- remplissage
- (ran-pli-sa-j') s. m.1° Action de remplir.• Après avoir déduit des formules fondamentales de l'hydrodynamique la durée du remplissage ou de l'évacuation d'une écluse simple, GIRARD Instit. Mém. scien. t. X, p. 44.2° Synonyme de remplage, lorsqu'il s'agit de vin.3° Synonyme de remplage, en fait de maçonnerie.4° Terme de charpenterie. Poteau de remplissage, dans un pan de bois, poteau qui, au lieu de recevoir le tenon des sablières, est posé entre chacune d'elles, et y est assemblé.Solive de remplissage, solive qui est assemblée d'un bout ou de tous les deux dans un chevêtre.Toute partie de treillage servant à remplir les vides des bâtis.5° Terme de marine. Couple de remplissage, pièce de bois placée entre les couples ou membrures principales d'un bâtiment, pour renforcer les murailles.Se dit également de toute pièce de bois servant à remplir un vide quelconque.Bordages de remplissage, ceux qui sont compris entre les préceintes.6° Ouvrage que fait une ouvrière en remplissant du point, des dentelles.7° Fig. Il se dit des occupations qui n'intéressent pas et ne font que remplir le temps.• Je ne sais plus que faire à présent de mes soirées ni de mes matinées, et tout ce qui les occupe n'est que du remplissage, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 27 nov. 1777.Particulièrement, en parlant des ouvrages d'esprit, tout ce qui est étranger, inutile au sujet, et ne sert qu'à remplir le papier ou le temps.• Ces scènes inutiles et par conséquent froides prouvent que presque toutes les tragédies françaises sont trop longues ; on les appelle des scènes de remplissage, VOLT. Comm. Corn. rem. Pompée, III, 1.• Ce mot seigneur n'est parmi nous qu'un terme d'honneur et de remplissage usité au théâtre, VOLT. Dict. phil. Esprit..• Je n'ai jamais pu supporter ce sot et niais remplissage des conversations ordinaires, J. J. ROUSS. Confess. VI.• Aussi remarque-t-on, dans les ouvrages de ceux dont je parle, bien du remplissage, et très peu de pensées utiles, VAUVENARGUES. Sur les mauv. écriv..• Les deux derniers numéros [d'un journal] sont faits avec du remplissage, BABOEUF Pièces, II, 27.Jouer les remplissages, jouer les rôles des personnages qui ne sont qu'accessoires dans la pièce.• Réduit pour vivre à jouer les remplissages, TH. LECLERCQ Proverb. t. II, p. 99, dans POUGENS.S'emploie dans le même sens en parlant de la musique.• Ils ne connaissent plus les choses d'effet ; ils ne font que du remplissage, ils se gâtent l'oreille et ne sont plus sensibles qu'au bruit, J. J. ROUSS. Hél. I, 48.En peinture, figures de remplissage, figures étrangères au sujet du tableau, ou qui n'y jouent qu'un rôle accessoire.8° Terme de musique. Il se dit, en bonne part, des parties qu'on ajoute aux parties essentielles pour rendre l'harmonie plus agréable, en remplissant des intervalles trop étendus. L'alto joue souvent une partie de remplissage entre les violons et la basse. On appelle parties de remplissage celles qui, dans un contrepoint, ne remplissent pas les conditions du canon, de l'imitation, du contrepoint double ; on appelait aussi autrefois parties de remplissage (di ripieno), celles qui dans les concertos ne jouaient que dans les tutti pour donner plus de force à l'ensemble, FÉTIS, la Mus. mise à la portée de tout le monde.XVIe s.• Les pionniers, le prenant pour mort, le mirent avec plusieurs autres corps au remplissage, D'AUB. Hist. I, 158.• Ces remplissages de tours [avec de la terre] sont mauvaises fortifications, D'AUB. ib. II, 151.• Au premier qui me ramene et qui me demande la verité nue et crue, je quitte soubdain mon effort, et la luy donne sans exaggeration, sans emphase et sans remplissage, MONT. IV, 180.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.