- rabrouer
- (ra-brou-é), je rabrouais, nous rabrouions, vous rabrouiez ; je rabrouerai ; que je rabroue, que nous rabrouions, que vous rabrouiez, v. a.Repousser avec rudesse quelqu'un qui nous parle, qui nous fait des propositions, etc.• Une manière de présomptueux, qui, avec un langage superbe et une mine pesante, rabrouent si dédaigneusement les personnes, qu'ils ne semblent faire montre de leur fortune que pour acquérir des ennemis, MALH. Traité des bienf. de Sénèque, I, 9.• Louis XIV, qui connaissait les défauts de M. de Barbezieux, s'en plaignait dans son intérieur, le rabrouait même quelquefois en particulier, VOYER MARQUIS D'ARGENSON Mém. p. 147, dans POUGENS.• Il ne cesse de la rabrouer, et de lui dire des mots piquants, CH. DE BERNARD la Peau du lion, § 19.XIVe s.• Le jeu aus rabrouées [ainsi dit parce que le perdant, au lieu de donner de l'argent, était rabroué], DU CANGE rabolderia..XVe s.• [Vous] Qui ainsy m'alez rabrouant, E. DESCH. Poésies mss. f° 378.XVIe s.• Le senat mesme s'en courroucea à eulx, et le peuple les rabroua bien rudement, AMYOT Alc. 23.• Ne le tancer ny le rabrouer [un chien de chasse], de sorte qu'il ait crainte de ce qu'on lui dict, CHARLES IX Chasse roy. 28.Picard, rebrouer ; de re, et brave. Diez a établi cette étymologie sur de bonnes raisons : le sens le plus ancien de brave est violent, rétif ; quant à la forme, brave, venant des langues germaniques, devait être, à l'origine, brau ou brou, comme dans le provençal ; cette forme primitive est restée dans rabrouer et ébrouer. De la sorte, rabrouer serait, proprement, violenter, malmener.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.