- attaquer
- (a-ta-ké) v. a.1° Diriger un acte de violence sur, engager un combat, une lutte. Attaquer l'ennemi. Attaquer une place. Des voleurs l'attaquèrent sur la grande route.• Croyez-moi, plus j'y pense, et moins je dois douter... Que de Jésabel la fille sanguinaire Ne vienne attaquer Dieu jusqu'en son sanctuaire, RAC. Athal. I, 1.• Plus vous la pouvez accabler d'infamie, Plus elle vous attaque en mortelle ennemie, RAC. Nicom. III, 4.2° Fig. Attaquer quelqu'un par la corruption. Attaquer les droits de quelqu'un. Cet ouvrage attaque la religion, les moeurs. Le ministère fut vivement attaqué dans les chambres. Celui qui ne défend pas un ami qu'on attaque. Définition qui a été attaquée par plusieurs philosophes. C'est une opinion qu'on attaquera vivement.3° Attaquer quelqu'un en justice, intenter une action.Attaquer un acte, en contester la validité.4° Surprendre, saisir, en parlant d'une maladie. Le scorbut attaqua la flotte. Il fut attaqué subitement d'une paralysie.5° Nuire à quelque chose, endommager, léser. La rouille attaque le fer. Le blé fut attaqué par les charançons. Dans cette opération, il faut craindre d'attaquer l'artère.6° Entreprendre, commencer. Sujet que j'attaquerai.• J'aime à attaquer certains chapitres avec de certaines gens, SÉV. 230.Entamer. Attaquer un poisson servi sur la table.Attaquer quelqu'un de conversation, lui adresser la parole pour l'exciter à parler.• La reine m'attaqua la première, SÉV. 110.• Je ne suis point personne à reculer lorsqu'on m'attaque d'amitié. - Et lorsque c'est d'amour qu'on vous attaque ?, MOL. Scapin, III, 1.En termes de manége, piquer un cheval des deux éperons à la fois.En termes de musique, bien attaquer la note, donner juste avec vigueur une note à laquelle on passe vivement.En termes de marine, attaquer une île, un cap, s'en approcher pour les reconnaître.En termes de chasse, lancer la bête en mettant les chiens sur sa trace.En termes d'exercice militaire, attaquer l'arme, saisir vivement le fusil dans les divers exercices.7° S'attaquer, v. réfl. Diriger une attaque contre. S'attaquer aux honnêtes gens. S'attaquer à plus fort que soi. Le mal s'attaqua si violemment aux poumons.• Un valet qui s'attaque à son maître, MOL. Amph. III, 2.• S'attaquer à mon choix, c'est s'en prendre à moi-même, CORN. Cid, II, 7.• On souffre aux entretiens ces sortes de combats, Pourvu qu'à la personne on ne s'attaque pas, MOL. F. sav. IV, 3.8° Être attaqué, en parlant des choses. Le poumon s'attaque.9° S'attaquer, en parlant de plusieurs. Ils s'attaquèrent l'un l'autre avec violence.La locution s'attaquer à n'est explicable que par cette remarque que attaquer est le même que attacher (voy. tache et tacher). S'attaquer à ne se comprendrait pas ; mais s'attacher à se comprend très bien avec le sens particulier que l'usage y a donné.ATTAQUER QUELQU'UN, S'ATTAQUER à QUELQU'UN. Attaquer quelqu'un, c'est diriger contre lui une attaque, qui est un acte momentané. S'attaquer à quelqu'un, c'est le prendre à partie, en faire l'objet d'une poursuite qui peut durer longtemps.XVIe s.• Attaquer à [s'en prendre à, se jeter sur], MONT. I, 21.• Nous n'attaquons pas une beste ou une pierre quand elle nous blece, MONT. III, 110.• On ne doit point desirer que si puissans monarques s'entr'attaquent, LANOUE 395.• Là s'attaqua une très grosse escarmouche, LANOUE 587.• Attaquer, d'attacher qui est le vray mot et nayf, H. EST. Du nouv. lang. p. 81.Bourguig. étaquai ; espagn. atacar ; ital. attaccare. Attaquer n'est que la prononciation picarde et flamande d'attacher (voy. attacher).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.