- profession
- (pro-fè-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.1° Déclaration publique d'un sentiment habituel, d'une manière d'être habituelle.• Ils reconnurent le Dieu véritable qu'ils faisaient profession de ne pas connaître, SACI Bible, Sagesse, XII, 27.• Eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, MOL. Tart. Préface.• Moi, votre ami ! rayez cela de vos papiers ; J'ai fait jusques ici profession de l'être ; Mais...., MOL. Mis. I, 1.• L'Église ne peut subsister sans la profession de la vérité, BOSSUET 3e avert. 19.• La profession du christianisme suffit pour faire partie du corps de l'Église, ce qu'il [Jurieu] avance contre M. Claude, qui ne compose le corps de l'Église que de véritables fidèles, BOSSUET 3e avert. 2.• Vivre comme des impies sans aucune profession de culte, MASS. Avent, Noël..• Ils [les sociniens] sont encore en grand nombre en Pologne, quoiqu'ils aient perdu la liberté de faire une profession ouverte de leurs sentiments, VOLT. Moeurs, 189.Faire profession d'une religion, l'exercer ouvertement.On dit de même : faire profession d'une doctrine.Familièrement. Faire profession d'une chose, s'en piquer particulièrement.• Que s'il [celui qui ne s'inquiète pas d'une autre vie] est avec cela tranquille, qu'il en fasse profession, qu'il en fasse vanité, PASC. Pens. IX, 1, édit. HAVET..• La Providence, dont je devrais adorer tous les arrangements, faisant profession, comme je fais, d'être sa très humble servante, SÉV. 27 janv. 1692.• Il faut finir avec le même honneur et la même probité dont on a fait profession toute sa vie, SÉV. 15 nov. 1684.• On avait déclaré les épicuriens incapables d'être initiés aux mystères, parce que c'étaient des gens qui faisaient profession de s'en moquer, FONTEN. Oracles, I, 3.Profession de foi, formule qui contient les principes de religion auxquels on est attaché.• Il [M. de Voltaire] donna à cet abbé Gaultier, qui la lui demanda, une profession de foi écrite tout entière de sa propre main, et par laquelle il déclare qu'il veut mourir dans la religion catholique où il est né, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 1er juill. 1778.Profession de foi du vicaire savoyard, profession de déisme que fait Rousseau dans son Emile, et qu'il met dans la bouche d'un vicaire savoyard.Par extension, profession de foi, écrit qui renferme les opinions politiques et sociales d'un candidat à la députation ou de tout autre. Profession de foi, ou, simplement, profession monarchique, républicaine, etc.2° État, emploi, condition. La profession d'avocat, de médecin.• Un père et un frère qui ont fait profession des mathématiques, DESC. Dioptr. 1.• Le voilà reçu dans la profession qu'il doit faire, SÉV. 470.• Je ne suis ni lettré ni un homme de finances, et j'aurais mauvaise grâce de chercher de la gloire et des avantages par des choses qui ne sont pas de ma profession, VAUBAN. Dîme, p. 2.• Son père eut sur lui les vues communes des pères : il le fit étudier pour le mettre dans sa profession, FONTEN. Hartsoeker..• L'Europe serait aujourd'hui aussi ignorante, ou même elle serait à peine sortie de la barbarie, si les professions avaient continué d'être héréditaires et exclusives, CONDIL. Hist. anc. III, 97.• Tout homme a plus ou moins les vices de sa profession ; La Mettrie, dont vous me parlez, n'avait point ceux de la sienne ; car en vérité il n'était pas du tout médecin ; il cherchait seulement à être athée : c'était un fou, et sa profession était d'être fou ; mais ceux qui vous ont dit qu'il était mort repentant, sont de la profession des menteurs, VOLT. Lett. Bertrand, 4 sept. 1759.• Il n'y a point de profession qui n'exige un homme tout entier, DUCLOS Consid. moeurs, 12.De profession, par la profession qu'on exerce. Tailleur de profession. Érudit de profession.• Les poëtes romains faisaient mettre les monologues en musique par des musiciens de profession, CONDIL. Conn. hum. II, I, 5.Fig. De profession, qui a l'habitude invétérée de.• Et de profession je ne suis point galant, MOL. Éc. des mar. I, 6.• Je ne comprends pas bien l'amour de profession, SÉV. 202.• Des chrétiens de profession, mais qui, n'en ayant que le nom et que l'apparence, raisonnent sur l'autre vie comme des épicuriens, BOURD. 15 Dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 449.• Il était Suisse de nation, empoisonneur de profession, HAMILT. Gramm. 3.3° Acte qui consiste à faire solennellement les trois voeux de religion, qui sont pauvreté, obéissance et chasteté ; il suit le noviciat, et alors on est profès.• Marie-Angélique Arnauld, par un usage qui n'était que trop commun en ces temps-là, en fut faite abbesse, n'ayant pas encore onze ans accomplis ; elle n'en avait que huit lorsqu'elle prit l'habit, et elle fit profession à neuf ans, RAC. Hist. Port-Royal, dans POUGENS.4° Anciennement. Action de professer, professorat.• M. Grevius a reçu ses patentes d'historiographe du roi d'Angleterre, et, ayant demandé une diminution de travail académique.... on lui a donné un adjoint dans la profession des belles-lettres, qui fera la moitié des leçons de M. Grevius, BAYLE Lett. à M. ***, 7 mars 1697.XIIe s.• Sovenir vos devreit de la professiun Qu'offristes sur l'autel à vostre enunctiun, Th. le mart. 80.XIIIe s.• Une dame prist robe de religion, ne n'i entra pas, ne ne fist profession, et puis geta l'abist et se maria, Liv. de jost. 193.XVIe s.• Il renonce en ses oeuvres le Seigneur, lequel il confesse de bouche, et par ainsi n'est chrestien que de titre et profession, CALVIN Instit. 603.• Un homme de ma profession [condition], MONT. I, 17.• Cesar parle des offices de sa pr ofession, de la vaillance et conduicte de sa milice, MONT. I, 57.• La religion de quoy vous faictes profession, ID. I, 128.Prov. professio ; espag. profession ; ital. professione ; du lat. professionem, qui vient de professus, qui a exposé, déclaré (voy. profès).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.