- mortalité
- (mor-ta-li-té) s. f.1° Condition des êtres vivants qui les rend sujets à la mort.• Tous ses principes [d'Aristote] semblent favoriser la pernicieuse créance de la mortalité de l'âme, LA MOTHE LE VAYER Vertu des païens, II, Aristote..• Il [Jésus-Christ] ne ressuscite pas, comme le Lazare, pour mourir encore une fois ; il ne dompte pas seulement la mort, mais il va jusqu'au principe, et il dompte encore la mortalité, BOSSUET 2e serm. Pâques, 2.2° Condition humaine.• Il ne faut point imputer à ses fautes [d'Alexandre], quoiqu'il en ait fait de grandes, la chute de sa famille, mais à la seule mortalité, BOSSUET Hist. III, 5.• Voici enfin le juste juge qui vient briser les liens de votre mortalité, MASS. Avent, Mort du péch..• Elle ne recevait point dans ce lieu saint les dépouilles de leur mortalité, MASS. Carême, Temples..• Éloignée [l'âme fidèle] de son Époux, que les nuages de la mortalité lui dérobent encore, MASS. Mystères, Assompt..• Elles [certaines âmes] voudraient bien à la vérité être revêtues de l'immortalité, mais sans être dépouillées de la mortalité qu'elles aiment encore, MASS. ib..3° Condition de ce qui doit causer la mort. La mortalité d'une blessure.4° Mot collectif par lequel on désigne la quantité d'hommes ou d'animaux qui succombent à la même maladie. La mortalité fut grande dans le choléra. La mortalité s'est mise sur les bestiaux.• En 1689, une affreuse mortalité moissonna la moitié de cette heureuse peuplade, RAYNAL Hist. phil. XIV, 13.Fig.• On dit que la mortalité est fort grande sur les ouvrages nouveaux, VOLT. Lett. en vers et en prose, 158.5° La quantité d'individus de l'espèce humaine qui meurent annuellement sur un certain nombre de vivants. Quand on considère la mortalité collectivement, elle se mesure par le rapport entre le nombre des décédés et le nombre des vivants qui les ont fournis dans l'unité de temps ou année moyenne.• En sorte qu'il me paraît qu'on peut, sans se tromper, établir la mortalité de Paris, pour chaque année, à 18800, avec d'autant plus de raison que les dix dernières années, depuis 1757 jusqu'en 1766, ne donnent que 18681 pour cette moyenne mortalité, BUFF. Prob. de la vie, Oeuv. t. X, p. 510.Tables de mortalité, tableaux dressés pour faire connaître la quotité relative de décès dans un temps donné.• En consultant les nouvelles tables qu'on a faites à Londres sur les degrés de la mortalité du genre humain dans les différents âges, il paraît que d'un certain nombre d'enfants nés en même temps il en meurt plus d'un quart dans la première année, plus d'un tiers en deux ans, et au moins la moitié dans les trois premières années, BUFF. Hist. nat. hom. Oeuv. t. IV, p. 211.• Certaines tables de mortalité, celles par exemple de M. Deparcieux en France et de M. Vargentin en Suède, ont appris que les femmes mariées vivent en général plus que les célibataires, PINEL Inst. Mém. scienc. 1807, 1er sem. p. 182.XIIe s.• La fragiliteit de nostre mortaliteit, Job, p. 449.XIIIe s.• Là ot si grant mortalité de gent, que ce fu une grande merveille, VILLEH. CLVII.• Et fisent escrire unes lettres esqueles lor mesaises estoient escrites et lor mortalités, et que par Mahom il les secourust, Chr. de Rains, 94.XVe s.• Une si grand mortalité se bouta en l'ost, que des cinq en mouroient les trois, FROISS. II, II, 28.XVIe s.• Cette opinion si rare et incivile de la mortalité des ames, MONT. I, 113.• En prenant nostre mortalité, il [JésusChrist] a fait son immortalité nostre, CALV. Instit. 1095.Provenç. mortaldat, mortaudat ; espag. mortandad ; ital. mortalità ; du lat. mortalitatem, de mortalis, mortel.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREMORTALITÉ. Ajoutez :6° Les mortalités, les nécessités de la vie humaine (mot de Mme de Sablé).• Le chevalier ne mangeait point avec elle ; car la marquise tient pour maxime qu'il ne faut qu'un amant fasse devant sa maîtresse que ce qui est de l'essentiel de l'amour, et que, par exemple, il ne faut qu'une grimace en mangeant, ou quelque petite indécence pour tout gâter ; elle appelle cela faire des mortalités, TALLEMANT DES RÉAUX t. V, p. 261, éd. P. Paris.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.