- pente
- (pan-t') s. f.1° Inclinaison d'un lieu haut vers un lieu bas.• Quelle que soit la pente et l'inclination Dont l'eau par sa course l'emporte, LA FONT. Fabl. III, 16.• On montait à la citadelle par trois rues en pente, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 553, dans POUGENS.• En examinant sur le globe quels sont les fleuves qui ont le plus de pente, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. terr. Oeuv. t. II, p. 74.• Le brouillard nous fit manquer une pente de gazon par laquelle nos guides nous promettaient de nous faire descendre, SAUSSURE Voy. Alpes, t. v, p. 142, dans POUGENS.• Le ruisseau n'apprend pas à couler dans sa pente, LAMART. Nouv. Méd. 5.• Le maréchal se trouvait engagé, avec une seule division, dans une gorge étroite, profonde et environnée de bois et de collines dont toutes les pentes nous étaient contraires, SÉGUR Hist. de Napol. v, 3.Dans la théorie des plans cotés, la pente d'une droite est le rapport de la différence de niveau de deux de ses points à leur distance horizontale. La ligne de plus grande pente d'un plan est la droite perpendiculaire aux horizontales de ce plan ; et la pente du plan est la pente de cette droite.2° En technologie, instrument indiquant aux ouvriers l'inclinaison que doivent présenter certaines parties des pièces qu'ils travaillent, relativement aux autres parties.3° Terme de tapissier. Bande qui pend autour d'un ciel de lit, sur le haut des rideaux.• Si vous trouviez dans Avignon ou dans Lyon de quoi faire des rideaux, un fond, un dossier, des soubassements, des pentes...., SÉV. 21 août 1675.Bandes d'étoffe qui, dans les bibliothèques, s'attachent aux tablettes, pour garantir les livres de la poussière.4° Terme de construction. Pente de comble, l'inclinaison d'un des côtés d'un comble, qui le rend plus ou moins raide sur sa hauteur, par rapport à sa base.Pente de plâtre, enduit de plâtre sur lattes ou voliges, préparé pour recevoir les feuilles de plomb, de zinc, destinées à former des chéneaux ou des gouttières.5° Terme de paveur. Pente courante et pente latérale : la première suit la longueur de la voie ; la seconde tombe sur sa largeur.Contre-pente, interruption d'un niveau de pente, soit par malfaçon, soit par l'affaissement du terrain.6° Terme de menuisier. Inclinaison donnée au fer d'un outil.En armurerie, courbure que présente la crosse d'un fusil.7° Action de suspendre le tabac.• Aussitôt qu'il [le tabac] est arrivé à la métairie, on le met à la pente, afin qu'il sèche, GENLIS Maison rust. t. III, p. 174, dans POUGENS.8° Terme de marine. Dans les vaisseaux, côtés pendants des tentes.9° Fig. Ce qui est comparé à l'inclinaison d'un terrain. La pente des ans.• Tant vous avez eu d'adresse à mettre les choses en état de vous être avantageuses, quelque pente qu'elles puissent prendre, PASC. Prov. XVII.• On s'égare un seul moment de la vie, on se détourne d'un seul pas de la droite route ; aussitôt une pente inévitable nous entraîne et nous perd : on tombe enfin dans un gouffre, J. J. ROUSS. Hél. III, 18.10° Fig. Ce qui fait pour l'âme ce que fait pour les corps l'inclinaison.• C'est ce qui m'a obligé à lui donner une pente vers la personne de Lucrèce au cinquième acte, CORN. le Ment. Examen..• Il faut tendre au général, et la pente vers soi est le commencement de tout désordre, PASC. Pens. XXIV, 56, éd. HAVET..• Elle [Mme de la Fayette] vous conseille d'observer la pente naturelle de son esprit [de Pauline, fille de Mme de Grignan], SÉV. à Mme de Grignan, 1er nov. 1688.• Il [Corbinelli] regarde avec respect la tendresse que j'ai pour vous.... il est bien loin de me conseiller de m'opposer à cette pente, SÉV. 20 oct. 1679.• La pente entraîne le peuple à l'idolâtrie, BOSSUET Hist. II, 3.• L'indifférence qu'il [saint François de Sales] enseigne n'empêche pas une vertueuse pente de la volonté d'un côté, BOSSUET Ét. d'orais. VIII, 2.• Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple abusée, Et suivait du plaisir la pente trop aisée, RAC. Bérén. II, 2.• Tu ressens pour le jeu la pente la plus forte, REGNARD Ménechm. I, 2.• Tel, par sa pente naturelle, Par une erreur toujours nouvelle, Quoiqu'il semble changer son cours, Autour de la flamme infidèle Le papillon revient toujours, GRESS. Chartr..• Le vice est une pente habituelle ; le crime n'est qu'un mouvement, MARMONTEL Oeuv. t. VIII, p. 403.• Il semble qu'il y ait une pente qui entraîne les hommes vers l'équateur, c'est l'effet nécessaire de l'attrait de la chaleur et des richesses ; c'est la pente du besoin et de l'intérêt, BAILLY Atlantide, lett. 22.Avoir une pente à, être enclin à.• Le naturel de l'homme a tant de pente aux vices, Qu'il s'y replonge à tous moments, CORN. Imit. I, 22.• J'ai une pente naturelle à me laisser aller à tout ce qui m'attire, MOL. Fest. III, 6.• La pente qu'on a à recevoir sans examen tout ce qui est à son avantage, NICOLE Ess. de mor. 1er traité, ch. 6.• Avec toute la pente qu'on a aux malignes interprétations, LA BRUY. III.La pente de quelqu'un, ce qui l'entraîne habituellement.• Quant à l'humeur contredisante, Je ne sais s'il avait raison, Mais que cette humeur soit ou non Le défaut du sexe et sa pente...., LA FONT. Fabl. III, 16.On dit dans un sens analogue : la pente du coeur, de l'âme, etc.• Ceux qui avec une pente invincible de leur volonté aiment parfaitement, PASC. Prière..• Quand il suit librement la véritable pente de son coeur, FÉN. Tél. XII.• Selon la pente de leur âme et le caractère de leur esprit, VAUVENARGUES. Du génie..• Deux ou trois mois se passèrent ainsi à tâter la pente de mon esprit, J. J. ROUSS. Confess. VI.• Toujours accessible, cherchant par la pente naturelle de son caractère à plaire à ceux qui se présentaient à lui, CONDORCET Maurepas..XVIe s.• Une pente raide, AMYOT Cam. 47.• Trois pieces de fine tapisserye et quatre pentes, pour fournir une garniture de ciel de lict de camp, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 498.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.