- ruelle
- (ru-è-l') s. f.1° Petite rue.• Je t'attendais du côté de la ruelle ; outre que c'est le plus court et le plus commode...., DANCOURT Fête du village, III, 5.Coureur de ruelles, celui qui fréquente les lieux de débauche (à cause que les mauvais lieux sont souvent dans les ruelles).• Puis les Gascons et les trois péronnelles Y concertaient sur des tons de ruelles, GRESS. Ver-vert, III.2° Fig. Ruelle du lit, ou, simplement, la ruelle, espace laissé entre le lit et la muraille.• La coutume d'Espagne est de recevoir les envoyés à la ruelle du lit ; et don Francisque avait témoigné désirer qu'on le traitât ainsi ; ce que l'on a déjà fait en France pour d'autres, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 35.• La fantaisie présente de son mari [le prince de Guéméné] est de sonner du cor à la ruelle de son lit, SÉV. 29 déc. 1679.3° Se disait particulièrement des chambres à coucher sous Louis XIV, des alcôves de certaines dames de qualité, servant de salon de conversation et où régnait souvent le ton précieux.• Vous verrez courir, de ma façon, dans les belles ruelles de Paris, deux cents chansons, autant de sonnets, MOL. Préc. 10.• Moi, j'irais me charger d'une spirituelle Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle !, MOL. Éc. des f. I, 1.• Le style du P. Maimbourg me déplaît fort, il a ramassé le délicat des mauvaises ruelles, SÉV. 14 sept. 1675.• Tes bons mots autrefois délices des ruelles, BOILEAU Sat. XII.• Qui saura comme lui chanter à table tout un dialogue de l'opéra, et les fureurs de Roland dans une ruelle ?, LA BRUY. VII.• Elle m'enviait bien quand on m'emmenait dans une ruelle pour me faire quelque confidence, GENLIS Mme de Maintenon, t. I, p. 167, dans POUGENS.Aujourd'hui, il ne se dit plus que figurément et pour caractériser ce qui est précieux et efféminé.• Il leur enseigne de traiter galamment Les grands sujets en style de ruelle, J. B. ROUSS. Épigr. II, 15.• Sans le secours d'un amour impertinent et d'une galanterie de ruelle, aussi déplacés dans l'Électre qu'ils le seraient dans Cornélie, VOLT. Lett. Mlle Clairon, 7 août 1761.• Un homme qui n'apprit à parler que dans les ruelles, J. J. ROUSS. Ém. I.Fig. et familièrement, par dénigrement. Passer sa vie dans les ruelles, aller de ruelle en ruelle, ne s'occuper que de la société des femmes.• Plus content de sa journée que tous vos chasseurs de ruelle, J. J. ROUSS. Ém. IV.Briller dans les ruelles, briller dans la conversation des dames.4° Terme de marine. Bordage à double cambrure, qui relie l'étambot au flanc d'un bâtiment.XIIIe s.• Abstinence, la suer Reson, Est presque seule en sa meson, Qui tant est delitable et bele ; Si n'est pas en orde ruele, Ainz la porrez veoir à plain, RUTEB. II, 52.XVe s.• André passa la ruelle ou venelle de la maison, DU CANGE venella..XVIe s.• Quand Antigonus fut alendroit d'une ruelle, par où il faut destourner pour monter contre-mont au chasteau, AMYOT Arat. 20.• Il avoit en la ruelle de son lict un dard, duquel...., D'AUB. Faen. III, 24.• Entre le four d'un boulenger et le mur moitoyen doit avoir deux pieds de ruelle d'espace, ou contre-mur qui le vaille, pour eschever la chaleur et le peril du feu d'iceluy four, Coust. gén. t. I, p. 370.• [Chez les anciens] les femmes couchoient au lict du costé de la ruelle, MONT. I, 374.Dimin. de rue ; bourguig. roulôtte ; Berry, ruette ; picard, ruelette.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.