La fortune, trompeuse entre toute autre chose, est du moins sincère en ceci, qu'elle ne nous cache pas ses tromperies, BOSSUET Sermons, Ambition, 2.• Tout éloge imposteur blesse une âme sincère, BOILEAU Épît. IX..• Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère.... Des crimes de Néron approuver les horreurs, RAC. Bérén. II, 2.• De ce qu'ont vu tes yeux parle en témoin sincère, RAC. Baj. I, 1.• Plus ardent qu'éclairé dans mes recherches, mais sincère en tout, même contre moi, J. J. ROUSS. Lett. à l'archev. de Paris..Fig.• Vous devez faire des excuses au temps....jamais il n'en fut un plus parfait, plus solide, plus sincère ; car les brouillards du matin ne nous ont pas même laissés dans l'incertitude, SÉV. 20 sept. 1687.2° Il se dit aussi des choses.• Sinon, je croirai que cette réconciliation si précipitée qui fut faite si peu de temps devant mon départ, fut fausse, et qu'il n'y a eu rien de sincère en vous que votre froideur et votre indifférence, VOIT. Lett. 19.• On ressentait dans ses paroles un regret sincère d'avoir été poussé si loin [jusqu'à la révolte] par ses malheurs, BOSSUET Louis de Bourbon..• Un discours trop sincère aisément nous outrage, BOILEAU Sat. VII.• Croiront-ils mes périls et vos larmes sincères ?, RAC. Baj. II, 1.• Aux yeux des hommes, les actions sont toujours plus sincères que les motifs ; et il leur est plus facile de croire que l'action de dire des injures atroces est un mal, que de se persuader que le motif qui les a fait dire est un bien, MONTESQ. Esp. défense, 3e part..• Il y a peu de passions constantes ; il y en a beaucoup de sincères, VAUVENARGUES. Réfl. et max. 40.3° Terme de diplomatique. Authentique. Actes, diplômes sincères.XVIe s.• Homme net et sincere sans aucune passion, AMYOT Comm. disc. le flatt. de l'ami, 57.Lat. sincerus, de sine, sans, et cera, cire, d'après les étymologistes latins. Mais les étymologistes modernes n'admettent pas cette opinion, disant que sine est trop récent en latin pour une telle composition, que l'équivalent archaïque de sine est se, et qu'il faut voir dans sin le représentant de sim, dans sim-ul, sansc. sama, et dans cerus le h. allem. skiri, pur : sincerus voudrait dire tout pur.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.