- rochet
- rochet 1.(ro-chè ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des ro-chè-z éclatants ; rochets rime avec traits, succès, paix, etc.) s. m.1° Surplis à manches étroites, que portent les évêques et plusieurs autres ecclésiastiques.• Tu dors ! attends-tu donc que, sans bulle et sans titre, Il [le chantre] te ravisse encor le rochet et la mitre ?, BOILEAU Lutr. I.• M. d'Embrun se soutint très dignement contre la prétention du nonce Altoriti, qui lui disputa l'Excellence et le rochet découvert devant lui, SAINT-SIMON 46, 27.• Dammartin, le voyant un jour [le cardinal Balue] en rochet et en camail faire une revue, dit au roi [Louis XI] : Sire, je vous supplie de m'envoyer à Évreux ordonner des prêtres, DUCLOS Oeuv. t. II, p. 371.• Les profès [chez les jésuites] ont renoncé à toute dignité ecclésiastique ; ils ne peuvent accepter la crosse, la mitre ou le rochet que du consentement du général, DIDER. Opin. des anc. philos. (jésuites)..2° Les rochets, les évêques.• Je me flatte que le triste événement de la mort de M. le Dauphin arrêtera, pour quelque temps, la guerre des rochets et des robes noires [les parlementaires], VOLT. Lett. Damilaville, 28 déc. 1765.3° Se dit des mantelets de cérémonie des pairs d'Angleterre.XIIIe s.• Et puis li viesti on le rocket qui est blans, qui senefie caastet [chasteté], Chr. de Rains, p. 104.XIVe s.• Lequel Thevenin lui [à cette femme] dessira son roquet ou cotte, qu'elle avoit vestue pour aler aus champs, DU CANGE rochetum..XVe s.• Par dessus cette cotte elles avoient en maniere de rochet de Brabant un gentil habillement de si fine toile qu'on voyoit la cotte cramoisie parmy, MATH. DE COUCY Hist. de Charles VII, p. 678, dans LACURNE..XVIe s.• Pourtant, prelatz, tournans à Dieu voz faces, Convertissez vos roquetz en cuyraces, J. MAROT V, 64.• Leur roquet [des Parques] pendoit jusqu'aux hanches, RONS. 368.Berry, rochet, blouse, petit manteau ; bourguig. ruchô, vêtement de vigneron ; espagn. roquete ; ital. rocchetto ; diminutif du bas-lat. rocus, qui vient du germanique : anc. h. allem. hroch, rocch, allem. mod. Rock, robe, casaque ; comparez FROC.————————rochet 2.(ro-chè) s. m.1° Terme de mécanique. Roue à rochet, roue garnie de dents recourbées.2° Bobine sur laquelle on dévide la soie, le fil d'or, etc. Ne pourront les maîtres teinturiers défaire ni diviser les pantines de soies crues ou teintes.... mais les rendront en la forme qu'ils les auront reçues.... même les rochets et bobines sur lesquelles elles seront dévidées, lesquels rochets seront à cet effet marqués par le maître auquel les dites soies appartiendront, Règlem. sur les manuf. août 1669, Teinturiers en soie, laine et fil, art. 85.3° Terme d'horlogerie. Roue dont les dents ressemblent à celles d'une crémaillère de cheminée.4° Terme de rubanier. Petit instrument de bois avec des rebords à chaque bout, sur lequel les rubaniers mettent leur soie.5° Anciennement. Arme du genre de la dague.XIVe s.• Car il l'ataint dessous l'oye De son bon rochet bien tempré, Chastel. de Couci, V. 1656.XVe s.• Et y estoit le duc Jehan, lequel feit peindre.... deux lances, dont l'une avoit fer de guerre et l'autre fer de roquet, FENIN 1407.XVIe s.• [Extrémité dentée d'un ressort courbe, dont les dents sont arrêtées par un cliquet] b, le resort qui poise sur la gaschette et arreste les dents du rocquet, PARÉ XVII, 12.• Les lances avec lesquelles l'on joustoit en ces tournois, avoient des rochets ou mornes rondes, plus larges que la paulme de la main, semblables à celles que les bateliers ont au bout de leurs longues piques, lorsqu'ils joustent sur la riviere de Seine, LA COLOMBIÈRE Théât. d'honneur, t. I, p. 233, dans LACURNE.Probablement de l'anc. haut-allem. rocco, all. mod. Rocken, fuseau ; ainsi dit par assimilation de forme.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.