- répugner
- (ré-pu-gné) v. n.1° Être plus ou moins opposé, contraire, avec un nom de chose pour sujet.• Il n'y a donc rien qui répugne à leur donner une reine, CORN. Sertor. Au lecteur..• J'entends une voix qui dit : Il faut marcher malgré vous ; ou bien, si vous ne voulez pas, il faut mourir, qui est une autre extrémité où la nature répugne, SÉV. 602.• La justice divine, qui semble dormir et oublier les pécheurs, leur répugnant, pour ainsi dire, de toute elle-même, BOSSUET Sermons, Nécess. de la pénit. 2.• Les uns ont prétendu que cette éternité de supplice pour un péché, quelque énorme qu'il puisse être, répugnait à la bonté de Dieu, BOURDAL. Serm. pour le 19e Dim. après la Pentec. Sur l'éternité malheureuse.• J'ai dit que l'établissement d'une partie publique répugnait à l'usage du combat judiciaire, MONTESQ. Esp. XXVIII, 36.Absolument. Cela répugne, cela se contredit.• Dieu étant le souverain être, il est aussi nécessairement le souverain bien et la souveraine vérité, et, partant, il répugne que quelque chose vienne de lui qui tende positivement à la fausseté, DESC. Rép. aux secondes object. 28.2° Avoir de la répugnance, avec un nom de personne pour sujet.• Mais combien mon esprit répugne à ce devoir !, ROTR. Hercule mour. V, 2.• Je répugne à l'apprendre [le secret], et m'instruis à regret, ROTR. Bélis. IV, 8.• Geronimo : Vous ferez bien de vous marier. - Sganarelle : J'y ai répugné autrefois ; mais j'ai maintenant de puissantes raisons pour cela, MOL. Mar. forcé, 2.• Je répugne à donner à cet oiseau étranger le nom de choucas...., BUFFON Oiseaux, t. V, p. 115.• Mon âme a, quelques jours, animé de sa vie Un peu de cette fange à ces sillons ravie, Qui répugnait à vivre et tendait à la mort, LAMART. Harm. IV, 11.3° Inspirer de la répugnance. Cet homme me répugne.• Notre premier aliment est le lait ; nous ne nous accoutumons que par degrés aux saveurs fortes ; d'abord elles nous répugnent, J. J. ROUSS. Ém. II.Absolument. Cela répugne.Impersonnellement. Il me répugne de vous entretenir d'un pareil sujet.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.XIVe s.• Pour ce que plus fort est de resister à elles [aux passions] et obvier ou repugner, et de nous en retraire par vertu, ORESME Eth. 53.XVIe s.• ....Mais je vueil qu'on repugne [se défende] Par juste guerre, en soustenant le droict...., J. MAROT V, 235.• Je m'esbahy s'il y a aucun qui ignore, que le vice ne soit une inegalité et une discordance de meurs qui se repugnent à soy-mesme, AMYOT Crass. et Nicias, 2.• Il n'avoit point de nature celle gracieuseté de doulceur attrayante, et son naturel y repugnoit, AMYOT Dion, 66.• Quand donques ils tienent quelcun qui repugne à leurs opinions, LANOUE 101.• ....Ce qui ne repugne rien à ce qui a esté n'agueres dit, CALV. Instit. 48.• En cela je suis contraint de leur repugner [contredire], CALV. ib. 657.Prov. et espagn. repugnar ; ital. repugnare, du lat. re, et pugnare, combattre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.