- roc
- roc 1.(rok) s. m.Masse de pierre très dure qui tient à la terre.• La source du fleuve Marsyas est au sommet d'une montagne, d'où il tombe sur un roc, VAUGEL. Q. C. III, 1.• Menez-la sur un roc, au haut d'une montagne, En des lieux où l'attend le monstre son époux, LA FONT. Psyché, I, p. 30.• Besançon fume encor sur son roc foudroyé, BOILEAU Art p. IV.• J'ai souvent compris sous la dénomination de roc vif, non-seulement le quartz pur, mais aussi le quartz mêlé de mica, BUFF. Min. t. I, p. 55.• Tel qu'un roc suspendu menace, au haut d'un mont, La terre de sa chute et le ciel de son front, MASSON Helvét. III.• Un roc, séjour chéri des oiseaux de carnage, DELILLE Én. VIII.• Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde...., DELILLE Hom. des ch. III.Le roc vif, voy. vif.Fig.• La pierre, la colique et les gouttes cruelles.... Sur le duvet d'un lit, théâtre de ses gênes, Lui font scier des rocs, lui font fendre des chênes, BOILEAU Ep. XI.Fig. C'est un roc, c'est une personne que rien ne peut faire céder.• Caliste était un roc, rien n'émouvait la belle, LA FONT. Coupe..• Elle [une dame] tint bon ; Frédéric échoua Contre ce roc, et le nez s'y cassa, LA FONT. Faucon..Un coeur de roc (on dit plutôt de roche), un coeur dur.• Il faut t'armer de fer, avoir un coeur de roc, DESTOUCH. Dissip. V, 11.Fig. Bâtir sur le roc, faire quelque chose de solide, de durable.ROC, ROCHE, ROCHER. Le roc est une masse de pierre très dure, enracinée dans la terre, et ordinairement élevée au-dessus de sa surface ; c'est un bloc isolé. Le rocher se distingue du roc en ce que dans roc c'est l'idée de dureté qui prédomine, tandis que, dans rocher, ce qui prédomine, c'est l'idée de masse. La roche se distingue du roc et du rocher, en ce que, pouvant être un bloc isolé, elle peut aussi être en masse continue.XVIe s.• Et cestui-là plus antique qu'un roc, MAROT I, 251.• Ils portent les deux eschelles sur le roc, D'AUB. Hist. II, 264.Bourg. rô ; Berry, ro. C'est la forme masculine du féminin roche (voy. ce mot).————————roc 2.(rok) s. m.Anciennement, la tour au jeu d'échecs.XIIe s.• Il a son roc par force en roie mis, Et d'un poon a un chevalier pris, Raoul de C. 63.XIIIe s.• Fox, chevaliers, fierges [dames], ne ros, la Rose, 701.XVIe s.• Il n'epargnoit (comme on dit en commun proverbe) ni roi ni roc, DESPER. Contes, CXXV.• Nos ennemis nous ont donné deux mauvais eschecs ayant pris nos rocs (entendant Rouen et Bourges) ; j'espere qu'à ce coup nous aurons leurs chevaliers, s'ils sortent en campagne, LANOUE 584.Prov. roc ; ital. rocco ; de rokh, nom donné par les Persans au chameau monté par des archers et, par assimilation de forme, à la tour des échecs ; elle a été jadis figurée par un éléphant portant une tour. C'est de roc que vient roquer, conservé dans le langage du jeu d'échecs.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.