médecin

médecin
(mé-de-sin ; l'n ne se lie pas : un mé-de-sin habile, in comme dans indigne ; au pluriel, l's se lie : des mé-de-sin-z habiles) s. m.
   Celui qui exerce la médecine.
   On dit par vieux proverbe, que les fautes des médecins sont heureuses, d'autant qu'elles sont payées, et si sont couvertes de la terre, GARASSE Rech. des recherches, p. 616, dans LACURNE.
   Il [Joseph] commanda aux médecins qu'il avait à son service d'embaumer le corps de son père, SACI Bible, Genèse, L, 2.
   Puisqu'on plaide, et qu'on meurt, et qu'on devient malade, Il faut des médecins, il faut des avocats, LA FONT. Fabl. XII, 27.
   L'autre [la goutte] tout au rebours, voyant les palais pleins De ces gens nommés médecins, Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise, LA FONT. ib. III, 8.
   Le médecin Tant-pis visitait un malade Que visitait aussi son confrère Tant-mieux, LA FONT. ib. V, 12.
   Lorsque le médecin fait rire le malade, c'est le meilleur signe du monde, MOL. Méd. m. lui, II, 6.
   C'est un bon impertinent que votre Molière, avec ses comédies ; et je le trouve bien plaisant d'aller jouer d'honnêtes gens comme les médecins, MOL. Mal. imag. III, 3.
   Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger de me faire vivre encore trente années...., MOL. Tart. 3e placet au roi..
   Votre monsieur Purgon, par exemple, n'y sait point de finesse : c'est un homme tout médecin depuis la tête jusqu'aux pieds, MOL. Mal. imag. III, 3.
   Si les médecins n'avaient des soutanes et des mules.... jamais ils n'auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique, PASC. Pens. III, 3, éd. HAVET..
   Si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n'auraient que faire de bonnets carrés, PASC. ib..
   Les médecins ne te guériront pas ; car tu mourras à la fin ; mais c'est moi [Jésus-Christ] qui guéris, et rends le corps immortel, PASC. ib. XXV, 2.
   Un bon appétit, un doux sommeil, un sang reposé, une grande vigueur dans les fatigues ; voilà ce qu'un médecin pourrait lui ôter, si nous le mettions entre ses mains, SÉV. 493.
   Elle appelle les prêtres plutôt que les médecins, BOSSUET Duch. d'Orl..
   Dieu n'a pas condamné la médecine dont il est l'auteur : honorez, dit-il, le médecin, à cause de la nécessité ; car c'est le Très Haut qui l'a créé, BOSSUET Polit. X, V, 2.
   Faites pénitence, tandis que le médecin n'est pas encore à vos côtés, vous donnant des jours et des heures qui ne sont pas en sa puissance, et toujours prêt à philosopher admirablement de la maladie après la mort, BOSSUET Bourgoing..
   Ton oncle, dis-tu, l'assassin M'a guéri d'une maladie ; La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin, C'est que je suis encore en vie, BOILEAU Épigr. XXI.
   Tant que les hommes pourront mourir et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé, LA BRUY. XIV.
   Dans le grand monde, et surtout dans une moitié de ce grand monde qui occupe plus les médecins, qui sait mieux les mettre à la mode, et qui a souvent plus de besoin d'être amusée que guérie, FONTEN. Littre..
   Les anciens médecins, à commencer par Hippocrate, étaient médecins, apothicaires et chirurgiens, FONTEN. Lemery..
   L'on voit sur l'autre aile de jeunes médecins qui se font recevoir docteurs en présence de la Mort, qui leur donne le bonnet, après leur avoir fait jurer qu'ils n'exerceront jamais la médecine autrement qu'on la pratique aujourd'hui, LESAGE Diable boit. ch. 12, dans POUGENS.
   Mme la duchesse du Maine, semblable à ces malades qui, non contents de consulter d'habiles médecins, écoutent aussi les charlatans, STAAL Mém. t. I, p. 317.
   La première fois qu'il est parlé de médecins [dans la Bible], c'est quand il est dit que Joseph commanda aux siens d'embaumer le corps de son père, FLEURY Moeurs des Israél. tit. 4, 1re part. p. 32, dans POUGENS..
   Vous avez un médecin, dit le roi à Molière ; que vous fait-il ? Sire, répondit Molière, nous causons ensemble, il m'ordonne des remèdes, je ne les fais point, et je guéris, VOLT. Vie de Molière..
   On me dira, comme on fait sans cesse, que les fautes sont du médecin, mais que la médecine en elle-même est infaillible ; à la bonne heure ; mais qu'elle vienne donc sans le médecin, J. J. ROUSS. Ém. I.
   S'il est une classe d'hommes devant qui l'inégalité des états doive disparaître, ce sont les médecins, CONDORCET Bourdelin..
   Les hommes n'appellent un médecin que lorsqu'ils sont réellement malades ; les femmes les envoient chercher toutes les fois qu'elles n'ont rien à faire, ou qu'elles ont de l'humeur, GENLIS Veillées du château t. XIII, p. 177, dans POUGENS.
   Premier médecin, celui qui occupe le premier rang médical auprès d'un prince. Médecin ordinaire, celui qu'il consulte d'habitude. Médecin par quartier, celui qui est de service tous les trois mois. Médecin consultant, celui qui est appelé en consultation.
   M. Fagon est déclaré premier médecin de Mme la Dauphine, MAINTENON Lett. à M. d'Aubigné, 1er janv. 1681.
   M. Lémery ne fut pas plutôt de retour à Paris que la reine d'Espagne l'honora d'un brevet de médecin consultant de Sa Majesté, MAIRAN Éloges, Lémery..
