- pécher
- (pé-ché. La syllabe pé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je pèche ; excepté au futur et au conditionnel : je pécherai, je pécherais) v. n.1° Transgresser la loi religieuse.• Celui n'a point péché de qui la repentance Témoigne la surprise et suit de près l'offense, ROTR. St Gen. II, 8.• Si un homme pèche contre un homme, on peut lui rendre Dieu favorable ; mais, si un homme pèche contre le Seigneur, qui priera pour lui ?, SACI Bible, Rois, I, II, 25.• Tel pèche de la langue qui ne pèche point de coeur, SACI ib. Ecclésiastiq. XIX, 16.• Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, Et ce n'est point pécher que pécher en silence, MOL. Tart. IV, 7.• J'essaye autant que je puis de ne m'affliger de rien, et de prendre tout ce qui arrive pour le meilleur ; je crois que c'est un devoir, et qu'on pèche en ne le faisant pas, PASC. Lett. à Mlle de Roannez, 5.• Siècle vainement subtil, où l'on veut pécher avec raison, où la faiblesse veut s'autoriser par des maximes...., BOSSUET Anne de Gonz..• Quiconque pèche en un seul article, viole l'autorité de tous les autres, BOSSUET Sermons, Respect vérité, 1.• Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes, RAC. Esth. I, 5.2° Par extension, faillir contre quelque règle de morale. Pécher contre l'honneur.• Ce que j'ai dit suffit pour faire voir combien vous péchez contre la vérité et la discrétion tout ensemble, PASC. Prov. XI.Ce n'est pas par là qu'il pèche, c'est-à-dire ce n'est pas là son défaut.3° Faillir contre quelque autre règle que ce soit.• Je pèche contre le sens commun, PASC. Prov. II.• N'êtes-vous pas étonné qu'il [l'Arioste] ait pu faire un poëme de plus de quarante mille vers, dans lequel il n'y a pas un morceau ennuyeux, et pas une ligne qui pèche contre la langue ?, VOLT. Lett. Champfort, 16 nov. 1774.• Lebrun, disciple de Vouet, n'a péché que dans le coloris, VOLT. Temple du Goût..• On pèche toujours en physique lorsqu'on multiplie les êtres sans nécessité, BUFF. Min. t. I, p. 351.Il se dit aussi des choses.• Sa comédie pèche contre toutes les règles de l'art, MOL. Crit. 7.• Apercevoir par où un raisonnement pèche, CONDIL. Conn. hum. II, 7.• Chaque climat, par ses influences et par celles de la nourriture, donne une certaine conformation qui pèche par quelque excès ou par quelque défaut, BUFF. Quadrup. t. I, p. 76.Ce vin pèche en couleur, par la couleur, il n'a pas sa couleur naturelle.Être peccant, en parlant des humeurs.• Arrière les humeurs, qu'elles pèchent ou non ; La fièvre est un levain qui subsiste sans elles, LA FONT. Quinquina, II.4° Pécher, joint à un nom qui exprime quelque chose de favorable, prend le sens de porter trop loin une bonne intention, une bonne qualité : Cet écrivain ne pèche que par trop d'exactitude. Cet ouvrage pèche par trop d'esprit.• De tels regrets Pourraient pécher par leur excès, LA FONT. Matr..PROVERBESCelui qui pèche ignore, il ne connaît pas le vrai bien.Autant pèche celui qui tient le sac que celui qui met dedans, le complice est aussi coupable que l'auteur principal.Qui perd pèche, se dit de celui à qui une perte fait commettre quelque péché, comme de penser mal de son prochain au sujet de la perte essuyée ; se dit aussi pour signifier qu'on donne tort à celui qui perd.XIIe s.• Mult fuissent à pecher li pluisur deslié, Quant autrement ne fussent destraint par le clergié, Th. le mart. 59.XIIIe s.• Et ses maris [le mari de Lucrèce] meïsmement.... s'estudioit à trover Vives raisons por li prover Que ses cors n'avoit pas pechié, Quant li cuers ne volt le pechié, la Rose, 8667.• Et se je ne le fes, je peque et sui tenus à rendre ce que je disme malvesement, BEAUMANOIR XI, 39.XIVe s.• Il n'est pas vraysemblable ou raisonnable que il pechent en toutes choses et soient faux universelment, ORESME Eth. 17.Wallon, péché ; provenç. peccar, pequar ; espagn. pecar ; ital. peccare ; du lat. peccare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.