- quille
- quille 1.(ki-ll', ll mouillées, et non ki-ye) s. f.Terme de marine. Forte et longue pièce de bois ou réunion de pièces ajustées, sur laquelle on fixe les varangues, l'étambot et l'étrave, et qui, étant la base de la construction du navire, est la première qu'on place sur le chantier.• Son ouvrage contient deux déterminations difficiles et importantes, l'une..., l'autre de l'angle le plus avantageux du gouvernail avec la quille, FONTEN. Renau..• Pierre le Grand posa de ses mains la quille d'un vaisseau de 54, VOLT. Russ. I, 19.• Fausse quille, pièce de bois ou planche épaisse clouée sur la face inférieure de la quille, tant pour la garantir dans les échouages que pour la préserver des attaques des vers, et ajouter à la longueur et à la surface du gouvernail, JAL. .• Nous en fûmes quittes pour quarante-cinq pieds de notre fausse quille qui furent emportés, BOUGAINVILLE Voy. 2e part. t. II, p. 368, dans POUGENS.Quille, grosse pièce de bois qui forme le derrière d'un bateau foncet.Quille d'un pont, grosse pièce de bois qui soutient le pont.XVIe s.• Il brisa et gasta les quilles et carenes de tous les vaisseaux de Candie, à fin que l'on ne les peust soubdainement poursuivre, AMYOT Thém. 22.• Trois galleres, la plus grande de cent huit pieds de quille, D'AUB. Hist. II, 96.Espagn, quilla ; ital. chiglia ; du germanique : anc. haut-allem. kiol ; anc. scand. kiolr ; anglo-sax. ceol ; allem. Kiel ; angl. keel.————————quille 2.(ki-ll', ll mouillées, et non ki-ye) s. f.1° Morceau de bois long et rond, plus mince par le haut que par le bas, servant à un jeu où il y a neuf de ces morceaux de bois qu'on plante debout par leur grosse extrémité, et qu'on abat avec une boule. Jouer aux quilles. Abattre des quilles.Il est planté là comme une quille, se dit d'un homme tout droit sur ses pieds et qui ne bouge.Venir comme un chien dans un jeu de quilles, venir très mal à propos.• Madame.... qui arrive à propos comme un chien dans un jeu de quilles, BUSSY Lett. t. I, p. 130, dans POUGENS.Fig. Recevoir quelqu'un comme un chien dans un jeu de quilles, le recevoir fort mal.• On reçoit ici les femmes comme un chien dans un jeu de quilles, LA FONT. coupe enchantée (comédie), sc. 1.• Ne vous y trompez pas, vous y seriez reçu Comme un chien dans un jeu de quilles, DESHOUL. Poés. t. II, p. 166.• Louville fut reçu d'Huxelles comme un chien dans un jeu de quilles, ce fut son expression, SAINT-SIMON 447, 247.Fig. Trousser ses quilles, s'en aller, décamper.• Il faut de grand matin demain trousser ses quilles, TH. CORN. D. Bertr. de Cig. II, 4.On dit dans le même sens : prendre, trousser son sac et ses quilles (voy SAC).Ne laisser aux autres que le sac et les quilles, voy. sac 1.Fig. Abatteur de quilles, homme qui fait beaucoup d'embarras.• Vous êtes, je vois bien, grand abatteur de quilles, RÉGNIER Sat. XI.2° Quille des Indes ou toupie hollandaise, jeu qui consiste à lancer une toupie au milieu des quilles dressées sur un plateau.Quilles sur table, petites quilles rangées sur un plateau et se redressant au moyen de cordons : on fait tourner la boule autour d'une flèche à laquelle elle est attachée.Quilles au bâton, jeu qui se joue avec sept quilles que l'on plante dans du sable et que l'on abat avec des bâtons.3° Grand coin de fer à l'usage des ardoisiers.Instrument de bois qui sert à allonger les doigts des gants, et à leur donner la forme convenable.Les marchandes de modes appelaient quilles deux bandes de parements qu'on mettait à une robe le long de la couture du côté jusqu'à la fente.4° Nom donné à des masses de cristal de roche.• Le cristal de roche se trouve et croît en grosses quilles dans les cavités des rochers quartzeux et graniteux, BUFF. Min. t. VI, p. 129.Nom donné à des clavaires.5° Populairement et fig. Les quilles, les jambes.XVe s.• Plusieurs compaignons se prindrent à jouer amiablement et par esbatement au jeu des grosses quilles, auquel jeu l'en gette de loin pour ferir lesdittes quilles d'un baston de la longueur ou environ d'une aulne, DU CANGE quillia..• Chaudement son gieu [de quilles] commença ; Ou premier part a abattu ; Mais quant vint au passer de là, Son gieu luy fut moult debattu Pour le grant peril qui y fu De hasart, lors du baston quille, Tant qu'à pou qu'il n'a tout perdu, En disant : à ce coup la quille, E. DESCH. Poésies mss. f° 280.• Et messire Jehan trousse ses quilles et s'en va tout droict devers le roy, G. CHASTEL. Chron. des d. de Bourg. III, 185.• Je ne suis pas si aveuglé Que je ne jouasse des quilles, Mistere de la Resurrection de nostre Seigneur Jesucrist, Paris (pour Antoine Verard), sans date.XVIe s.• Et autant de petits princes et potentats qui s'y feussent voulu opposer, il en eust autant abattu comme de quilles, BRANT. Charles-Quint.....• Tu ne vois femme ou fille à qui un tour tu ne joues de quille ; Car de fauls dits et mensongiers deduits Faints les aimer et par là les seduits, les Triomphes de la noble dame, f° 136, dans LACURNE.• C'est grand ennuy à jeune femme ou fille Aymer seigneur qui ne la veult aymer ; Veu la façon, n'est-il pas à blasmer ? Ouy pour autant qui ne tient coup à quille, ROGER DE COLLERYE Oeuv. p. 152, dans LACURNE.Génev. guille ; de l'anc. haut-allem. kegil ; allem. Kegel, objet allongé en forme conique, quille.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE2. QUILLE. Ajoutez :6° Dans les chablis, la portion de l'arbre brisé restée debout ; on dit aussi chandelier ou tronc, BAGNERIS, Manuel de sylviculture, p. 6, Nancy, 1873.7° Sorte de jambe de force.• Il sera adapté au train de derrière des cabriolets à deux roues une jambe de force en fer, dite quille, Ordon. de police, 31 mai 1866.• De là il [Béranger] fut expédié à Péronne, chez sa tante l'aubergiste, qui, ne s'attendant pas à voir tomber chez elle le petit abandonné, le reçut comme un chien dans un jeu de quilles, Rev. Britann. août 1877, p. 434.La phrase n'est pas correcte ; il faudrait : comme on reçoit un chien dans un jeu de quilles. Il ne faut employer cette expression qu'avec le présent du verbe recevoir ou le participe passé reçu, qui se sous-entendent naturellement (voy. les exemples à QUILLE).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.