- poussé
- poussé, ée(pou-sé, sée) part. passé de pousser.1° Ôté d'une place. Un fauteuil poussé auprès du feu.Porte poussée, porte qui n'est pas tout à fait fermée.• Laisse la porte ouverte. - Elle n'est que poussée, DANCOURT Trahison punie, III, 9.2° Il se dit des personnes que quelque force fait aller là où elles ne voulaient pas.• Voilà par quels malheurs poussé dans le Bosphore...., RAC. Mithr. II, 3.• Chaque jour il [Davoust] marchait entre ces malheureux [les hommes débandés] et les cosaques, poussant les uns, et poussé par les autres, SÉGUR Hist. De Nap. IX. 9.Qu'on hâte, qu'on précipite, en parlant des choses.• Je me souviens de ce pays-là [Paris] ; tout y est pressé, poussé, SÉV. 13 juin 1685.3° À quoi on a communiqué un mouvement. Le boulet poussé hors du canon par l'explosion de la poudre.Terme de marine. Bâtiment poussé à la côte, entraîné à la côte malgré les efforts du manoeuvrier.4° Étendu, prolongé.• Le combat fut rude et opiniâtre, et poussé bien avant la nuit, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VII, p.142, dans POUGENS.• Quelques petits embranchements partant de la galerie principale et poussés dans différentes directions, CORDIER Instit. Mém. scienc. t. VII, p. 531.5° Qu'on a conduit jusqu'à un certain point.• Quand vous croirez l'affaire assez avant poussée, MOL. Tart. IV, 4.• La philosophie chrétienne forme des milliers d'Épictètes qui ne savent qu'ils le sont, et dont la vertu est poussée jusqu'à ignorer leur vertu même, VOLT. Lett. M*** de l'Acad. fr. mars 1743.• Vous concevez l'effet d'une pareille figure poussée jusqu'où elle peut aller et dans la bouche d'un homme comme Foy, P. L. COURIER Lettres au Censeur, X.Absolument. Porté à un très haut degré.• On va ramasser dans les livres ce qu'il y a de plus poussé, de plus excessif pour en composer un système : cela est-il juste ?, BOSSUET Passages éclaircis, II.• Cet argument si poussé et sur lequel on appuie avec tant de force, BOSSUET Préf. sur l'instr. past. de Cambrai, 87.• Mme de Saint-Géran mangeait avec un goût exquis et la délicatesse et la propreté la plus poussée, SAINT-SIMON 35, 149.• Des ministres qu'un goût outré de retraite, qu'une délicatesse mal placée de conscience, qu'un sentiment trop poussé de leur indignité.... rend inutiles à l'Église, MASS. Confer. Zèle contre les scandales.• La fameuse lettre de la carpe au brochet, et qui lui fit [à Voiture] tant de réputation, n'est-elle pas une plaisanterie trop poussée, trop longue et, en quelques endroits, trop peu naturelle ?, VOLT. Dict. phil. Goût..6° Réduit à.• La patience poussé à l'extrémité, BOSSUET Reine d'Angleterre..7° Que l'on presse dans une discussion, dans un interrogatoire.• Sa servante étant devenu grosse, et lui se voyant poussé sur ce point par la justice, Analyse de Bayle, t. 1, p. 360.8° Cheval poussé de nourriture, cheval qui a trop mangé.9° Engagé, invité.• N'irrite pas l'ardeur inconsidérée de ceux qui, poussés d'un zèle indiscret, voudraient arracher ces mauvaises herbes [l'ivraie mêlée au blé], BOSSUET Sermons, 2e dim. Après Pâques, 1.• Quand mon esprit, poussé d'un courroux légitime, Vint devant la raison plaider contre la rime, BOILEAU Épitre IX..10° Qui s'est développé par la végétation (participe passé, employé comme expiré et d'autres).• ... Pareil au champignon difforme Poussé pendant la nuit au pied d'un chêne énorme, V. HUGO Voix inter. XIII.11° Vin poussé, vin gâté par une chaleur qui le fait fermenté.12° Terme de peintre. Peinture poussée, peinture où l'huile, le vernis ressortent et ternissent les couleurs.13° En serrurerie, un ouvrage n'est que poussé quand il n'est que dégrossi à la lime sans poli.Substantivement. On dit en quincaillerie : un bon poussé ; c'est l'intermédiaire entre le poli et le poussé ordinaire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.