- rame
- rame 1.(ra-m') s. f.1° Petit branchage que l'on plante en terre pour soutenir des plantes grimpantes, et, en particulier, les pois, les haricots.• Les quenouilles du maïs étant destinées à servir de tuteurs ou de rames au légume grimpant, CHATEAUBR. Amér. Moissons..2° Instrument pour sécher et tendre les pièces de drap. La rame est un long châssis, ou un très grand assemblage de bois aussi large et aussi long que les plus grandes pièces de drap, Dict. des arts et mét. Drapier.3° Outil de faïencier pour remuer la terre dans les baquets.XIIIe s.• Quatre-vingt milliers de reime, DU CANGE Constantinople, Chartres, p. 26.• La batoit d'un rain d'aiglentier, la Violette, p. 212.• ....moult a dur cuer qui n'aime, Quant il ot [entend] chanter sur la raime As oisiaus les dous chans piteus, la Rose, 82.XVe s.• Comme deux raims en une tige, A. CHART. p. 627.XVIe s.• La palme et raim de louenge immortelle, J. MAROT V, 221.• Vous mettrés les olives dans des pots, avec force sel menu, dispersant le fruit et le sel par littées, avec du fenouil en rame parmi, O. DE SERRES 843.Bourg. rain ; picard, raime ; prov. ram, ramp ; ital. ramo ; du lat. ramus, branche, qui avait donné raim, et, par altération de genre, raime ou rame.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. RAME. Ajoutez :4° Dans l'exploitation des bois du Morvan, rame, résidu de la bûche marchande, susceptible d'être transformé en menuise, en charbonnette et en fagots, Mém. de la Soc. cent. d'agriculture, 1873, p. 277.————————rame 2.(ra-m') s. f.1° Longue pièce de bois avec laquelle on fait marcher une embarcation.• Sa Majesté veut qu'il fasse donner à l'avenir des rames aux vaisseaux qui seront armés contre les corsaires de Salé, SEIGNELAY à de Seuil, 20 juil. 1680, dans JAL.• Voyez tout l'Hellespont blanchissant sous nos rames, RAC. Iph. I, 5.• Il fallut s'arrêter, et la rame inutile Fatigua vainement une mer immobile, RAC. Iph. I, 1.• Nous fîmes les derniers efforts pour aborder, à force de rames, sur la côte voisine de Sicile, FÉN. Tél. I.• Il faut se souvenir qu'il n'y avait pas un Athénien qui ne dût être prêt à manier la rame dans les plus grandes galères, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 544, dans POUGENS.• Le bruit égal et mesuré des rames m'excitait à rêver, J. J. ROUSS. Hél. IV, 17.Fig.• Qui a donné aux oiseaux et aux poissons ces rames naturelles, qui leur font fendre les eaux et les airs ?, BOSSUET Élév. sur myst. V, 1.Chez les anciens, navire à deux rangs de rames, à trois rangs de rames, à quatre rangs de rames, à cinq rangs de rames, dit birème, trirème, quadrirème, quinquérème ; on ne sait plus comment les rames y étaient disposées. Il y avait même des navires à vingt, à quarante rangs de rames.2° Dans le moyen âge on se servait de galères qui allaient à la rame, et dont l'usage a subsisté jusque dans le XVIIIe siècle ; les rames y étaient mues par des forçats. Tirer à la rame. Tirer la rame.• Mme d'Aiguillon assiste-t-elle dans un de nos ports ces misérables forçats qui, dans leurs prisons flottantes, gémissent sous le travail de la rame...., FLÉCH. Aiguillon..Mettre à la rame, condamner aux galères.• La révocation de l'édit de Nantes mit nobles, riches, vieillards, gens aisés, faibles, délicats, à la rame et sous le nerf très effectif du comite, SAINT-SIMON 410, 181.Mariniers de rames, dits aussi bonnes-voglies (bonnes volontés ; prononcez volle, ll mouillées), se disait autrefois, sur les galères, de ceux qui se louaient pour servir pendant un certain temps, par opposition aux forçats.