- poinçon
- poinçon 1.(poin-son) s. m.1° Instrument de métal, poli ordinairement, rond et pointu, qui sert à percer.• Tandis qu'Alaciel à l'aide d'un poinçon Faisait semblant d'écrire sur les arbres, LA FONT Fiancée..• Celui qui les conduisait [les éléphants] était forcé, pour éviter un malheur [quand ils devenaient furieux], de leur enfoncer un poinçon qui les faisait tomber morts dans l'instant, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. XI, 1re part. p. 389, dans POUGENS..Fig.• Chamillart, doux et modéré, mais qui n'était point accoutumé au poinçon [à être piqué], s'aigrit et s'emporta, SAINT-SIMON 232, 99.2° Outil pour graver. Graver au poinçon.• Audran, Le Clerc de Metz travaillent à l'eau-forte, Leur poinçon est exquis, l'on en fait de l'état, M. DE MAROLLES le Livre des peintres, etc. p. 92.Terme de sculpture. Outil d'acier pour ébaucher l'ouvrage.Outil dont les maçons et les tailleurs de pierre se servent pour faire des trous dans les pierres.3° Poinçon d'arrêt se dit, chez les artificiers, d'un instrument pointu, portant, non loin de son extrémité, une traverse qui l'empêche de pénétrer plus avant.4° Grosse cheville de fer pointue par un bout, avec une forte tête de l'autre, dont se servent les vanniers.5° Terme de maréchalerie. Barreau de fer terminé en pointe, pour contre-percer les fers du cheval.6° Morceau d'acier gravé en relief, avec lequel on frappe les coins des monnaies et des médailles. On distingue le poinçon d'effigie, le poinçon de croix ou d'écusson, et le poinçon de légende.• Nous avons égalé les anciens dans les médailles.... c'est maintenant une chose admirable que ces poinçons et ces carrés qu'on voit rangés par ordre historique dans l'endroit de la galerie du Louvre occupé par les artistes, VOLT. Louis XIV, 33.7° Terme de typographie. Morceau d'acier où les lettres sont gravées en relief, et avec lequel on frappe les matrices servant à fondre les caractères d'imprimerie.8° Petit instrument d'acier, gravé en creux, pour marquer la vaisselle d'or et d'argent.9° Anciennement, aiguille de tête dont les femmes se servaient pour arranger leurs cheveux quand elles se coiffaient.• Leurs robes magnifiques, leurs écharpes, leurs beaux linges, leurs poinçons de diamants, SACI Bible, Isaïe, III, 22.10° Terme de manége. Morceau de bois taillé en pointe ou terminé par une pointe de fer, dont on se sert au manége pour exciter les chevaux à sauter entre les piliers.11° Arbre vertical sur lequel tourne une machine.12° Terme de charpente. Pièce de bois qui est toute droite sous le faîte du bâtiment, et qui sert pour l'assemblage des formes et faîtes. Cette pièce de charpente, placée verticalement au milieu d'une ferme, pose par son extrémité inférieure sur l'entrait, et soutient le faîte à l'endroit où sont assemblés les arbalétriers.S. m. pl. Terme de charpente. Ce sont, dans un cintre, pour la construction d'une voûte ou d'une arcade, toutes les pièces posées debout dans lesquelles sont assemblées les courbes.13° Coquille univalve.XIIIe s.• Laiens s'est li paiens trestout seus [seul] enfermés ; Deus bons cotiaus d'acier en a o lui [avec soi] portés, Et poinchons et alesnes..., Ch. d'Ant. VI, 318.• Il est à Paris orfevre qui veut et qui faire le scet, pourtant qu'il soit tel esprouvé... de tenir et lever forge et d'avoir poinçon à contre-seing, DE LABORDE Émaux, p. 383.XVe s.• Et au front devant estoient mis les archiers en ordonnance tous à pied, ayans chascun devant luy poinçons aguisez fichez devant eux, MONSTREL. t. II, p. 49, dans LACURNE.XVIe s.• Les poinçons de lettres grecques qu'il a entreprins et promis tailler et mettre es mains du dict Robert Estienne, Mandement de François Ier, dans Bibl. des ch. 3e série, t. III, p. 170. J'ay veu une fille, pour tesmoigner l'ardeur de ses promesses et aussi sa constance, se donner, du poinçon qu'elle portoit en son poil, quatre ou cinq bons coups dans le bras, MONT. I, 309.Espagn. punzon ; ital. punzone ; du lat. punctionem, changeant de genre en passant au concret (comme dans l'anc. franç. prison pour prisonnier), de punctum, supin de pungere (voy. poindre). Poinçon a en charpente et dans l'ancienne langue le sens de pieu, sens venu de la forme.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. POINÇON. Ajoutez :REMARQUE Il faut définir ainsi le poinçon en charpente : c'est une pièce de bois ou de métal qui est toute droite sous le faîte du bâtiment, et qui sert pour l'assemblage des fermes et faîtes ; cette pièce, placée verticalement au milieu d'une ferme, est supportée à son extrémité supérieure par les arbalétriers, et soutient l'entrait ou le tirant avec lequel elle est assemblée à sa partie inférieure.Ajoutez :XIVe s.• Ou [au] vergier avoit tantes [tentes] maintes, Dont les colomes, li poinsson [poteaux] Eraint d'argent en jusquenssom [jusqu'en haut], MACÉ Bible en vers, f° 99, verso, 1re col..————————poinçon 2.(poin-son) s. m.Sorte de tonneau qui tient à peu près les deux tiers d'un muid.• Six douves de poinçon servaient d'ais et de barre, RÉGNIER Sat. XI.XIIIe s.• Autant doit la queue de rouage come li tonniax, et li ponchon come la queue, et li petit tonnel come li grans, Liv. des mét. 295.XVIe s.• Le meilleur fut qu'il n'y avoit aux trois tours que trente poinçons de poudre, D'AUB. Hist. I, 342.Origine incertaine. Outre ponchon, la vieille langue a poçon, pochin, pour une certaine mesure ; possonnes, burettes. Poisson est aussi le même mot. Mais il n'est guère possible d'aller au delà de ces rapprochements.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE2. POINÇON. - HIST. Ajoutez :XIVe s.• Un vieil poinsson vuit et les douves d'un autre poinsson, Bibl. des ch. 1872, p. 361.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.