- paillard
- paillard, arde(pa-llar, llar-d', ll mouillées, et non pa-yar) s. m. et f.1° Proprement, celui, celle qui couche sur la paille, homme, femme misérable.• Deux forts paillards ont chacun un bâton Qu'ils font tomber par poids et par mesure, En observant la cadence et le ton, LA FONT. Paysan..• Remarquez, s'il vous plaît, mon cher lecteur, la malice du paillard qui outrage si clandestinement la mémoire de mon oncle, VOLT. Déf. de mon oncle, XI.2° Personne de vie dissolue (en ce sens, c'est un terme libre).• En la loi il ne recevait point pour offrande ni le prix du chien, ni le salaire de la paillarde, BALZ. le Prince, ch. x..• Sous sa houpelande Logeait le coeur d'un dangereux paillard, LA FONT. Herm..• Notre ami Guignard, Fesse-Mathieu, dévot et grand paillard, VOLT. Hypocr..Adj. Adonné à la luxure.• Il [Énée, demandant à passer le Styx] n'est ivrogne, ni paillard, Et Pluton n'est point au hasard De voir par lui faire insolence, SCARR. Virg. VI.XIVe s.• Houlier et ribaut et paillart, Qui touz jours la guerre commencent, En Normandie se relancent, GUIART Branche des royaux lignages, ann. 1204.• Et cilz, qui avoit son atour En habit de paillart changié, A devant la porte gaitié, le Roman du Chastelain de Couci, v. 3978.XVe s.• Tuez, tuez tous ces paillars machefains, ces larrons desroubeurs de Dieu et du monde, G. CHAST. Chr. des ducs de Bourg. III, 10.• L'an mil trois cens un avec quatre vins, Le premier jour du douteus mois de mars, Leva grant vant de paillars et coquins, Qui à Paris couru de toutes pars.... Fuyez, fuyez pour les maillez de plomb, E. DESCH. Poésies mss. f° 128.• En nostre ost y eust grande sequelle de paillards et paillardes à pié, qui faisoient le dommage des morts, COMM. VIII, 6.• Et que ledit frere Hieronime [Savonarole] n'estoit qu'un heretique et un paillard [mauvais homme], COMM. VIII, 19.XVIe s.• Tout ainsi que, si une femme impudique, pour navrer davantage le coeur de son mari, devant ses yeux faisoit chere à son paillard, CALV. Instit. 284.• Ils ne se meslent point avec les paillardes, CALV. ib. 275.• Galsonde, soeur aisnée de Brunehaud, deuxième femme de Chilperic, est estranglée dans son lit à l'instigation de Fredegonde, lors sa paillarde et depuis sa femme et espouse, PASQUIER Recherches, v, p. 410, dans LACURNE.• Le regime qui arreste le beuveur avant l'yvresse.... le paillard avant la pelade...., MONT. I, 177.• Les paillards Turcs m'avoient mis en broche tout lardé, RAB. II, 14.Paille. Le sens propre est : qui couche sur la paille, qui n'a que de la paille ; d'où le sens donné par du Cange : palhardus, homo nihili et infimae conditionis. De là aussi, le sens particulier que ce mot a aujourd'hui.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.