- papillon
- (pa-pi-llon, ll mouillées, et non papi-yon) s. m.1° Insecte à quatre ailes, couvertes d'écailles fines comme de la poussière.• Imaginez-vous l'application d'un enfant à élever un château de cartes ou à se saisir d'un papillon ; c'est celle de Théodote pour une affaire de rien, LA BRUY. VIII.• Églé.... C'est un coeur, mais un coeur.... Un papillon souffrant lui fait verser des larmes, GILBERT XVIIIe siècle..• Ç'avait été un Italien, le célèbre Malpighi, qui avait imaginé le premier de féconder artificiellement les oeufs du papillon du ver à soie ; et ç'a été un autre Italien, Malpighi II, qui a réussi le premier à opérer cette fécondation, BONNET Lett. div. Oeuv. t. XII, p. 354, dans POUGENS.• On est allé chercher le papillon dans la chenille elle-même, et l'on est parvenu à l'y découvrir, BONNET Consid. corps organ. Oeuv. t. v, p. 282, dans POUGENS.• Voyez ce papillon échappé du tombeau ; Sa mort fut un sommeil, et sa tombe un berceau, DELILLE Trois règnes, VII.• Et, suivant dans les airs son léger tourbillon, Flore attend ses destins des jeux d'un papillon, DELILLE ib. VI.Papillon à ailes en plumes, ptérophore.Papillon à tête de mort, espèce de sphinx.Papillons estropiés, papillons de jour dont le port d'ailes est irrégulier (genre hespérie).Fig. et familièrement. C'est un papillon, se dit d'un esprit léger et volage.• Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet, LA FONT. Poés. mêl. LXIX.• J'étais chenille, j'ai pris quelquefois des ailes de papillon, mais je suis redevenu chenille, VOLT. Corresp. à Richelieu, 19 août 1766.Fig. Il court après des papillons, se dit d'un homme qui s'amuse à des bagatelles.Fig. Il va se brûler à la chandelle comme un papillon, c'est-à-dire il se laisse tromper par des apparences agréables.Voler le papillon, se disait de l'oiseau qui, au lieu de voler le gibier, s'amusait à voler le papillon, et fig. de celui qui s'amuse à des minuties au lieu de poursuivre le fond des choses.• Par là je répondrai à beaucoup de choses du dernier écrit que je ne crois pas devoir traiter en particulier : ce serait voler le papillon, CH. DE SÉV. Sur l'art poétiq. d'Hor. dans SÉVIGNÉ, t. XI, p. 328, édit. RÉGNIER..• C'était une étrange folie que voler le papillon aux dépens de l'objet si principal de prendre Turin, SAINT-SIMON 162, 129.Faire le papillon, se dit de la vigne, lorsque ses bourgeons, en s'épanouissant, ne donnent qu'une feuille de chaque côté, qui ressemble aux ailes d'un papillon.2° Fig. Papillon, une affaire qui ne finit pas.• C'est bien ce papillon dont je parlais à mon fils, sur quoi on croit mettre le pied et qui s'envole toujours, SÉV. 2 juillet 1677.• J'ai mis le bout du pied sur un bout de l'aile du papillon : sur neuf mille francs, j'en ai touché deux, SÉV. 30 juill. 1677.• Je suis à Paris pour ce chien de papillon : je n'ai pas encore mis entièrement le pied dessus, c'est-à-dire touché cette belle somme que vous savez, SÉV. 28 juill. 1677.3° Fig.• Papillons noirs, visions noires, idées lugubres ; locution tirée de ces paroles de Patelin feignant le délire : Ma femme, chasse, chasse ces papillons noirs, qui volent autour de moi, BRUEYS Avocat Patelin, II, 3.4° Partie d'une coiffe qui va en s'élargissant comme les ailes d'un papillon.• Veuve depuis quelques années d'un vieux mari fort riche, ayant elle-même plus des quarante, elle commence d'allonger son papillon et de parler morale, Mme ROLAND Lett. chois. p. 233, éd. DAUBAN..Ornement qui se met dans les cheveux et qui a la forme d'un papillon.• Elle place dans sa tête une étoile et un papillon de diamants, GENLIS Veillées du château t. I, p. 34, dans POUGENS.5° Terme de marine. Nom donné à une très petite voile que l'on grée quelquefois au-dessus des catacois.6° En géographie, on nomme papillon une petite carte insérée au coin d'une grande.7° Registre mobile autour d'un axe, qui sert à modérer ou arrêter le tirage de la cheminée dans les locomotives.Nom donné à des soupapes employées dans les usines d'affinage.8° Nom donné à une sorte de bec d'éclairage.9° Sorte de jeu de cartes. Faire petit papillon, se dit, à ce jeu, quand un joueur fait ses trois cartes avant que la partie soit terminée.• Vendôme jouait l'après-dînée à un papillon en un cabinet particulier, lorsque d'Antin arriva de Versailles, SAINT-SIMON 228, 63.10° La raie bouclée.Le colibri noir et bleu.11° Adj. Papillon, papillonne. La passion papillonne ou la papillonne, nom, dans le fouriérisme, par lequel on désigne la propension au changement.XIIIe s.• Des flors sali [saillit] un paveillon ; Des eles feri [frappa] mon menton, Fl. et Blanchefl. 2351.XIVe s.• Saichés de lui n'ai garde ne que d'ung papillon, Girart de Ross. V. 3260.XVe s.• Je me brulay à la chandelle, Ainsi que fait le papillon, CH. D'ORL. Rondel 74.XVIe s.• Gargantua couroyt voulentiers après les parpaillons, RAB. Garg. I, 11.• Amours, qui voletiez à l'entour de nos flames Comme gays papillons...., DESPORTES Diverses amours, Sonnet X.• Alaigre comme un papillon, COTGRAVE .• Joie de papillon, ID. .Berry et genév. parpillon ; wallon, pawion ; du lat. papilionem. Paré dit papillot. Pictet (I, 525) rapproche papilio du kymrique pila (papillon) et du sanscrit pilu [i long](insecte), pilaka (grosse fourmi noire) ; il tire tous ces mots de la racine pil (aller, vaciller) dont papilio serait une forme à redoublement.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPAPILLON. Ajoutez :12° Nom donné à la flamme de certains becs de gaz, qui s'étale en forme de papillon.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.