- secte
- (sè-kt') s. f.1° Ensemble de personnes qui font profession d'une même doctrine.• Si elle me fait être de quelque secte, ce ne sera pas de celle qui maintient que la douleur n'est point un mal, et que le sage est toujours heureux, VOIT. Lett. 26.• En lisant cet auteur [Montaigne] et le comparant avec Épictète, j'ai trouvé qu'ils étaient assurément les deux plus grands défenseurs des deux plus célèbres sectes du monde [le pyrrhonisme et le stoïcisme], PASC. Entr. avec M. de Saci..• La secte des philosophes italiques et celle des ioniques la remplissaient [la Grèce] de grands hommes, parmi lesquels il se mêla beaucoup d'extravagants à qui la Grèce curieuse ne laissa pas de donner le nom de philosophes, BOSSUET Hist. I, 8.• Quand vous dites que le sang circule, que l'air pèse, que les rayons du soleil sont des faisceaux de sept rayons réfrangibles, vous n'êtes ni de la secte d'Harvey, ni de celle de Torricelli, ni de celle de Newton ; vous acquiescez seulement à des vérités démontrées par eux, et l'univers entier sera à jamais de votre avis, VOLT. Dict. phil. Secte..• Secte et erreur sont synonymes : tu es péripatéticien et moi platonicien ; nous avons donc tous deux tort ; car tu ne combats Platon que parce que ses chimères t'ont révolté, et moi je ne m'éloigne d'Aristote que parce qu'il m'a paru qu'il ne sait ce qu'il dit, VOLT. ib. Secte, 2.• Elle [la philosophie] fait secte encore, comme elle faisait autrefois chez les anciens, et comme elle faisait chez nous dans les siècles passés, c'est-à-dire que l'on adopte, à quelques variations près, le système entier des opinions d'un philosophe, DESTUTT-TRACY Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. IV, p. 547.2° Particulièrement. Ensemble de ceux qui suivent une opinion accusée d'hérésie ou d'erreur.• Leur secte [des chrétiens] est insensée, impie et sacrilége, CORN. Poly. I, 3.• Toutes les religions et les sectes du monde ont eu la raison naturelle pour guide ; les seuls chrétiens ont été astreints à prendre leurs règles hors d'eux-mêmes, et à s'informer de celles que Jésus-Christ a laissées aux anciens, PASC. Pens. XXIV, 41, éd. HAVET..• Le premier qui a fait secte dans l'Église, c'est Bérenger, BOSSUET Var. XV.• Faire secte à part, c'est rompre les liens extérieurs de l'unité de l'Église, BOSSUET ib..• La Hollande elle-même, d'où nous viennent tous ces écrits, s'est-elle bien déclarée en faveur de la liberté de toutes les sectes et même de la socinienne ?, BOSSUET Déf. Var. Ier disc. 4.• Aussi a-t-on toujours remarqué qu'une secte nouvelle, introduite dans un État, était le moyen le plus sûr pour corriger tous les abus de l'ancienne, MONTESQ. Lett. pers. 85.• N'est-ce pas une chose plaisante que Luther, Calvin, Zwingle, tous écrivains qu'on ne peut lire, aient fondé des sectes qui partagent l'Europe, et que MM. Newton, Clarke, Locke, le Clerc, etc. les plus grands philosophes et les meilleures plumes de leur temps, aient pu à peine venir à bout d'établir un petit troupeau ?, VOLT. Dict. phil. Sociniens.• L'Angleterre et la Hollande doivent peut-être autant leur tranquillité religieuse à la multiplicité des sectes qu'à leur police, DUCLOS Oeuvr. t. V, p. 186.• Je considérais cette diversité des sectes qui règnent sur la terre, et qui s'accusent mutuellement de mensonge et d'erreur ; je demandais : quelle est la bonne ? chacun me répondait : c'est la mienne, J. J. ROUSS. Ém. IV.• On sait que la secte des Druzes a commencé en Égypte vers l'an 400 de l'hégire, sous le règne du khalife Abou-Ali-Mansour, SILV. DE SACY Instit Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 82.Fig. Faire secte, faire secte à part, se distinguer des autres par des opinions singulières.XVe s.• ....Generalement n'estoit-ce mie pour la doute des mauvais qui estoient tous d'une secte, FROISS. II, II, 100.XVIe s.• Dissentions, sectes, envies, homicides, CALV. Instit. 604.• Ils aiderent à repousser les trois assauts, mais puis après firent secte à part, D'AUB. Hist. II, 282.Provenç. et espagn. secta ; portug. secta, seita ; ital. setta ; du lat. secta, de sequi, suivre, ou de secare, couper. Les étymologistes varient ; mais il est certain que sequi a pu donner, comme on le voit par sectari, et par sectio au sens de poursuite, secta au sens de secte.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESECTE. - HIST.XVIe s. Ajoutez :• Pareillement lesdicts blitres [bélitres], truans et gens dessus dicts, avec leurs garces de legiere vie et de leur secte, se retirent bien souvent es hospitaulx, et aultres es tavernes, cabarets et lieux deshonnestes, Ordonn. 22 déc. 1515, dans les Placcarts de Flandre, I, p. 5.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.