- mugir
- (mu-jir) v. n.1° Il se dit proprement du cri du taureau, des boeufs, des vaches et d'animaux analogues.• Le monstre bondissant Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant, RAC. Phèd. V, 6.• Le taureau ne mugit que d'amour ; la vache mugit plus souvent de peur et d'horreur que d'amour, BUFF. Quadrup. t. I, p. 199.2° Fig. Il se dit de la voix humaine quand on la force d'une façon excessive. Il mugissait de fureur.• Lorsqu'il entend de loin d'une gueule infernale La chicane en fureur mugir dans la grand'salle, BOILEAU Sat. VIII.• Ils [les acteurs] vous jouent, ils vous défigurent.... un autre mugit, un autre fait les beaux bras, et la pièce va au diable, VOLT. Lett. Chabanon, 22 déc. 1766.Activement.• Et je mugis des vers en étouffant ma voix, FAVART Acajou, I, 4.3° Produire un bruit formidable.• Sitôt que la pointe première Se discerna de la lumière, La terre se mit à mugir, Et fit pâlir et non rougir, SCARR. Virg. VI.• Les murs en sont émus, les voûtes en mugissent, BOILEAU Lutr. III.• Les vents déchaînés mugissent avec fureur dans les voiles, FÉN. Tél. IV.• La mer, mugissant, ressemblait à une personne qui, ayant été longtemps irritée, n'a plus qu'un reste de trouble et d'émotion, étant lasse de se mettre en fureur, FÉN. ib..• L'onde turbulente Mugit de fureur, J. B. ROUSS. Cantate, Circé..• L'astre brillant du jour à l'instant s'obscurcit ; L'air siffle, le ciel gronde, et l'onde au loin mugit, VOLT. Henr. I.• Quand le Vésuve commence à mugir et à rejeter les matières dont il est embrasé, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. terre, Oeuv. t. I, p. 205.• L'enfer mugit d'un effroyable rire, BÉRANG. Ange exilé..• Fit asseoir l'espérance où mugit la tempête [le cap de Bonne-Espérance], C. DELAV. Paria, I, 1.• Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, LAMART. Médit. le Lac..• Quand l'ouragan mugit, quand des monts brûlants s'ouvrent, V. HUGO Odes, I, 11.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.XIIIe s.• Cele beste me veut destruire, Que je voi là crier et muire, Unicorne et Serpent.XIVe s.• Quand il les amenoit, aucunes des vaches du farat [troupeau] commencierent à muir, BERCHEURE f° 9.• Je sui trestouz certains, les gens nous maudiront, Et contre nous à Dieu les bestes muiront, Girart de Ross. V. 4075.XVIe s.• Alors la voix est empeschée, tellement que si peu qui leur en demeure, c'est en mugiant et balbutiant, et requerant aide et secours, s'ils pouvoient parler, PARÉ XIX, 33.Provenç. et esp. mugir ; ital. muggire ; du lat. mugire, qui est une onomatopée, comme le verbe grec traduit par mugir, et le sanscr. muj, sonner.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.