- rompu
- rompu, ue(ron-pu, pue) part. passé de rompre.1° Mis en fragments.• Dont le rabat est sale et la chausse rompue, RÉGNIER Sat. II.• On a trouvé, dans les fossés de la place, un de nos soldats qui y était demeuré avec une jambe rompue.... nu, exposé à l'air et sans manger, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 361.• Je ne vous demande point.... si votre montre va bien ; vous me diriez qu'elle est rompue, SÉV. 27 oct. 1677.• Suspendez par la patte un oiseau de rivière sur un buffet, au-dessous supposez des biscuits entiers et rompus, DIDER. Salon de 1766, Oeuv. t. XIII, p. 125.Fig.• C'est ainsi qu'ils [les frères de Bohême] se séparèrent des calixtins ; voilà comme ils sont disciples de Jean Hus ; morceau rompu d'un morceau, schisme séparé d'un schisme, BOSSUET Var. XI, 174.Terme de blason. Se dit des armes ou des pièces brisées, et des chevrons dont la pointe d'en haut est coupée.2° Terme de marine. Bâtiment rompu, bâtiment très arqué.3° Terme d'équitation. Train rompu, allure qui tient du traquenard et de l'aubin.4° Qui est gâté, détruit, en parlant de voies de communication.• Nous avons eu ici des glaces et des neiges insupportables ; les rues étaient de grands chemins rompus d'ornières, SÉV. 27 févr. 1679.• Le lendemain elle ordonna à son neveu d'accompagner les voyageurs jusqu'à un pont qui, étant rompu depuis peu, était devenu un passage dangereux, VOLT. Zadig, 20.5° Mis en déroute, défait.• Nos ennemis communs attendent avec joie Qu'un des partis défait leur donne l'autre en proie, Lassé, demi-rompu, vainqueur, mais, pour tout fruit, Dénué d'un secours par lui-même détruit, CORN. Hor. I, 4.• Un soldat romain devait vaincre ou mourir : par cette maxime les armées romaines, quoique défaites ou rompues, combattaient et se ralliaient jusqu'à la dernière extrémité, BOSSUET Hist. III, 6.6° Détruit, rendu nul.• Et quand tout notre effort se trouvera rompu, CORN. Pomp. V, 4.• L'étoile est changée, le sort est rompu pour les Grignans, SÉV. 26 juin 1680.• Par l'arrivée des Romains, tout équilibre fut rompu, MONTESQ. Rom. 5.7° Vin rompu, vin qui a perdu sa finesse et son bouquet.8° Il se dit d'un mariage, d'un projet, d'une partie qui ne se font pas.• Le mariage de l'abbé d'Effiat n'est point fait, comme on me l'avait mandé ; il demande du temps pour y penser, et je crois cette affaire rompue, SÉV. 1er nov. 1671.• Le voyage de Villers-Cotterets est rompu, SÉV. 21 oct. 1676.• Je suis consolée d'une partie de Trianon rompue, puisque vous n'y auriez pas été, MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 87, dans POUGENS.• Le comte a si bien fait que tout était rompu, DESTOUCHES Glorieux, V, 1.Avoir une côte rompue se trouve dans Mme de Sévigné en parlant d'un mariage manqué, par allusion à la côte d'Adam.• Il avait envie d'être amoureux d'une Mlle de la Coste ; il faisait tout ce qu'il pouvait pour la trouver un bon parti ; mais il n'a pu ; cette affaire a une côte rompue, SÉV. 20 oct. 1679.9° Réfracté.• Les rayons sont diversement, ou réfléchis, ou rompus, MALEBR. Rech. vér. Éclairc. sur la lum. t. IV, p. 388, dans POUGENS..10° Terme de peinture. Ton rompu, celui qui s'élève ou se dégrade, pour figurer l'ombre avec plus ou moins d'intensité. Couleur rompue, celle qui participe d'une autre couleur, en vertu d'un reflet.11° Terme de littérature. Saccadé, en parlant de l'harmonie du style.• Il n'y a rien qui rabaisse davantage le sublime que ces nombres rompus, et qui se prononcent vite, tels que sont les pyrrhiques, les trochées et les dichorées qui ne sont bons que pour la danse, BOILEAU Longin, Subl. ch. 33.• Le style.... impétueux dans la colère, rompu dans la fureur, MARMONTEL Oeuv. t. V, p. 209.12° Interrompu.• Tout commerce est quasi rompu [à cause des mauvais chemins] dans cette province, SÉV. 8 fév. 1690.• Il n'est pas besoin de remonter plus haut [que le schisme des évêques anglais qui ont gardé leurs siéges] ; dès ce moment, la chaîne est rompue, le caractère de séparation est ineffaçable, BOSSUET 1re instr. past. 13.13° Dispersé, clos avant le temps.• L'assemblée de Cologne [un congrès] n'est point rompue, SÉV. 10 nov. 1673.14° Terme d'arithmétique. Anciennement, nombre rompu, fraction.• Nous avons remarqué que toute quantité peut être considérée comme un nombre entier ou comme un nombre rompu : un sou, nombre entier par rapport au denier, est un nombre rompu par rapport à la livre, CONDIL. Lang. calc. II, 10.Puissances rompues, puissances fractionnaires.• On ne peut exprimer les puissances rompues ou les racines 1/2, 1/3, 1/4 etc. de plusieurs nombres que par des suites infinies, BUFF. Ess. arith. mor. Oeuv. t. X, p. 184.15° Bâtons rompus, pièces de compartiment dans les vitres et dans d'autres ouvrages.Sorte de tapisserie représentant plusieurs bâtons rompus et entremêlés.À bâtons rompus, loc. adv. Voy. bâton.16° Être rompu de fatigue, être extrêmement fatigué.• On va bien loin, dit-on, quand on est las ; mais, quand on a les jambes rompues, on ne va plus du tout, SÉV. 88.17° Fig. Exercé.• Le vieux Spada, rompu et corrompu dans les affaires, RETZ t. IV, liv. V, p. 44, dans POUGENS.• La facilité que vous trouvez en elle [Pauline] à vous servir de petit secrétaire, avec une main toute rompue, une orthographe correcte, SÉV. 11 mai 1689.• Quand ils [les écoliers] seront un peu rompus par l'habitude dans les premiers éléments, ROLLIN Traité des Ét. I, 1.• Ces artisans, ces soldats, qui assistaient à toutes les délibérations publiques [à Athènes], étaient rompus dans les affaires et entendaient à demi-mot, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 583, dans POUGENS.• [Le marquis d'Acy] C'étoit un homme sans nulle pédanterie et fort rompu au grand monde, SAINT-SIMON 24, 29.Être rompu aux affaires, y être fort exercé.• [Zélis] Protége l'univers, et, rompue aux affaires, Fournit vingt financiers d'importants secrétaires, GILB. Le XVIIIe s..On dit de même : être rompu à faire une chose.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREROMPU.14° Nombre rompu. Ajoutez :Substantivement. Le rompu, la fraction qui reste sur un compte. Art. 10 : Pour toutes ces répartitions on négligera le rompu n'atteignant pas 1 franc, Statuts de la Société coopérative de consommation des forges nationales de La Chaussade, du 31 déc. 1871.• Il y a une manutention considérable [en vendant les allumettes par fractions de kilogr.] ; et vous savez que, dans le commerce de détail, ce n'est pas le commerçant qui paye le rompu, Journ. offic. 28 janv. 1875, p. 740, 2e col..18° Populairement, cul rompu, homme estropié des hanches, des jambes, et marchant en cul-de-jatte. On dit que cet homme-là a servi ; c'est donc dans les culs rompus
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.