- nicodème
- (ni-ko-dè-m') s. m.Nom propre devenu nom commun pour signifier, dans le langage populaire, un homme simple et borné, un niais. C'est un grand nicodème (on met une n minuscule).Nom propre grec dérivé du verbe vaincre et terme grec signifiant peuple. Peut-être est-ce nigaud, qui a déterminé le sens défavorable.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRENICODÈME. - ÉTYM. Ajoutez : M. Éman Martin, Courrier de Vaugelas, 15 oct. 1875, p. 91, donne une explication très plausible du sens d'homme borné qu'a reçu Nicodème. Il cite le passage suivant d'un mystère où Nicodème a de la peine à comprendre la parole de Jésus : Jésus : Certes je te dis et afferme : Qui regeneré ne sera De l'eauve qui le lavera En la vertu du sainct esperit, Lequel sera baptesme dit, Jamais ne pourra pour certain Avoir part au regne haultain. - Nicodème : Je ne vous entens point. - Jésus : Comment.... Tu es docteur en Israël Et maistre en la loy solempnel, Qui entens bien les escriptures ; Dis je parolles si obscures Que tu ne les peulx pas comprendre ? M. E. Martin ajoute : " Pour qui sait combien les mystères furent populaires au moyen âge (on les représentait dans les églises), il est évident que c'est le rôle joué par Nicodème dans la scène que je viens de reproduire en partie, qui a fait prendre son magnifique nom (vainqueur des peuples) dans le sens de niais, d'imbécile, d'homme simple, borné, qu'il a conservé dans la langue familière de nos jours. À Nicodème, on ajoute quelquefois dans la lune. C'est une allusion à un personnage d'une pièce de Beffroy de Reigny, plus connu sous le nom du Cousin Jacques, intitulée : " Nicodème dans la lune, ou la révolution pacifique, folie en prose et en trois actes, " et qui fut représentée pour la cinquantième fois, à Paris, le lundi 21 février 1791. "
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.