- audace
- (ô-da-s') s. f.1° Mouvement de l'âme qui porte à des actions extraordinaires, au mépris des obstacles et des dangers. Être plein d'audace.• Il eut l'audace de prendre.... Ils en sont venus à ce degré d'audace que.... Éteignit tout le feu de leur antique audace, RAC. Athal. I, 1.• Voilà ses yeux, sa bouche, et déjà son audace, RAC. Andr. II, 5.• À la haine bientôt ils ne joignent l'audace, RAC. Baj. I, 1.• Une autre cependant a fléchi son audace [insensibilité], RAC. Phèd. IV, 5.• Le succès fut toujours un enfant de l'audace, VOLT. Catil. III, 5.• Et l'audace impunie enfle trop un courage, CORN. Héracl. I, 2.• Après cela, madame, excusez mon audace, CORN. Nicom. III, 2.• De vous menacer on a même l'audace, ID. ib. II, 3.• Et dans l'un ni dans l'autre [parti], aucun n'a pris l'audace D'assassiner son chef pour monter en sa place, CORN. Sertor. I, 1.• M'aimez-vous ? - Oserais-je en prendre encor l'audace ?, CORN. ib. IV, 2.• Il est de ces instants où l'audace est prudence, DELAV. Vêp. sicil. IV, 2.• À ceux qui l'oppressaient [l'innocence] il ôtera l'audace, Et, sans distinction de richesse ou de race, Tous, de peur de la peine, auront peur de faillir, MALH. II, 1.Fig.• Aristote et Théophraste, pour excuser l'audace de ces figures [de rhétorique], BOILEAU Longin, Subl. 26.2° Nom que l'on donnait, du temps de Ménage, à une ganse qui servait à soutenir et a relever les bords du chapeauXVe s.• Sa douceur et clemence donnoit hardement et audace de hardiement deviser à lui, CHRIST. DE PISAN Hist. de Charles V, I, 16.Provenç. espagn. et ital. audacia ; du latin audacia, de audax, qui vient de audeo, oser (voy. oser).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREAUDACE. Ajoutez :3° Au plur. Actes d'audace.• En la philosophie du cardinal [de Richelieu], les vertus étaient des vices, et les devoirs des audaces, s'ils choquaient ses intentions, MONTCHAL Mém. t. I, p. 66.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.