- attribuer
- (a-tri-bu-é) v. a.1° Attacher, annexer, conférer. Attribuer au Conseil d'État la connaissance de telles et telles affaires. Les anciens attribuaient une nature divine à la terre.• C'est contre cette puissance absolue qu'on veut attribuer aux décemvirs, que je m'élève aujourd'hui, VERTOT Révol. rom. XII, p. 184.• Le roi défendit aux princes et aux pairs d'aller opiner dans le parlement de Paris sur des affaires dont il attribuait la connaissance à son Conseil privé, VOLT. Louis XV, chap. 36.2° Rapporter à, imputer. Attribuer à quelqu'un le salut de l'empire. Il attribuait tous nos succès au hasard. On vous attribue beaucoup de propos que vous n'avez jamais tenus. On lui attribue le pamphlet qui vient de paraître.• On ne se trompe pas, chrétiens, quand on attribue tout à la prière ; Dieu, qui l'inspire, ne lui peut rien refuser, BOSSUET Mar.-Thér..• Dans ma confusion que Roxane, madame, Attribuait encore à l'excès de ma flamme, RAC. Baj. III, 4.3° S'attribuer, attribuer à soi, revendiquer. Il s'attribue plus d'habileté qu'aux autres. Chacun s'attribue l'honneur du bien qui se fait. De sorte que des deux côtés on s'attribua l'avantage de la journée.• Il n'a pas cru s'attribuer trop, quand il s'est dit l'égal de Dieu, BOSSUET Hist. II, 11.4° S'attribuer, v. réfl. Être attribué. Le nom de père du peuple s'attribue justement à Louis XII.ATTRIBUER, IMPUTER. Imputer veut dire que l'on met sur le compte de ; attribuer, que l'on attache à, que l'on rapporte à. Par conséquent, attribuer a une signification plus générale. Ce qu'on attribue n'implique rien de favorable ni de défavorable. Ce qu'on impute n'est pas indifférent, c'est un blâme, ou quelquefois une louange ; car on impute aussi à bien, à mérite. Attribuer des vers à quelqu'un, c'est dire seulement, à tort ou à droit, qu'il en est l'auteur ; imputer des vers à quelqu'un, ce serait faire entendre que les vers dont on parle méritent l'animadversion.XIVe s.• Que ce qui estoit le fourfait de Appius Claudius, il ne vousissent atribuer à lui, BERCHEURE f° 67, recto..• Felicité qui est si très grant bien et qui ne doit pas estre attribuée à fortune, ORESME Eth. 21.• Et entre les premieres et les plus nobles conditions que il lui attribuet, ORESME ib. 28.XVe s.• Le roi Philippe a acquis le chastel de Arleux en Pailluel, qui est terre de l'empire, et l'a attribué au royaume de France, FROISS. I, I, 73.• Ainsi s'en vouloit chacune partie attribuer l'honneur, FROISS. I, I, 145.• Attribuer à Dieu [les grâces et honneurs qu'il avait reçus], COMM. V, 9.XVIe s.• Et de fait, le nom de seigneur ne s'attribue particulierement à Jesus Christ pour autre raison, sinon...., CALV. Inst. 370.• Les privileges qu'ils s'attribuent, CALV. ib. 911.• Attribuer au rang le loz qui appartient au merite, MONT. I, 4.• Aulcuns attribuoient la cause de la mort du jeune Caton à la crainte, MONT. I, 265.• Ils attribuoient la divinité, non seulement aux vertus, mais aussi aux vices, MONT. II, 251.• Le juge ne peult attribuer à punition ce qui vient à gré à celuy qui le souffre, MONT. II, 258.• Nous en attribuerons justement la coulpe à nous-mesmes, AMYOT Démosth. 1.Provenç. attribuir ; espagn. atribuir ; ital. attribuire ; de attribuere, de ad, à, et tribuere, accorder (voy. tribut).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREATTRIBUER.2° Ajoutez :Attribuer à négligence, regarder la négligence comme cause de.• Je ne supporterais pas l'idée que vous attribuassiez à négligence ou à indifférence un silence que je compte parmi les malheurs de mon état, J. J. ROUSS. Lett. à Julie, 19 nov. 1761.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.