- penchant
- penchant, ante 1.(pan-chan, chan-t') adj.1° Qui penche, qui est incliné.• Il y a une grande différence de relever une maison ruinée, et de la soutenir quand elle est penchante, BOSSUET Réfut. catéch. Ferry, II, 5.• Le Rhin.... Appuyé d'une main sur son urne penchante, BOILEAU Ép. IV.• Des monts, des rocs suspendus et penchants, MALFIL. Narcisse, I.• [Hylas] Se courbe, et, s'appuyant à la rive penchante, Dans le cristal sonnant plonge l'urne pesante, A. CHÉNIER Idylles, Hylas..Fig.• Étrange aveuglement de l'homme, qui, tout penchant qu'il est à la mort, ne veut prendre qu'à l'extrémité les sentiments d'un mourant !, BOSSUET Pensées chrétiennes, 2.Terme de zoologie. Se dit des ailes d'un insecte, quand le bord interne est plus élevé que l'externe.2° Fig. Qui est dans le déclin, sur son déclin.• Ô mon fils ! ô ma joie ! ô l'honneur de nos jours ! ô d'un état penchant l'inespéré secours !, CORN. Hor. IV, 2.• Rendez-vous, comme lui, digne de ce dépôt, Que son âge penchant vous remettra bientôt, CORN. Pulch. V, 6.• Quand nous nous voyons penchants sur le retour de notre âge, que nous comptons déjà une longue suite de nos ans écoulés, BOSSUET Panég. St Bernard, 1.• Si le monde penchant n'a plus que cet appui, Je le plains, RAC. Alex. II, 2.3° Fig. Enclin.• Le coeur des hommes est étrangement penchant à la légèreté !, PASC. Jésus-Christ, 19, édit. FAUGÈRE..————————penchant 2.(pan-chan) s. m.1° Le terrain qui est en pente.• La grotte de la déesse était sur le penchant d'une colline, FÉN. Tél. I.• Sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j'aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts, J. J. ROUSS. Ém. IV.Se dit aussi du cours incliné d'une rivière.• De même qu'une eau débordée ne fait pas partout les mêmes ravages, parce que sa rapidité ne trouve pas partout les mêmes penchants et les mêmes ouvertures, BOSSUET Reine d'Anglet..Fig.• Seigneur, dans le penchant que prennent les affaires, Les grands discours ici ne sont pas nécessaires, CORN. Attila, I, 2.Fig. Être sur le penchant de sa ruine, de sa chute, c'est-à-dire sur le point d'être ruiné, d'être perdu, de tomber.• Vivre dans une pareille incertitude, toujours exposé aux caprices de l'un, aux intrigues de l'autre, et toujours sur le penchant d'une ruine affreuse, BOURDAL. Dominic. IV, Ambit. 131.• L'État est sur le penchant de sa ruine, LA BRUY. X..• Tirer un peuple de l'état de barbarie, le soutenir dans sa splendeur, l'arrêter sur le penchant de sa chute, sont trois opérations difficiles ; mais la dernière l'est davantage, RAYNAL Hist. phil. XV, 12.Fig. Se retenir sur le penchant du précipice, avoir la force, la prudence de s'arrêter sur le point prêt à amener la ruine.2° Fig. Déclin, en parlant de ce qui a un cours et marche vers un terme.• Je crois avoir juste raison d'appréhender pour lui [Riolan], d'autant que je le vois dans un grand penchant de ses forces, GUI PATIN Lett. t. I, p. 164.• Bien qu'il parût déjà dans le penchant de l'âge, CORN. Oed. IV, 4.• Il n'y a guère de personnes qui, dans le premier penchant de l'âge, ne fassent connaître par où leur corps et leur esprit doivent défaillir, LAROCHEFOUC. Max. 222.• Le jour décline, le soleil est sur son penchant, BOSSUET 2e sermon, Char. fratern. 3.• ....Le char de l'automne au penchant de l'année Roule déjà poussé par la main des hivers, LAMART. Médit. I, 3.La fortune, la faveur de cet homme est sur son penchant, elle est sur son déclin.3° Fig. Impulsion forte vers quelque chose ou vers quelqu'un.• Qu'aisément l'amitié jusqu'à l'amour nous mène ! C'est un penchant si doux qu'on y tombe sans peine, CORN. Héracl. III, 1.• Ah ! si d'un autre amour le penchant invincible Dès lors à mes bontés vous rendait insensible, RAC. Mithr. IV, 4.• Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux, RAC. Phèdre, IV, 6.• Cette tendresse née avec nous, cette destinée des penchants, vaines expressions dont la corruption tâche de couvrir la honte du vice, MASS. Carême, Enf. prod..• Je n'ai fait, dans les horribles désastres des Calas et des Sirven, que ce que font tous les hommes : j'ai suivi mon penchant ; celui d'un philosophe n'est pas de plaindre les malheureux, c'est de les servir, VOLT. Polit. et législ. Lett. à d'Alembert sur les Calas et les Sirven.• Lorsque Madame fit travailler Racine et Corneille à la tragédie de Bérénice, elle avait en vue non-seulement la rupture du roi avec la connétable Colonne, mais le frein qu'elle-même avait mis à son propre penchant, de peur qu'il ne devînt dangereux, VOLT. Louis XIV, 25.• Les hommes n'ont qu'un penchant décidé, c'est leur intérêt, DUCLOS Consid. moeurs, 10.• Rien ne montre mieux les vrais penchants d'un homme que l'espèce de ses attachements, J. J. ROUSS. Conf. VII.• Le penchant est un premier degré de mouvement ; la passion est un mouvement dans toute son intensité, BONNET Ess. anal. âme, ch. 18.Penchant vers, se dit en parlant des personnes.• Quel que soit vers vous le penchant qui m'attire, RAC. Mithr. II, 6.Penchant pour, se dit en parlant des personnes et des choses.• Il avait un penchant infini pour les femmes, HAMILT. Gramm. 10.• Je croyais avoir entendu dire à madame, qu'elle n'avait point de penchant pour lui, MARIV. Fausses conf. I, 15.• Le czar, qui voulait réformer sa nation, ne put jamais corriger dans lui-même son penchant dangereux pour la débauche, VOLT. Charles XII, 2.• Compagne d'hommes innocents et paisibles, la bergeronnette semble avoir pour notre espèce ce penchant qui rapprocherait de nous la plupart des animaux, s'ils n'étaient repoussés par notre barbarie, BUFF. Ois. t. IX, p. 379.Penchant à, se dit en parlant des choses et en construction avec un infinitif.• Quoique nés dépendants et sujets à Dieu, nous avons, mes frères, un penchant à nous révolter contre la loi de Dieu qui nous domine, BOURDAL. Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 156.• Même élévation de génie et de courage [chez le duc et la duchesse de Montausier], même penchant à la vertu, FLÉCH. Duc de Mont..Penchant n'a un pluriel que lorsqu'il se dit absolument, sans régime : Il faut résister à ses penchants ; Les bons penchants, les mauvais penchants. Quand il régit à, pour, vers, il se met toujours au singulier. On dit : Il a un grand penchant à la vanité, et non pas de grands penchants.PENCHANT, INCLINATION. L'inclination est plus faible que le penchant, c'est l'effet d'une simple impression qui fait plier ou courber la chose d'un côté. L'inclination fait tendre vers un objet ; le penchant y entraîne.Penchant 1.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.