- prescrire
- (prè-skri-r') v. a.Il se conjugue comme écrire.1° Ordonner, commander.• Votre gloire le veut, l'amour vous le prescrit, CORN. Rodog. III, 4.• Dieu, qui a prescrit certains devoirs aux femmes, aux enfants, aux esclaves, en a prescrit d'autres aux maîtres, aux pères, aux maris, BOSSUET 5e avert. 52.• Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ?, RAC. Phèdre, IV, 1.• Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi, RAC. Brit. I, 1.Prescrire que.• Aristote prescrit que les moeurs doivent être convenables, LE P. CATROU dans DESFONTAINES.Prescrire de, avec l'infinitif.• Ce hardi suborneur [le faux honneur].... Avant tout aux mortels prescrit de se venger, BOILEAU Sat. XI.• Qui nous prescrit à tous d'être justes, de nous aimer les uns les autres, d'être bienfaisants et miséricordieux...., J. J. ROUSS. Ém. V.Prescrire un jour, fixer un jour.• Je suis prêt à accepter un dîner tout autre jour qu'il vous plaira de me prescrire, J. J. ROUSS. Lett. à Mme de Créqui, 1752.2° Il se dit aussi des ordonnances des médecins. Prescrire un émétique, une saignée.3° Terme de jurisprudence. Acquérir par la prescription, ou se libérer par la prescription. Prescrire une dette.• Les rois de Syrie en avaient prescrit la possession [de la Judée] contre la famille de David, BOSSUET 5e avert. 42.• On ne peut prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans le commerce, Code Nap. art 2226.Fig. Détruire, faire oublier comme par une prescription.• Vous vous souvenez de cela ; Ce sont égarements que le temps doit prescrire, DANCOURT Céphale et Procris, I, 7.Neutralement, gagner la prescription.• Ceux qui possèdent pour autrui ne prescrivent jamais par quelque laps de temps que ce soit, Code Nap. art. 2236.Fig.• Quelque temps qu'ait duré un schisme, il ne prescrira jamais contre la vérité, BOSSUET Polit. VII, III, 7.• L'on ne trouvera pas aujourd'hui quatre personnes qui voulussent douter sérieusement que cette coutume [celle des auteurs pseudonymes] ait prescrit contre un point [défense de publier un écrit pseudonyme] qui n'est, dans le fond, qu'un simple règlement de police, Auteurs déguisés, p. 67.• Édouard avait pour lui le bon droit, mais le malheur prescrit contre la légitimité, CHATEAUB. Stuarts, Jacques II.4° Se prescrire, v. réfl. Être ordonné. L'émétique se prescrit dans ces cas-là.5° Se perdre par prescription.• La faculté d'accepter ou de répudier une succession se prescrit par le laps de temps requis pour la prescription la plus longue des droits immobiliers, Code Nap. art. 789.En un sens contraire, être gagné par la prescription.• La noblesse se prescrit par une possession immémoriale, RICHELET .XVIe s.• Faculté de rachat de rentes procedans de bail d'heritages, se prescrit par trente ans, LOYSEL 512.• Les gens d'eglise en prescrivent l'indemnité [d'un acquêt] par trente ans, et le droit d'amortissement par cent ans, LOYSEL 725.• Possesseur de malle-foi ne peut prescrire, LOYSEL 730.Lat. praescribere, de prae, avant, et scribere, écrire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.