- aveu
- (a-veu, au plur. a-veû, la prononciation étant comme dans affreux) s. m.1° Terme de féodalité. Acte établissant une vassalité.Homme sans aveu, vagabond, homme qui n'a ni feu ni lieu ; proprement, homme qui n'est avoué d'aucun seigneur féodal.Par extension, en parlant des choses, qui n'est reconnu de personne.• Une telle aventure [Philippe III soumis à l'inquisition] n'est rapportée que dans des livres sans aveu, VOLT. Moeurs, 140.2° Agrément, approbation, consentement. Je n'en puis user sans ton aveu. Il a fait cela avec l'aveu ou de l'aveu du gouvernement.• Si vos amis de Rome en ont pris quelque soin, C'était sans mon aveu, je n'en ai pas besoin, CORN. Nicom. IV, 2.• Si vos promesses n'ont l'aveu de Viriate, CORN. Sertor. IV, 3.• Et par son propre aveu la reine d'Arménie Est due à l'héritier du roi de Bithynie, CORN. Nicom. IV, 5.• Je crains que ce don n'ait jamais son aveu, CORN. Sertor. IV, 3.• Jusqu'à ce que ma flamme ait eu l'aveu d'un père, CORN. le Ment. V, 6.• J'ai besoin pour cela de l'aveu de quelque autre, MOL. le Dép. II, 2.• Ils ont un ordre de ne rien imprimer sans l'aveu de leurs supérieurs, PASC. Prov. 5.• J'obtins l'aveu d'Agrippa votre frère, PASC. Bérén. I, 4.• Sans votre aveu l'on me fait prisonnier, PASC. Plaid. II, 9.• Quelle verve indiscrète, Sans l'aveu des neufs soeurs, vous a rendu poëte, BOILEAU Sat. IX..• Par un écrivain estimable, qui avait l'aveu du public, D'ALEMB. Acad. fr. V, p. 160.3° En jurisprudence, reconnaissance que fait une partie du droit prétendu par son adversaire. L'aveu d'une dette.4° Action d'avouer, de confesser, de convenir. Après l'aveu de sa faute. Arracher ou tirer des aveux. Leur silence paraissait un aveu.• Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement et nous arracher cet aveu d'avoir failli, qui coûte tant à notre orgueil, BOSSUET Reine d'Anglet..• Que de peine à faire un aveu sincère !, BOSSUET Euch. 2.• Dieu, reçois son aveu du sein de ton empire, VOLT. Zaïre, II, 3.• C'est le sincère aveu que je voulais vous faire, RAC. Brit. IV, 2.• .... Elle vous veut faire l'aveu fidèle D'un secret...., RAC. Baj. V, 5.• Je meurs pour ne point faire un aveu si funeste, RAC. Phèd. I, 3.• Ce franc aveu sied bien aux grands courages, CORN. Sertor. III, 2.De l'aveu de, avec le témoignage de.• Il est certain, de l'aveu des Juifs...., BOSSUET Hist. II, 8.• Il est certain, de leur aveu propre, que...., BOSSUET ib. III, 6.• La chose s'était passée, de son aveu, en tout bien tout honneur, HAMILT. Gramm. 9.AVEU, CONFESSION. Aveu est plus général que confession ; il s'applique à tout ce que l'on avait le dessein de cacher, bon ou mauvais. La confession ne s'applique qu'au mal, à un tort, à un méchef. Aussi la torture, la menace arrachent non une confession, mais des aveux.XIIIe s.• Et en tel cas, est il bon as tenans, qu'il ne facent nus aveus ; car il pourroient perdre, BEAUMANOIR XLV, 4.XVe s.• Advint que aulcuns larrons bourguignons sans maistre ne adveu, se mirent sur les champs, J. DE TROYES Chron. 1474.XVIe s.• Sans l'adveu de nostre volonté, MONT. I, 98.• Le seigneur et le vassal sont tenus reciproquement s'entre-communiquer, de bonne foi, leurs aveus, denombremens et autres lettres ; ou s'en purger par serment, LOYSEL 593.• Un seigneur ne peut contraindre son vassal de bailler aveu [état, dénombrement de ce qu'il avoue tenir de lui] plus d'une fois en sa vie, LOYSEL 599.• Pour simples meubles, on ne peut intenter complainte ; mais en iceux, echet aveu [revendication] et contre-aveu, LOYSEL 754.• Ilz demandoient en courroux à Phoebidas par commandement et adveu de qui il avoit fait ceste surprise, AMYOT Agésil. 38.À et voeu (voy. avouer). La série des sens est : action de vouer, et proprement, de vouer service féodal ; puis approbation ; puis reconnaissance de ce qui est dû ; et finalement confession.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.