- précipitation
- (pré-si-pi-ta-sion ; en vers, de six syllabes) s. f.1° Extrême vitesse, grande hâte.• Le Cid n'en a pas assez [de temps] pour se battre contre don Sanche durant l'entretien de l'infante avec Léonor, et de Chimène avec Elvire ; je l'ai bien vu, et n'ai point fait de scrupule de cette précipitation, CORN. 3e disc. trois unités..• La reine emportée avec une telle précipitation dans la vigueur de son âge, BOSSUET Mar.-Thér..• Je vous écris avec une grande précipitation : j'attends le roi d'un moment à l'autre, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 28 sept. 1695.• La vivacité de ses yeux, et une certaine précipitation singulière que je remarquais dans tous ses mouvements, me persuadaient qu'elle n'était pas sans fièvre, GENLIS Ad. et Théod. t. I, p. 307, dans POUGENS.Fig.• L'on a ôté mal à propos le nom de raison à l'amour.... c'est une précipitation de pensées qui se porte d'un côté sans bien examiner tout, mais c'est toujours une raison, PASC. Passions de l'amour..2° Fig. Vivacité dans les résolutions, dans les actions, qui pèche par excès.• Les fautes qu'il avait faites par précipitation, FÉN. Tél. III.• La précipitation, outre qu'elle est imprudente, est presque toujours malheureuse et suivie de funestes effets, ROLLIN Hist. anc. Oeuvr. t. III, p. 175, dans POUGENS.• L'abbé de Saint-Pierre était si attaché à l'Académie, si persuadé qu'elle l'avait jugé avec une précipitation dont elle se repentait, que, dix-huit mois après sa destitution, il crut pouvoir lui écrire de nouveau, pour la prier de revenir sur son affaire, D'ALEMB. Éloges, l'ab. de St-P. note 15.• Les hommes font beaucoup d'injustices sans méchanceté, par légèreté, précipitation, sottise, témérité, imprudence, DUCLOS Consid. moeurs, 5.3° Terme de chimie. Phénomène qui a lieu quand un corps se sépare d'un liquide où il était dissous, et se dépose sous la forme de poudre, de flocons ou d'un autre corps.• Les dissolutions, les précipitations, les coagulations présentent partout des phénomènes analogues, BAILLY Hist. astr. mod. t. II, p. 489.• Voulant donner à un enfant du goût pour la chimie, après lui avoir montré plusieurs précipitations métalliques...., J. J. ROUSS. Ém. III.XVIe s.• Si par nonchalance ou precipitation on y faisoit faute, il y auroit peine à la reparer, LANOUE 399.• De la precipitation ou perversion de la matrice, c'est à dire tombée ou renversée hors de son lieu naturel, PARÉ XVIII, 46.• Cassius et Brutus acheverent de perdre les reliques de la romaine liberté.... par la precipitation et la temerité de quoy ils se tuerent avant le temps et l'occasion, MONT. II, 31.• La precipitation de notre intelligence [l'amitié de Montaigne et de la Boétie] si promptement parvenue à sa perfection, MONT. I, 213.Lat. praecipitationem, de praecipitare, précipiter.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPRÉCIPITATION. Ajoutez :4° Au propre, action de précipiter, de jeter de haut en bas.• Qu'elles [trois blessures] étaient de nature à amener la mort en quelques heures, mais qu'elles avaient été, à très peu d'instants d'intervalle, suivies de la précipitation dans l'eau de l'individu blessé, Gaz. des Trib. 22-23 mars 1875, p. 287, 2e col..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.