- précipice
- (pré-si-pi-s') s. m.1° Espace très profond et à bords escarpés.• Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra, PASC. Pens. III, 3, éd. HAVET..• Moi, ....qui ne puis pas souffrir la vue, ni l'imagination d'un précipice ; quelle horreur de passer par-dessus, et d'être toujours à deux doigts de la mort affreuse !, SÉV. 528.• On dit que, quand on passe au bord d'un précipice, il ne faut point le regarder ; et cela est vrai jusques à un certain point, SAUSSURE Voy. Alpes, t. VII, p. 269, dans POUGENS.• Dans le physique comme dans le moral, les précipices que l'on ne voit pas, et auxquels on arrive par des pentes plus ou moins rapides, sont beaucoup plus dangereux que ceux qui se montrent à découvert, SAUSSURE ib. t. IV, p. 32.• Hier Delzons n'y trouva pas l'ennemi [à Malo-Iaroslavetz] ; mais il ne crut pas devoir placer toute sa division dans la ville haute, au delà d'une rivière, d'un défilé et sur la crête d'un précipice dans lequel une surprise nocturne aurait pu la jeter, SÉGUR Hist. de Nap. IX, 2.2° Fig. Grand malheur, disgrâce, danger.• Il faut le recevoir ou hâter son supplice, Le suivre, ou le pousser dedans le précipice, CORN. Pomp. I, 1.• L'hymen semble à mes yeux cacher quelque supplice, Le trône sous mes pas creuser un précipice, CORN. Rodog. I, 7.• Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir, PASC. Pens. IX, 5, éd. HAVET..• Si cette haute élévation est un précipice affreux pour les chrétiens, BOSSUET Duch. d'Orl..• Je leur semai [aux princes] de fleurs les bords des précipices, RAC. Athal. III, 3.• Je vous ai obligation de m'avoir arrêté sur le bord du précipice, HAMILT. Gramm. 11.• Les chrétiens regardent les richesses comme des embarras, les dignités comme des écueils, la grandeur comme le haut d'un précipice, MASS. Carême, Mauv. rich..• Il n'est pas temps, dit-il, de prêcher Jenni, il faut le tirer du précipice, VOLT. Jenni, 5.• La puissance de Charles-Quint n'était qu'un amas de grandeurs entouré de précipices, VOLT. Moeurs, 126.• Qu'un autre à cet aspect [celui de la mort] frissonne et s'attendrisse, Qu'il recule en tremblant des bords du précipice, LAMART. Méd. I, 5.• Partout autour de moi je trouve un précipice, P. LEBRUN Marie Stuart, IV, 2.Le précipice de, le grand danger de.• Le précipice de promettre sans tenir, le péril d'accorder plus qu'il n'est possible, SAINT-SIMON t. XV, p. 55 (éd. in-8° de 1829)..XVIe s.• De telle forme de pessaire nous pourrons commodement user contre la cheute et precipice de l'amarry [matrice], PARÉ XXV, 23.• Un [prisonnier] s'estant arresté sur le bord du precipice, le baron [des Adrets] luy dist : quoy ? tu en fais à deux fois ?, D'AUB. Hist. I, 147.• Le parti ligué vint du penchant au precipice, et fut reduit à rien, D'AUB. ib. III, 287.• C'est à faire à des brigands que de soy fier à des rochers et à soy saisir de haults precipices, AMYOT Aratus, 60.• La chose publique avoit desjà pris coup, et il estoit trop mal aisé de la retenir qu'elle n'allast en precipice, AMYOT Lucul. 77.• Il fault qu'il [le philosophe] fremisse planté au bord d'un precipice, comme un enfant, MONT. II, 20.Lat. praecipitium (voy. précipiter).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.