- seconder
- (se-gon-dé) v. a.1° Suivre, venir en second lieu (emploi qui vieillit).• Je ne vanterai point les exploits de mon bras ; Votre Majesté, sire, a vu mes trois combats ; Il est bien mal aisé qu'un pareil les seconde, Qu'une autre occasion à celle-ci réponde, CORN. Hor. V, 2.• Jusqu'ici les effets secondent sa promesse, RAC. Mithr. IV, 1.Absolument.• Cette puissance royale, qui doit donner le branle dans les autres choses, n'a jamais jugé indigne d'elle de ne faire que seconder dans les affaires spirituelles, BOSSUET Panég. St Thomas de Cantorb. 1.Répliquer sur le même ton Il m'aborde en tremblant avec ce compliment : Vous m'attirez à vous ainsi que fait l'aimant.• Il pensait m'avoir dit le meilleur mot du monde ; Entendant ce haut style, aussitôt je seconde, Et réponds brusquement sans beaucoup m'émouvoir : Vous êtes donc de fer, à ce que je puis voir, CORN. Veuve, I, 4.2° Servir de second, d'aide à quelqu'un.• Je seconderai Rome, et veux vous introduire, CORN. Nicom. II, 4.• Chrysale : Secondez-moi bien tous. - Martine : Laissez-moi, j'aurai soin De vous encourager, MOL. Femm. sav. V, 4.• Le prince, quelque grand qu'il soit, ne connaît sa force qu'à demi, s'il ne connaît les grands hommes que la Providence a fait naître en son temps pour le seconder, BOSSUET le Tellier..• Quoi ! madame, est-ce ainsi que vous me secondez ?, RAC. Iphig. V, 2.Il se dit aussi de ce qui seconde, favorise.• Tant que sa faveur [du sort] vous seconde, Vous êtes les maîtres du monde, Votre gloire nous éblouit, J. B. ROUSS. Odes, II, 6.Par extension. Il prend un nom de chose pour régime.• Quand je serai à Paris, nous tâcherons de seconder vos bons commencements, SÉV. 287.• Un sage et intelligent chancelier seconde les désirs d'un roi zélé pour l'Église, BOSSUET le Tellier..• Les exemples secondent les préceptes, BOSSUET 4e écrit sur les Max. des saints, I, 11.• Je suis très persuadé qu'il n'y a que M. de Malesherbes et M. Turgot capables de seconder vos vues généreuses [au sujet des serfs mortaillables de Saint-Claude], VOLT. Lett. Christin, 1er oct. 1775.3° Terme du jeu de paume. Servir de second dans une partie Prenez ce joueur-là, il vous secondera bien.Absolument. Il n'est pas bon pour primer, mais il seconde bien.4° Se seconder, v. réfl. Se donner mutuellement du secours.• Cette disposition à se seconder mutuellement multiplia à l'infini les avantages que donnaient déjà à l'homme isolé son adresse et son intelligence, CUVIER dans le Dict. de DOCHEZ..XVIe s.• Frere Jean demanda maniere de haulser le tempz en calme ; Panurge seconda soubdain, et demanda pareillement remede contre fascherie. Epistemon tiercea en guayeté de coeur, demandant...., RAB. Pant. IV, 63.• Lorsque quelqu'un prend fantaisie de s'aller battre, il faut que celui qui le seconde (comme on parle) ou qui le tierce, se batte aussi à outrance contre les seconds et les tiers de la part contraire, LANOUE 248.• Il est vray-semblable que ceux qu'on met au premier rang, sont hommes choisis, et que ceux du second les secondent [les suivent] en valeur, LANOUE 290.• Ceste nouvelle fut secondée [suivie] d'une autre : à sçavoir...., LANOUE 584.• J'ai embouché nostre bon amy Saint-André, qui repondra pour vous, ou qui vous secondera, si vous parlés le premier, CARLOIX I, 35.• ....Pour ne se pas vouloir demettre jusques à seconder [être le second après] seulement un homme romain, qui auroit esté son beaupere, et au demourant pouvoir estre le premier de tous les hommes, AMYOT Pomp. 107.• Et si n'eut jamais le timon ni l'authorité de pilote en main, ains s'attacha seulement à manier les voiles et le cordage, en assistant et secondant ceulx qui avoient plus de credit et de puissance que luy, AMYOT Phocion, 5.• Demosthenes les secondoit et aidoit de tout ce qu'il pouvoit à solliciter les Grecs de vouloir prendre les armes avec les Atheniens, AMYOT Demosth. 39.• Chassons avec le vin le soin et les malheurs ; Je combas les soucis quand le vin me seconde, RONS. 273.Provenç. segondar ; catal. secundar ; espagn. segundar ; ital. secondare ; du lat. secundare, de secundus, second.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.