- ostentation
- (o-stan-ta-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.Excès dans la manière de faire valoir quelque titre, quelque possession, quelque action ou quelque qualité.• Elle enseigne à ranger tes sens sous ta puissance, à bannir de tes actions L'orgueil des ostentations, Et le fard de la complaisance, CORN. Imit. III, 54.• Quant au général [Annibal], il fut admiré de Scipion, qui, au milieu de la gloire, semblait porter envie à la capacité du vaincu ; et le vaincu, dont l'humeur était assez éloignée des vaines ostentations, crut toujours avoir quelque supériorité dans la science de la guerre, ST-ÉVREM. Réfl. sur les div. génies du peuple romain, VII.• Ces sortes de parures sont justement faites pour des gens de la naissance et de la dignité de M. de Grignan ; et vous dites une vraie sentence, en disant que l'ostentation des personnes modestes n'offense point l'orgueil des autres, SÉV. 22 juin 1689.• Il faut éviter l'ostentation comme la perte des bonnes oeuvres, BOSSUET Médit. sur les Évang. Sermon sur la montagne, 28e jour..• Nous ne voyions en Madame [mourante] ni cette ostentation par laquelle on veut tromper les autres, ni ces émotions par lesquelles on se trompe soi-même, BOSSUET Duch. d'Orl..• Quand Tertullien dit aux gentils que les chrétiens pouvaient se faire craindre à l'empire autant du moins que les Parthes et les Marcomans si leur religion leur permettait de se faire craindre à leurs souverains et à leur patrie, si c'était une expression forte et vigoureuse, ce n'était pas une vaine ostentation, BOSSUET 5e avert. 16.• J'oserai vous dire, nos chers frères, qu'il y a plus d'ostentation que de vérité dans la fréquente allégation de l'Écriture où vos ministres vous portent, BOSSUET 1re instr. pastor. 43.• Je n'estime pas que l'on puisse donner une idée plus juste de l'ostentation, qu'en disant que c'est dans l'homme une passion de faire montre d'un bien ou des avantages qu'il n'a pas, LA BRUY. Théophr. XXIII.• L'on peut s'enrichir dans quelque art, ou dans quelque commerce que ce soit, par l'ostentation d'une certaine probité, LA BRUY. VI.• Où est ici la bonne foi, cette équité dont vous faites tant d'ostentation dans vos démarches envers les hommes ?, MASS. Carême, Mot. de conv..• Jamais de ces ostentations si indécentes au sexe surtout, de ces étalages vulgaires d'incrédulité...., MASS. Or. fun. Madame..• Tous ces discours d'ostentation qui ne sont plus regardés que comme une partie des cérémonies qui passent en un jour, VOLT. Éloge fun. Louis XV.• Il fit cela de lui à moi, sans ostentation, sans prétention, sans bruit, et, si je n'en avais parlé le premier à tout le monde, personne n'en aurait rien su, J. J. ROUSS. Conf. XI.• Si le pouvoir exécutif n'est qu'un meuble d'ostentation, il est trop cher ; si ce pouvoir est nécessaire au maintien de l'ordre, craignons de l'énerver, MIRABEAU Collection, t. II, p. 261.XVIe s.• Il leur deffendit expressement de n'en rien faire, et que telles ostentations [pompes] ne luy estoient nullement agreables, CARL. X, 17.• Je supplie très humblement ceux auxquels les Muses ont inspiré leurs faveurs, de n'estre plus latineurs ny grecaniseurs, comme ils sont plus par ostentation que par devoir, RONS. 591.Lat. ostentationem (voy. ostentateur).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.