Être à la rame, être rameur.• Des gens de néant s'emparer de la conduite des grands États, et s'asseoir au timon, bien qu'ils ne dussent être qu'à la rame, BALZ. De la cour, 2e disc..Fig. Être à la rame, tirer à la rame, travailler beaucoup, être dans un emploi très pénible.• Toujours, comme un forçat, il faut être à la rame, RÉGNIER Épître I.• M. de Beauvillier avait ramené Desmarets sur l'eau à force de sueurs, de temps et de rames, SAINT-SIMON 305, 229.J'aimerais autant être à la rame, tirer à la rame, se dit lorsqu'on est dans une servitude fâcheuse, ou qu'on est appliqué à un travail fort pénible.• J'ai paré de mon mieux les plus dangereux coups ; Mais tirer à la rame est un métier plus doux, TH. CORN. Baron d'Albikrac, I, 9.AVIRON, RAME. Ces mots sont synonymes ; seulement aviron est plus ordinairement employé par les marins français du nord, et rame par les marins du Languedoc et de la Provence, JAL.XIIe s.XVe s.• Dieu merci, à bon port venimes Par vent, par singles et par rimes, FROISS. Poés. mss. p. 123, dans LACURNE.Provenç. rem ; espagn. et ital. remo, du lat. remus ; comparez le grec et le sanscr. aritra, qui meut. On a contesté cette étymologie, et dit que remus aurait fait rein ; mais il a fait rein en effet, comme on voit à l'historique.————————rame 3.(ra-m') s. f.1° Mesure usitée en papeterie et qui est de vingt mains de papier. La rame de papier contient cinq cents feuilles.• Quelques-uns me pourraient objecter que les livres publiés en langage allemand sur ce sujet [la rose-croix] surpassent en hauteur plus de deux rames de papier, NAUDÉ Rosecroix, VI, 3.Mettre à la rame, se disait autrefois pour mettre au pilon, en parlant d'un livre.2° Terme de tapissier. Vingt rouleaux de papier de tenture.3° Réunion de deux porses de la cuve, dans une papeterie.XIVe s.• Pour quatre raymes de papier pour escrire lettres closes, DU CANGE rama..XVIe s.• Si je te voulois instruire et t'informer de tous les preceptes qui appartiennent à la poesie heroique, il me faudroit une rame de papier, RONS. 589.Espagn. et portug. resma ; ital. risma ; dan. riis ; suéd. ris ; angl. ream ; holl. riem. D'après Souza, ce mot vient de l'arabe rizma, paquet d'habits. M. Dozy, Gloss. p. 333, a mis hors de doute cette étymologie, montrant que rizma signifiait ballot en général, et, en particulier, ballot de papier, rame. Dans le passage en Occident, l's s'est perdue en plusieurs langues. à l'objection de Diez qu'il est contre la vraisemblance que l'Europe eût reçu ce mot des Arabes, il oppose que le papier de coton, qui précéda le papier de chiffon, avait en Espagne des fabriques renommées, d'où les chrétiens le tiraient. Il faut remarquer en outre que l'ancien français est raime, ce qui lève la difficulté de l'a de rame et le met d'accord avec l'i de risma ; rame est une altération de rayme. Avec cela tombe l'étymologie du grec, nombre, proposée par Muratori, et appuyée par Diez.————————rame 4.(ra-m') s. f.Terme de rubanier. Nom des ficelles qui traversent les lisserons et dont le jeu est le principal artifice de tout le travail de la rubannerie.————————rame 5.(ra-m') s. f.Nom d'un convoi de bateaux, sur certains canaux.• La navigation s'y effectue [dans les souterrains du canal Saint-Quentin] par rames ou convois dont le nombre de bateaux est d'ailleurs illimité ; ils sont traversés chaque jour par trois de ces rames, dont deux suivent la direction de Paris, E. GRANGEZ Voies navig. de Fr. p. 567.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.