- placard
- (pla-kar ; le d ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's ne se lie pas : des pla-kar ornés ; quelques-uns la lient, des pla-kar-z ornés) s. m.1° Ce qu'on plaque.Dans le langage familier. Ce qui est appliqué en plaquant, tas, amas. Vous avez mis là un placard de pommade.2° Terme de construction. Se dit de l'assemblage de menuiserie qui forme la porte d'un appartement ou d'une armoire.Placard double, celui qui, dans une baie de porte, est répété devant et derrière.Placard feint, celui qu'on pratique sur un lambris pour faite symétrie avec une porte.Porte à placard, porte ornée de diverses pièces.3° Par extension, on le dit de l'armoire elle-même, quand elle est une armoire creusée dans la muraille, et non une armoire mobile. Il n'y a pas de placards dans cet appartement.Face d'armoire qui affleure un tuyau de cheminée pour en dérober la saillie.4° Terme de marine. Sorte de poulie plate.Doublage appliqué à une voile qui commence à s'user.Sorte de soupape de cuir ou de toile à l'orifice d'un dalot.5° Écrit ou imprimé affiché dans les places et les rues pour donner un avis au public.• Aussitôt que l'on eut la nouvelle de l'approche de M. le Prince, il y eut des placards affichés, et une grande émeute sur le Pont-Neuf, RETZ Mém. t. III, liv. IV, p. 220, dans POUGENS.• On publia un placard du roi de Suède, par lequel il était défendu à tous ecclésiastiques séculiers et réguliers dans Varsovie, sous des peines très grièves, de se mêler des affaires de l'État, VOLT. Charles XII, 3.• Comme on n'a plus rien à dire au peuple, sinon donnez de l'argent, on le dit avec des placards au coin des rues, ou des soldats dans les maisons, J. J. ROUSS. Ess. sur l'orig. des langues, ch. 20.Affiche indicative de biens à vendre judiciairement.6° Écrit injurieux ou séditieux appliqué au coin des rues, ou répandu parmi le peuple.• Les placards furent répandus dans tout Paris [par les calvinistes], attachés et semés dans tous les carrefours, attachés jusqu'à la porte de la chambre du roi, BOSSUET Var. X, 51.• Ce qui piqua le roi davantage, ce fut l'inondation des placards les plus hardis contre sa personne, SAINT-SIMON 232, 101.• On a condamné un homme à mort pour des placards [en 1760], et, le lendemain de son exécution, on en trouve aux coins des rues de plus séditieux, DIDER. Mém. t. I, p. 271, dans POUGENS.• Les placards injurieux [à Louis XIV] s'affichaient aux carrefours, aux pieds des statues du roi, DUCLOS Oeuv. t. v, p. 28.7° Terme d'imprimerie. Composition imprimée par colonnes et d'un seul côté. Un placard. Corriger une épreuve en placard.8° Terme de diplomatique. Se dit d'une lettre, d'une pièce quelconque, dont le parchemin est dans toute son étendue et non plié.• Il [le cardinal de Richelieu] se fit laisser les statuts [de l'Académie française] pour les voir, et les renvoya quelque temps après signés de sa main, et contre-signés par Charpentier son secrétaire, et scellés de ses armes en placard, PELLISSON Hist. Acad. I.9° Terme de gravure. S'est dit pour cul-de-lampe.XVe s.• À ce mot, les deputés tirerent hors de leur sein les scellés et les placquars que le duc leur avait donné, G. CHASTEL Chr. des d. de Bourg. III, 114.• Ai reçu vos lettres en forme de placard, à moi adressants, escrites le troisieme jour de ce mois, MONSTREL. II, 27.XVIe s.• Ceux qui se trouveront avoir faicts et mis les placardz dont vous m'escrivez, CONDÉ Mém. p. 610.• Mon opinion n'est pas de vous bastir icy une histoire entiere de sa vie, ains de vous en remarquer quelques signalez placards, PASQUIER Rech. VI, p. 524, dans LACURNE.Plaquer.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.