- pluralité
- (plu-ra-li-té) s. f.1° Le plus grand nombre. La pluralité des hommes.• L'extrême esprit est accusé de folie, comme l'extrême défaut ; rien que la médiocrité n'est bon ; c'est la pluralité qui a établi cela, et qui mord quiconque s'en échappe, PASC. Pens. VI, 14, édit. HAVET..• Pourquoi suit-on la pluralité ? est-ce à cause qu'ils ont plus de raison ? non, mais plus de force, PASC. ib. v, 4.2° La pluralité des voix, ou, simplement, pluralité, le plus grand nombre des voix ou suffrages.• La pluralité des voix n'est pas une preuve qui vaille rien pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu'il est bien plus vraisemblable qu'un homme seul les ait rencontrées que tout un peuple, DESC. Méth. II, 4.• Les voix se recueillent, la pluralité l'emporte, la supérieure est élue...., BOURDAL. Pensées, t. II, p. 463.• Il ne tint qu'à trente et une voix qu'il [Socrate] ne fût renvoyé absous ; car en ce cas il y en aurait eu deux cent cinquante et une, ce qui aurait fait la pluralité, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 414, dans POUGENS.• Cette opinion fut rejetée par la pluralité de 46 voix contre 28, MIRABEAU Collection, t. I, p. 6.• La grande pluralité a prononcé mon exclusion, MIRABEAU ib. t. I, p. 95.Pluralité absolue, celle qui se forme de plus de la moitié des votes.Pluralité relative, celle qui l'emporte sur chacune des autres fractions de suffrage.Aujourd'hui, on dit presque exclusivement majorité, qui est l'anglais majority, provenu lui-même du français majorité, et détourné, dans cette langue, de son sens propre à celui de pluralité ; nous avons donc eu tort d'abandonner notre mot ancien et excellent.3° Multiplicité.• Métrodore se persuadait tellement la pluralité des mondes, qu'il ne trouvait pas moins d'absurdité à vouloir que toute une campagne ne fût faite que pour produire un seul épi de blé, qu'à soutenir l'unité de ce monde dans l'étendue infinie d'un si grand univers, LAMOTHE LE VAYER Vertu des païens, II, Épicure..• La pluralité des femmes, autrefois permise ou tolérée, mais pour un temps et pour des raisons particulières, fut ôtée à jamais [par le christianisme], BOSSUET 4e avert. 2.• De la Pluralité des mondes, titre d'un ouvrage de Fontenelle.• Gassendi regarde ce sentiment [qu'il y a plusieurs mondes] comme opposé non-seulement à l'autorité des Écritures saintes qui ne font aucune mention de la pluralité des mondes, et qui paraissent n'en supposer qu'un seul, mais encore...., ROLLIN Hist. anc. XXVI, III, II, 2.• Que savons-nous si Damis n'est point de ces petits scélérats qui ne se font point scrupule de la pluralité des dots ?, LE SAGE Crisp. riv. de son maître, SC., 11.• Les rois [mérovingiens], avec l'usage passager des maîtresses, se permettaient encore la pluralité des femmes, ST-FOIX Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 32, dans POUGENS.Pluralité des bénéfices, possession de plusieurs bénéfices.• Quelle que puisse être l'abondance des biens que l'Église vous a confiés (je n'examine pas ici si cette abondance est dans les règles, et si la pluralité des titres que vous possédez.... est conforme aux intentions, à l'esprit et aux plus saintes lois de l'Église....), MASS. Confér. Us. des revenus ecclés..4° Terme de grammaire. S'emploie quelquefois comme synonyme de pluriel.Donner à un mot le signe de la pluralité.XIVe s.• Pluralité de princez [principatus, souveraineté] n'est pas bonne, ORESME Thèse de MEUNIER..XVIe s.• Sur l'heure mesme fut arresté à la pluralité des voix qu'ils seroient executez à mort, AMYOT Cic. 24.• [Là où l'on gagne sa vie] la pluralité et compaignie des enfants, c'est un adgencement de mesnage, MONT. II, 74.Prov. pluralitat ; espagn. pluralidad ; ital. pluralità ; du lat. pluralitatem, de pluralis (voy. pluriel).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.