- rassasier
- (ra-sa-zi-é) v. a.Je rassasiais, nous rassasiions, vous rassasiiez, que je rassasie, que nous rassasiions, que vous rassasiiez.1° Satisfaire pleinement le besoin de manger.• Ils mangeront et ne seront pas rassasiés, SACI Bible, Osée, IV, 10.• C'est là que la faim est rassasiée, que la nudité est revêtue, FLÉCH. Lamoignon..Il est bien rassasié de la grâce de Dieu, se dit de celui qui ne mange point, étant à une bonne table.Fig.• La foule des méchants rassasiera l'enfer, Alors se fermeront ses cent portes de fer, DELILLE. Parad. perdu, III.2° Fig. Satisfaire les désirs, les passions. Rassasiez votre cupidité.• Ces hommes charnels ne pouvaient être contents qu'ils ne fussent rassasiés, BOURDAL. 9e dimanche après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 9.• Comment rassasier une âme qui, en se faisant une habitude des vertus utiles à la société, s'en est fait un besoin, et trouve tous les jours un nouveau plaisir à les pratiquer ?, BARTHÉL. Anach. ch. 78.• Elle a rassasié ma flamme et mes regards, A. CHÉN. Élég. II, 9.Rassasier ses yeux, se satisfaire à regarder, à contempler. Leur ver ne mourra point, et leur feu ne s'éteindra point, et ils seront exposés à tous les hommes, qui rassasieront leurs yeux par la vue de leurs supplices, SACI, Bible, 1saïe, LXVI, 26 Je ne pouvais rassasier mes yeux du spectacle magnifique de cette grande ville [Tyr], FÉN. Tel. III.• Les Grecs faisaient grand cas du paon ; mais ce n'était que pour rassasier leurs yeux de la beauté de son plumage, BUFF. Ois. t. IV, p. 48.3° Satisfaire jusqu'à la satiété, jusqu'au dégoût. On le rassasia de bonne chère.Fig. On le rassasia de fêtes, de musique.Absolument.• Même beauté, tant soit exquise, Rassasie et soûle à la fin, LA FONT. Pâté..• Ce n'est pas tant la possession que l'assujettissement qui rassasie, J. J. ROUSS. Ém. V.Rassasier quelqu'un de dégoûts, d'opprobres, l'en accabler.• Le prophète Jérémie, parlant de ce divin Sauveur et de ses souffrances, se servait d'une expression bien propre et bien énergique, savoir qu'il serait rassasié, BOURDAL. Exhort. sur le soufflet donné à J. C. t. I, p. 504.• On veut qu'il soit rassasié du pain de l'ignominie et de la coupe de l'opprobre, J. J. ROUSS. 1er dial..4° Se rassasier, v. réfl. Contenter sa faim. Cet affamé ne pouvait se rassasier.5° Fig. Se donner pleine satisfaction en quelque désir ou passion.• Venez, rassasiez-vous, grands de la terre ; saisissez-vous, si vous pouvez, de ce fantôme de gloire, à l'exemple de ces grands hommes que vous admirez, BOSSUET Louis de Bourbon..• ....Quand mon âme, à soi-même rendue, Vient se rassasier d'une si chère vue, Je n'ai pour tout accueil que des frémissements, RAC. Phèdre, III, 5.• Ces trois personnes, charmées de se voir réunies après une si longue absence, ne peuvent se rassasier du plaisir de s'en donner des marques, LESAGE Diable boit. 8.Se satisfaire en quelque chose jusqu'à la satiété.• Ton système se vérifie très bien ici ; les deux sexes gagnent de toutes manières à se donner des travaux et des amusements différents qui les empêchent de se rassasier l'un de l'autre, J. J. ROUSS. Hél. VI, 5.XIIe s.XIIIe s.• Aussi comme se ce fust d'eve qui issist de parfont puis, il les rassazia plenteïvement, Psautier, f° 93.• Fols se fait en toi herbregier ; Cuers [le coeur] ne s'i peut rassasier, les Vers du monde.XVe s.• Tholomée Philadelphe, lequel fu homme de grant estude, et plus ama livres que autres quelconques choses, ne estre n'en povoit rassadié, CHRIST. DE PISAN Charles V, III, 12.Re..., et l'anc.• verbe assasier : Li cuers avariscieus acquiert ne li caut comment, et ne pot estre assasiés d'avoir, BEAUMANOIR I, 7.Assasier vient du lat. ad, à, et satiare, rassasier. Provenç. rasaziar, rasaciar, resaciar. La forme resasier représente re, et satiare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.