- prunelle
- prunelle 1.(pru-nè-l') s. f.1° Prune sauvage, d'une extrême âpreté, fruit de l'épine noire ou prunellier.Fig. et familièrement. Du jus de prunelle, vin fort mauvais et fort âpre.2° Genre de plantes labiées, où l'on distingue le prunella vulgaris, L. dit par Tournefort brunelle, que Linné changea en prunelle (voy. brunelle).3° Sel de prunelle, nitrate de potasse impur, mêlé à du sulfate de potasse.Pierre de prunelle, nitrate de potasse tabulaire.XIIe s.• Ançois en iert [sera] mainte froide cervele, Et traïnans en iert mainte bouele [boyau], Que je loi lais vaillant une parnele, Raoul de C. 48.XVe s.• Je croy que c'est vin de pruneles : Où a-il esté sy forgy ?, Mir. de Ste Genev.XVIe s.————————prunelle 2.(pru-nè-l') s. f.1° Pupille de l'oeil.• Le feu sort à travers ses humides prunelles, BOILEAU Épître IV.• Il est nécessaire pour la perfection de l'organe de la vue, que le trou de la prunelle diminue ou augmente à proportion que les objets sont plus ou moins éclairés, MALEBR. Rech. vér. Éclairc. sur l'opt. t. IV, p. 452, dans POUGENS.• Il y avait trois ou quatre ans que je n'avais pleuré, et je comptais bien que mes vieilles prunelles ne connaîtraient plus cette faiblesse, jusqu'à ce qu'elles se fermassent pour jamais, VOLT. Lett. Mme Denis, 9 juill. 1753.• Gonflez un peu trop certains muscles de ses joues [d'une belle femme], et la voilà colère ; fixez la prunelle, et la voilà bête ; donnez du feu à cette prunelle fixe, et la voilà impudente, DIDER. Lett. à Mlle Voland, 2 sept. 1762.2° Il se dit pour regard.• Voyant une femelle... il baissait la prunelle, LA FONT. Herm..• J'assénai une prunelle étincelante sur le premier président et le grand banc, SAINT-SIMON 515, 84.Jouer de la prunelle, jeter des oeillades, faire quelque signe des yeux, particulièrement entre homme et femme.• Mon baladin muet se retranche en un coin, Pour mieux faire jouer la prunelle de loin, CORN. la Veuve. I 4.• Vous n'avez toujours fait qu'avoir les yeux sur elle. Rouge, tout interdit, jouant de la prunelle, MOL. l'Ét. IV, 5.• Tandis que le frère jouait de la guitare, la soeur jouait de la prunelle, HAMILT. Gramm. 8.Un tourneur de prunelle, un homme qui joue de la prunelle.• Oui, ce beau fils, ce tourneur de prunelle, LA FONT. Je vous prends sans vert, sc. 1.3° Fig. La prunelle de l'oeil, chose très précieuse.• La cour, qui se sentit touchée à la prunelle de l'oeil, obligea M. le duc d'Orléans d'aller au palais, RETZ II, 111.• Elle a une mère qui vous chérira comme la prunelle de ses yeux, vous et tous vos enfants, LESAGE Guzm. d'Alf. v, 5.Conserver une chose comme la prunelle de l'oeil, comme la prunelle de ses yeux, la conserver soigneusement, précieusement.• Si le Seigneur cesse un moment de veiller sur eux... de les garder comme la prunelle de son oeil, MASS. Carême, Fautes légères..• Quelle grandeur ! quelle générosité ! ô que nous sommes petits devant lui ! conserve ce précieux ami comme la prunelle de ton oeil, J. J. ROUSS. Hél. I, 61.XIe s.• Si alcuns crieve l'oil à l'altre et si la purnelle y est remese [restée]..., Lois de Guill. 21.XIIe s.• Les dous [deux] purneles de ses uiz [yeux] [il] Ne gardout pas plus cherement, Qu'il gardout lui [l'enfant] son escient, BENOIT II, 12724.• Qui vus het, e mei het e contre mei revele ; Qui vus fiert [frappe], e mei fiert en l'oil en la purnele ; Cil qui mesfait as clers, Deus le het et querele, Th. le mart. 74.XIIIe s.• De teuz [tels] qui ont ver toi orguel, M'agarde com plouele d'uel [prunelle d'oeil], Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 271.XVIe s.• Nous voyons noz yeulx reluisans dedans les prunelles de ceulx de nos prochains, AMYOT Comment ouïr, 8.• Encore qu'il fasse sa prunelle toute blanche en la tournant aux voutes de l'eglise, Sat. Mén. p. 186.Prunelle, petite prune noire, par comparaison ; Berry, preunelle.————————prunelle 3.(pru-nè-l') s. f.Espèce d'étoffe de laine ou de soie. Prunelle en soie ; prunelle en soie et laine en chaîne ; prunelle en laine, Tableau annexé aux lett. pat. du 27 juill. 1780, Amiens.Prunelle 1 ; à cause de la couleur noire de cette étoffe, qui servait d'ordinaire à faire des chaussons de femme.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.