- paresse
- (pa-rè-s') s. f.1° Propension à ne pas travailler.• C'est se tromper que de croire qu'il n'y ait que les violentes passions, comme l'ambition et l'amour, qui puissent triompher des autres ; la paresse, toute languissante qu'elle est, ne laisse pas d'être souvent la maîtresse, LA ROCHEFOUCAULD Max. 266.• Nous avons plus de paresse dans l'esprit que dans le corps, LA ROCHEFOUCAULD ib. 487.• L'orgueil ou la paresse, qui sont les deux sources de tous les vices, PASC. Pens. XII, 11.• Par le travail on charmait l'ennui, on ménageait le temps, on guérissait la langueur de la paresse, BOSSUET Anne de Gonz..• Il méprisa ces âmes oisives qui n'apportent d'autre préparation à leurs charges que celles de les avoir désirées.... et qui n'achètent ces titres vains d'occupation et de dignité que pour satisfaire leur orgueil et pour honorer leur paresse, FLÉCH. le Tellier..• L'ennui est entré dans le monde par la paresse ; elle a beaucoup de part à la recherche que font les hommes des plaisirs, du jeu, de la société, LA BRUY. XI.• Subjuguant la paresse engourdie, Lâche tyran qui n'entraîne après lui Que l'ignorance et le stupide ennui, J. B. ROUSS. Ép. II, 6.• Examinez toutes les nations, et vous verrez que, dans la plupart, la gravité, l'orgueil et la paresse marchent du même pas, MONTESQ. Espr. XIX, 9.• Ma paresse était moins celle d'un fainéant que celle d'un homme indépendant qui n'aime à travailler qu'à son heure, J. J. ROUSS. Conf. IX..La paresse est un des sept péchés capitaux.Familièrement et fig. Relever quelqu'un du péché de paresse, le remettre vivement à son devoir.2° Un acte de paresse.• Je n'ai point reçu de vos lettres.... et quoique... je sois assurée.... que ce désordre vienne d'un laquais et d'une paresse, je n'ai pas laissé d'être toute triste et toute décontenancée, SÉV. 14 févr. 1685.3° Faiblesse de tempérament qui porte à ne pas agir.• Pendant que la paresse et la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a souvent tout l'honneur, LA ROCHEF. Max. 169.• Vous connaissez l'homme et sa paresse naturelle à soutenir la conversation, MOL. Critique, 2.• Le mérite en repos s'endort dans la paresse, BOILEAU Épître VII.• L'on fait l'aveu de sa paresse en des termes qui signifient toujours son désintéressement et que l'on est guéri de l'ambition, LA BRUY. XI.• Les femmes guérissent de leur paresse par la vanité ou par l'amour, LA BRUY. III.• Si je voulais ériger mes vices en vertus, j'appellerais ma paresse une indolence philosophique, LE SAGE Gil Bl. III, 1.4° Amour du repos, humeur paisible. La paresse a ses douceurs.5° Lenteur.• Vous avez vu l'Espagne et surtout les Gaulois Par des ambassadeurs accuser ma paresse, RAC. Mithr. III, 1.Fig.• Où donc est ce grand coeur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ?, BOILEAU Lutr. II.Paresse d'esprit, lenteur, nonchalance d'esprit qui empêche de concevoir promptement ou de s'appliquer avec force.• Nous disons que c'est la paresse d'esprit qui ôte le goût des bons livres et même des romans, SÉV. 10 déc. 1688.PARESSE, FAINÉANTISE. La fainéantise est plus que la paresse. Le fainéant ne fait rien ; le paresseux ne travaille qu'à regret, avec lenteur.XIe s.• Vostre parecce, Rolant, mar [à mal] là [nous] veïsmes, Ch. de Rol. CXXIX.XIIIe s.• Valor qui leur defent mauvaistié et paresse, AUDEFR. LE BAST. Romancero, p. 25.• Toute l'estoire voil porsuivre, Jà peresce ne m'iert [ne me sera] d'escrivre, la Rose, 3516.• Il ne me sera jà à peresce, Que me face une forteresce Qui les roses clorra entor, ib. 3633.• En toz les cas où ses sires perdroit par sa tricerie ou par sa fole pereche, BEAUMANOIR IV, 22.XVIe s.• Brief il ne luy mesadvint jamais par sa paresse, ny par se trop arrester et estre subject à son plaisir, AMYOT Anton. et Démétr. 4.Provenç. pereza, pareza ; cat. peresa ; esp. pereza ; du lat. pigritia. Entre pigritia et paresse, la forme perece fait l'intermédiaire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.