- recommander
- (re-ko-man-dé) v. a.1° Prier d'être favorable à, en parlant des personnes pour qui on s'intéresse. On recommande quelquefois des gens qui ne méritent pas d'être recommandés. Recommander quelqu'un chaudement.Absolument.• Vous savez que souvent on aime mieux celle à qui on recommande que celle pour qui on parle, MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, 17 fév. 1716.Fig.• Il est bon en pareille occasion de plaire un peu aux yeux ; ils vous recommandent au coeur, MARIV. Marianne, 3.Recommander son âme à Dieu, prier Dieu d'avoir pitié de l'âme.Recommander quelqu'un aux prières, aux aumônes des fidèles, exhorter à prier pour lui, à lui faire quelque charité.Recommander quelqu'un au prône, le recommander aux prières ou aux charités des paroissiens, en faisant le prône.Fig. et familièrement. Il a été bien recommandé au prône, on a dit beaucoup de choses contre lui, à quelqu'un qui peut lui nuire.Il a été bien recommandé au prône, se dit aussi quelquefois d'un homme à qui il arrive coup sur coup plusieurs malheurs.Populairement. Nuire à quelqu'un par ses paroles. Il t'a bien recommandé au logeur (comme mauvaise paye).2° Il se dit des choses auxquelles on prie de faire attention, de donner des soins. Il vous a recommandé son affaire.• Ayant sur lui tout le gouvernement de son peuple, il [Louis XIV] lui donna [à M. Montausier] toute la conduite de son fils ; il lui recommanda le soin de l'instruction, et se chargea des grands exemples, FLÉCH. Duc de Mont..• J'attends Antiochus pour lui recommander Ce dépôt précieux que je ne puis garder, RAC. Bérén. II, 2.• Vous sentez bien que je n'ai pu me dispenser d'instruire Mme la duchesse du Maine, que j'ai fait ce Catilina qu'elle m'avait tant recommandé, VOLT. Lett. d'Argental, 28 août 1749.3° Rendre recommandable. Rien ne le recommande. Sans aïeux dont la gloire pût le recommander.• C'étaient des jeux funèbres, où, devant un tombeau chargé de trophées et de lauriers, ils recommandaient à l'avenir la mémoire d'un homme vaillant et juste qui avait vécu et qui était mort pour son pays, MARMONTEL Oeuv. t. IX, p. 3.4° Ordonner à quelqu'un, charger quelqu'un de faire quelque chose. On m'a recommandé de veiller sur lui.Exhorter à, conseiller fortement. On lui a recommandé d'être sage. Recommandez-lui de se bien soigner. Je vous recommande d'être prudent.• De quoi leur parlaient-ils plus souvent ? des bonnes oeuvres ; que leur recommandaient-il plus fortement ? les bonnes oeuvres, BOURDAL. Pensées, t. I, p. 185.Recommander le secret à quelqu'un, lui ordonner ou le prier de garder le secret.5° Recommander un prisonnier, retenir un prisonnier par un nouvel écrou. Il croyait sortir de prison ; mais un créancier est survenu qui l'a recommandé. .... Quand même le prisonnier serait recommandé par plusieurs créanciers.... un débiteur emprisonné, étant recommandé par quinze, vingt ou trente créanciers.... Lett. etc. de Colbert, VI, p. 61. .... Mais que ses affaires s'étant dérangées, il a été arrêté prisonnier, et recommandé pour différentes sommes, Arrêt du cons. d'État, 1er août 1702.6° Anciennement, donner avis aux orfévres et autres marchands qu'ils aient à retenir des objets volés, si on les leur porte à acheter. Le brocanteur à qui l'on avait recommandé certains meubles, les retint.7° Se recommander, v. réfl. Réclamer le secours, la protection, les bons offices de quelqu'un.• [Le saint abbé Winwalaeus] après avoir assemblé ses frères pour se recommander à leurs prières, BOSSUET Déf. trad. sur la communion, II, 14.Se recommander à Dieu, réclamer le secours de Dieu.Fig. Il se recommande à tous les saints et saintes du paradis, il implore la protection de tout le monde.Formule de politesse. Dites-lui que je me recommande bien à lui, que je me recommande à ses bontés. En terminant une lettre : Je me recommande à votre souvenir.8° Se recommander de quelqu'un, invoquer en sa faveur le témoignage de quelqu'un, ou dire qu'on en est connu. Vous pourrez vous recommander de moi.9° Se recommander, être recommandable. Cet homme ne se recommande par rien. Le vrai mérite se recommande de lui-même.10° Terme de féodalité. Faire l'acte dit recommandation.• Quand les fiefs étaient à vie, on se recommandait pour un fief, MONTESQ. Esp. XXXI, 33.• Celui qui tue un homme libre, est-il dit dans la loi des Bavarois, paiera la composition à ses parents, s'il en a, et, s'il n'en a point, il la paiera au duc, ou à celui à qui il s'était recommandé pendant sa vie, MONTESQ. ib. XXX, 22.XIe s.• Ferez [frappez], Franceis, car jel vus recumenz, Ch. de Rol. CXLII.XIIIe s.• Li vesques fist les ames à Dieu recomander, Ch. d'Ant. VI, 1069.• Diex l'ama tant [saint Jean l'évangéliste] que, à sa mort, li recommanda il sa mere, BRUN. LATINI Trésor, p. 70.XIVe s.• Trop celer ou neer ou trop appeticier son bienfait ou ce dont l'en doit estre loé et recommandé, c'est un vice contraire à vanterie, ORESME Eth. 50.XVe s.• Messire Jean Chandos, qui, depuis, de prouesse et de chevalerie fut plus recommandé que nul chevalier de son temps, FROISS. I, I, 92.• Or vous dirai une grande appertise d'armes.... que on doit bien tenir et recommander à sage fait d'armes...., FROISS. I, I, 150.XVIe s.• On y recommende estroictement la loyauté pendant le mariage, MONT. I, 111.• Il l'exhortoit de se recommender à Dieu, MONT. I, 297.• Cet exemple suffira pour recommender la prudence et l'affection d'un si bon pere, MONT. I, 195.• Se recommandants à leurs amis...., MONT. I, 295.• Une femme qui ne se recommande que par son aage ou par son riz [ris]...., MONT. III, 284.• À la fin il recommanda les affaires de sa maison à Caesar, et s'en partit de l'Italie avec Octavia sa femme, AMYOT Anton. 40.• Et apportant ses enfans en public, supplia le peuple de les vouloir avoir pour recommandez eulx et leur mere, AMYOT Gracq. 19.• De prescheur qui se recommande, en tout temps bonheur nous defende, COTGRAVE .Re..., et commander ; wallon, rikmandé ; provenç. recommandar ; catal. recomanar ; espagn. recomendar ; ital. raccommandare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.