- ressouvenir
- ressouvenir 1.(re-sou-ve-nir) v. n. impers.Il se conjugue comme souvenir.1° Se dit de ce qui revient à la mémoire. à présent il m'en ressouvient. Vous en ressouvient-il ? Il doit lui en ressouvenir.2° V. réfl. Se rappeler une chose, soit qu'on l'eût oubliée, soit qu'on en eût conservé le souvenir.• Quand je songe que vous et elle me faites l'honneur de vous ressouvenir de moi, VOIT. Lett. 25.• Vous ne vous ressouvenez pas que j'ai eu le bonheur de boire je ne sais combien de fois avec vous ?, MOL. Pourc. I, 6.• Et vous ressouvenez que, hors d'ici, je ne dois plus qu'à mon honneur, MOL. Don Juan, III, 5.• J'ai été rosière, il y a aujourd'hui vingt ans, je m'en ressouviens comme d'hier, GENLIS Théât. d'éduc. Rosière, I, 2.Par manière de menace. Je m'en ressouviendrai quelque jour, je m'en vengerai. Vous vous en ressouviendrez tôt ou tard, vous en serez puni.Faire ressouvenir quelqu'un d'une chose, la lui rappeler. Au besoin faites-le ressouvenir de sa promesse.• Je vous ferai ressouvenir des exemples que vous-mêmes rapportez, PASC. Prov. XVIII.Absolument. C'est offenser que de faire ressouvenir.3° Considérer, faire réflexion.• Ses soldats, voyant ce triste spectacle [la mort de Brutus], et se ressouvenant qu'ils n'avaient plus de chef, COEFFETEAU dans VAUGELAS, Remarques..• Sur quoi, me ressouvenant que la croix de Jésus-Christ avait pris la place des aigles romaines, et qu'alors les empereurs étaient devenus domestiques de la foi et membres de l'Église, BALZ. De la cour, 1er disc..• Instruisez-le d'exemple, et vous ressouvenez Qu'il faut faire à ses yeux ce que vous enseignez, CORN. Cid. I, 6.• Méritez les lauriers qui vous sont réservés, Et ressouvenez-vous quel prélat vous servez, BOILEAU Lutr. III.L'emploi impersonnel est l'emploi ancien et correct (voy. souvenir). L'emploi réfléchi est un barbarisme auquel l'usage a fini par donner droit de cité.XIIe s.• Jà te deüst resovenir De la charete où tu montas, la Charrette, 2594.XIIIe s.• Molt l'a li mors [la mort] mis en effroi, Et molt le [la] doute et molt le crient, Et molt souvent l'en resouvient, GUI DE CAMBRAI Barl. et Jos. p. 28.• Des bons vers Gautier de Sagnies Resovint un bon bachelier [il ressouvint à un bon bachelier des bons vers de Gautier], Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 600.• Il li doit resouvenir de l'amor qu'il perdirent, quant il perdirent lor mere, BEAUMANOIR LVII, 7.XVIe s.• Et de ce sçavoir, il fauldroit qu'elles [les âmes] se ressouvinssent encores...., MONT. II, 298.• ....Et quelque temps apres estans desenchantez, chacun s'en alla où il voulut, sans se ressouvenir de ce qui estoit passé, LANOUE 142.————————ressouvenir 2.(re-sou-ve-nir) s. m.1° Idée que l'on conserve ou que l'on se rappelle d'une chose passée.• Il [le roi] l'avait [le coeur] assez percé par le tendre ressouvenir d'un amour qu'il trouvait toujours également vif après vingt-trois ans écoulés, BOSSUET Mar.-Thér..• Quel ressouvenir Tout à coup vous arrête et vous fait revenir ?, RAC. Mithr. II, 1.• J'avais néanmoins encore je ne sais quelle aversion pour le sage Ulysse, par le ressouvenir de mes maux, FÉN. Tél. XV.• N'avez-vous d'une mère aucun ressouvenir ?, VOLT. Olymp. II, 3.• Et mieux que leur foyer, de leurs jeunes amours Le doux ressouvenir réchauffe leurs vieux jours, DELILLE Trois règnes, I.• Ces doux ressouvenirs et ces tendres pensées, Par qui le coeur jouit des voluptés passées, DELILLE Imag. II.• Les longs ressouvenirs conviennent aux longs malheurs, STAËL Corinne, IV, 4.2° Sentiment d'une douleur physique qui se renouvelle. Il a gardé des ressouvenirs, un ressouvenir de sa dernière maladie, des souffrances qu'il a endurées sur mer.3° S'est dit aussi d'un petit morceau de papier qu'on attache sur sa manche pour servir de mémentoXIIIe s.• Biens faillis est mors à resovenir, MÄTZNER p. 83.XVIe s.• La reyne mere du roy monstra lors le ressouvenir qu'elle avoit de ses services, CASTELNAU 147.• Que ce que nous apprenions n'estoit qu'un ressouvenir de ce que nous avions sceu, MONT. II, 298.Ressouvenir 1.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.