- radier
- radier 1.(ra-dié ; l'r ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, des ra-dié-z en bois) s. m.1° Grille de charpente sur laquelle on établit les fondations des écluses, des batardeaux.2° Plus ordinairement, sol artificiel, ordinairement construit en maçonnerie, pour asseoir une construction hydraulique et remédier au peu de solidité du terrain.Avant-radier, ouvrage destiné à prévenir les affouillements aux abords d'une construction hydraulique ; il est construit en amont.Arrière-radier, ouvrage semblable à l'avant-radier, mais construit en aval.3° Plancher en pierre ou en bois compris entre les piles d'un pont ou entre les bajoyers d'une écluse, sur lequel l'eau coule, et qu'on pratique pour empêcher que la force du courant ne dégrade les fondements des piles ou des bajoyers.4° Par extension, partie du biez qui donne l'eau immédiatement à la roue d'une usine hydraulique.5° Plateforme, soit en charpente, soit en maçonnerie, sur laquelle se fait le mouvement des portes, à l'entrée d'un bassin, pour la construction et le radoub des vaisseaux, ou, simplement, pour recevoir les vaisseaux dans un port.XIVe s.• Radier, DU CANGE dyapula..Origine inconnue. Scheler propose d'y voir un dérivé analogue à radeau.• On le trouve employé au XVIe siècle en un sens qui ne paraît pas se rattacher au nôtre : Il les fist grisler gaillardement dedans un beau radier de feu, TAHUREAU Dial. p. 177, dans LACURNE.————————radier 2.(ra-di-é) v. n.Néologisme. Rayonner.• À l'extrémité de la grande allée étincelait un disque éblouissant, au centre duquel radiait la couronne impériale, J. DE PRÉCY la Liberté, 12 juin 1867.Rayonner, briller de joie, de contentement.• [Dindes truffées] astres benins dont l'apparition fait scintiller, radier et tripudier les gourmands de toutes les catégories, BRILLAT-SAVARIN Physiol. du goût, Médit. XXVII.Néologisme peu recommandé puisqu'on a rayonner, mais qui s'appuie sur radiant, dont il serait le verbe.————————radier 3.(ra-d-ié) v. a.Néologisme. Rayer une inscription hypothécaire ; effacer un nom d'une liste.Voy. radiation 2. Radier n'est pas un bon mot, mais il s'est introduit à la faveur de radiation, qui n'a non plus qu'une médiocre autorité.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRER. Ajoutez :6° Haut fond naturel d'un cours d'eau où le courant est plus rapide (note communiquée par M. A. Gouault, de Rouen, ingénieur).Ajoutez : M. A. Gouault dit dans sa note : " Radier ou raidier ou rèdier, de raide, parce que ce sont les parties raides des cours d'eau. Les bateliers adoptent plus généralement la dernière prononciation. " Cette étymologie (raide ou rade est la très ancienne forme française dérivée de rapidus, rapide) s'applique facilement à l'acception de haut fond où le courant est plus rapide, et il est encore possible qu'en ce sens radier ou raidier soit un mot tout différent du radier, genre de construction fluviale. Mais celui-ci ne peut être rattaché à raide, attendu que, dans le XIVe siècle, radier existe avec le sens de madrier. Il n'est pas même complétement isolé ; du moins Du Cange, à radum, donne rada in flumine Aufidi, et radius, enclos pour prendre du poisson. Jusqu'à présent on ne peut aller au delà de ces rapprochements.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.