   Fig. et familièrement. Médecin d'eau douce, médecin peu habile, ou qui n'ordonne que des remèdes insignifiants ; par allusion aux marins d'eau douce, qui seraient de chétifs marins de mer.
   On dit quelquefois docteur-médecin.
   En parlant d'une femme, on dit une femme médecin, comme une femme auteur.
   Médecin est le titre de ceux qui sont pourvus du grade de docteur en médecine, par opposition aux officiers de santé.
   Médecins de tous arts se disait autrefois des médecins qui, sans études médicales proprement dites, prétendaient être en possession de secrets et de recettes.
   Celui-ci [le lion] parmi chaque espèce Mande des médecins ; il en est de tous arts ; Médecins au lion viennent de toutes parts, LA FONT. Fabl. VIII, 3.
   Médecin des urines, espèce de charlatan médical qui prétend connaître et traiter les maladies à l'inspection seule de l'urine du malade.
   Fig. Ce qui est propre à rendre ou à conserver la santé. L'exercice et le régime sont d'excellents médecins.
   Le mauvais état où je vous ai vue pour la nouvelle que vous veniez de recevoir de la mort de M. le chevalier votre frère, me fait craindre que le temps, quelque bon médecin qu'il soit, n'ait de la peine à vous y donner du soulagement, MALH. Lett. I, 3.
   Le temps, seul médecin de telles maladies [les douleurs morales], vous les a rendues supportables, POUSSIN Lett. 3 nov. 1647.
   Le médecin des âmes, le prêtre, le confesseur.
   Il en coûte à qui vous réclame, Médecins du corps et de l'âme, LA FONT. Fabl. XII, 6.
   En remerciant ses médecins : voilà, dit-il, maintenant mes vrais médecins ; il montrait les ecclésiastiques dont il écoutait les avis, BOSSUET Louis de Bourbon..
   Dieu, Jésus-Christ.
   Pensera-t-on que ces philosophes qui vantent si hautement la puissance de la nature, en connussent l'infirmité et le médecin ?, PASC. Prov. IV.
   Le pouvoir et le vouloir sont tellement joints, que jamais l'homme n'a le pouvoir, si Dieu ne lui en donne le vouloir ; car qui peut prier comme il faut, si ce divin médecin ne nous inspire lui-même le commencement de ce désir ?, PASC. Lett. sur les commandements de Dieu, 2.
   Lorsque sa main [de Dieu] se fut appesantie sur votre propre personne, et que des maux longs et cruels eurent éteint peu à peu votre jeunesse et votre santé, quels remèdes demandiez-vous au souverain médecin ?, MASS. Carême, prière, 2.
   Médecin vétérinaire, voy. vétérinaire.
   Terme de marine. Médecin de papier, nom donné, à bord des navires de commerce qui naviguent sans médecin, à un traité de médecine pratique, dont les prescriptions sont appliquées aux malades par les soins des capitaines.
PROVERBES
   Après la mort le médecin, c'est-à-dire on apporte le secours quand le mal est fait et irréparable.
   Je sais ce que c'est, après la mort le médecin, VOLT. Lett. Damilaville, 19 juill. 1760.
   Médecin guéris-toi toi-même, se dit à celui qui se mêle de donner des remèdes ou des conseils aux autres et qui en a lui-même besoin.
   La robe ne fait pas le médecin, c'est-à-dire le titre ne suppose pas toujours la science.
   Il vaut mieux aller chez le boulanger que chez le médecin, se dit à un homme à qui l'on recommande de ne pas s'exposer imprudemment aux causes des maladies ; on le dit aussi pour consoler celui qui se plaint de la cherté des vivres.
   XIVe s.
   Où le physicien fait fin, Là commence le medecin, Supposant pour physicien Le très savant naturien, l'Alch. à nat. 674.
   XVe s.
   Adonc mandent les medecins, Qui les vuident comme poucins Par sirops et par leurs cristeres, E. DESCH. Poésies mss. f° 474.
   Medecins sont confesseurs [on leur dit tout], Petit Jeh. de Saintré, p. 546, dans LACURNE.
   XVIe s.
   Deux au petit doigt, deux au doigt medecin ou annulaire, et un au moyen, PARÉ IV, 24.
   Sa femme lui fit defendre par medecin d'eau douce, qu'il ne bust point de vin, DESPER. Contes, LXXIX..
   Advint que familierement la medecine [femme de medecin] conta son affaire à une sienne voisine, DESPER. ib. XCV.
   On ne trouve erreur de medecin ; erreur de painctre se voyt sans fin, GÉNIN Récréat. t. II, p. 243.
   Jeune medecin fait les cimetieres bossus, OUDIN Curios. franç..
   Les medecins et mareschaux tuent les gens et les chevaux, DU VERDIER Div. leçons, p. 512, dans LACURNE.
   Bon est le medecin qui se sçait guarir, COTGRAVE .
   Un piteux [qui a de la pitié] medecin fait une playe mortelle, COTGRAVE .
   Les mots terminés en ique [hydropique, hectique, etc.] font au medecin la nique, COTGRAVE .
   En despit des medecins nous vivrons jusqu'à la mort, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 265.
   Vieil medecin et jeune barbier [chirurgien], LEROUX DE LINCY ib. t. II, p. 435.
   Lat. medicinus, dérivé de medicus, médecin, du verbe mederi ( 1er e bref) ; comparez le volsque medix, magistrat, et le verbe grec traduit par avoir soin. Medicus, avec l'accent sur me, avait donné mege, miege (en wallon, méd), dans l'ancienne langue, qui disait aussi mire et physicien ; <

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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