morfondre

morfondre
(mor-fon-dr') v. a.
   Se conjugue comme fondre.
   Ancien terme de vétérinaire. Causer un coryza, un catarrhe nasal, chez le cheval.
   Causer un froid qui pénètre. L'air glacial de la nuit l'a morfondu.
   Se morfondre, v. réfl. Prendre froid.
   Il pleure souvent les victoires de ce prince, et se morfond auprès de leurs feux de joie, BALZ. Disc. à la régente..
   Pendant que sa peur le fait fuir jusque dans le jardin de l'hôtellerie, où il hasarde de se morfondre, SCARR. Rom. com. II, 7.
   Fig.
   J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace, Que ces vers où Motin se morfond et nous glace, BOILEAU Art p. IV.
   Perdre du temps à attendre.
   La vogue [d'une devineresse] était passée Au galetas ; il avait le crédit ; L'autre femme se morfondit, LA FONT. Fabl. VII, 15.
   Un amant qui sans lui se serait morfondu, LA FONT. Coupe..
   Et, bravant des sergents la timide cohorte, [le noble] Laissa le créancier se morfondre à sa porte, BOILEAU Sat. V.
   On peut vous reprocher de vous être venu morfondre plus d'un an devant une bicoque, J. BRUSLÉ Lucien en belle humeur, t. I, p. 379, dans POUGENS.
   J'avais cru qu'il ne s'agissait que de diminuer le ressort du parlement de Paris, et de ne plus obliger les pauvres provinciaux de courir deux cents lieues pour aller se ruiner et se morfondre dans l'antichambre d'un conseiller au parlement, VOLT. Lett. Mme de St-Jullien, 6 avril 1777.
   Pendant les cinq ou six mois que les équipages des navires européens se morfondent ou périssent à Hoang-fou, les agents du commerce font leurs ventes et leurs achats à Canton, RAYNAL Hist. phil. V, 25.
   Fig.
   Au lieu de vous morfondre tristement dans cette vue, osez prendre un plus grand essor, VAUVENARGUES. Conseils, X..
   Avec ellipse du pronom se.
   Clarice : Je prendrai du plaisir du moins à le confondre. - Isabelle : J'en prendrais davantage à le laisser morfondre, CORN. le Ment. III, 3.
   En termes de boulangerie, la pâte se morfond, elle perd la force de fermentation.
   XIVe s.
   S'aucun cheval est morfondu, il le convient tantost faire seigner des jambes devant au plus bas, et au hault du plat des cuisses, et recueillir le sang, et d'icelluy oindre les piés, puis torchier de foing moullié..., Ménagier, II, 3.
   XVe s.
   Eux et leurs chevaux, après la grand chaleur du soleil que ils auront eue le jour, morfondront, ne jà ne s'en sauront garder, FROISS. II, III, 61.
   XVIe s.
   S'il temporise, il pourra veoir morfondre son ennemy et se desfaire soy-mesme, MONT. I, 356.
   Le chaud du jour les estouffoit, et le froid de la nuit les morfondoit, PARÉ XXIV, 52.
   On a dit mort et fondre : fondre jusqu'à la mort. Mais, comme le mot est originairement de l'art vétérinaire, il faut y voir, avec Ménage : morve et fondre.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • morfondre — (se) [ mɔrfɔ̃dr ] v. pron. <conjug. : 41> • 1574; « prendre froid » 1549; « être catarrheux » (cheval) intr. v. 1400; du provenç. mourre, rad. murr « museau », et fondre ♦ S ennuyer. Elle est là toute seule à se morfondre. Être plongé dans… …   Encyclopédie Universelle

  • morfondre — Morfondre. v. act. Refroidir, Causer un froid qui saisit. Ce vent vous morfondra. ne dessellez pas si tost ce cheval, de peur de le morfondre. Il est aussi n. p. Vous vous morfondez là. On dit fig. qu Un homme se morfond, pour dire, qu Il perd… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • morfondre\ se — morfondre (se) [ mɔrfɔ̃dr ] v. pron. <conjug. : 41> • 1574; « prendre froid » 1549; « être catarrheux » (cheval) intr. v. 1400; du provenç. mourre, rad. murr « museau », et fondre ♦ S ennuyer. Elle est là toute seule à se morfondre. Être… …   Encyclopédie Universelle

  • MORFONDRE — v. a. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Ne dessellez pas sitôt ce cheval, de peur de le morfondre.   Il s emploie aussi avec le pronom personnel. Vous vous morfondez dans ce jardin .  Il signifie,… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • MORFONDRE — v. tr. Refroidir, causer un froid qui incommode, qui pénètre. Ce vent vous morfondra. Cheval morfondu se dit d’un Cheval qui, saisi par le froid, est devenu catarrheux. SE MORFONDRE signifie, figurément et familièrement, Perdre du temps à la… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • morfondre — Se Morfondre, Contrahere frigus. Morfondu, Exceptus frigore …   Thresor de la langue françoyse

  • morfondre — vt. , transir, pénétrer de froid : zhèlâ <geler> (Albanais). A1) se morfondre, s ennuyer à attendre : se marfandre (Saxel), s morfandre (Villards Thônes) ; se markorâ (Arvillard). E. : Abcès, Désoler (Se) …   Dictionnaire Français-Savoyard

  • morfondre — mor|fon|dre Mot Pla Verb pronominal …   Diccionari Català-Català

  • se morfondre — ● se morfondre verbe pronominal (radical expressif murr , museau, et fondre) être morfondu verbe passif (radical expressif murr , museau, et fondre) S ennuyer à attendre trop longtemps : Se morfondre à l arrêt de l autobus. ● se morfondre… …   Encyclopédie Universelle

  • languir — [ lɑ̃gir ] v. intr. <conjug. : 2> • XIIe; lat. pop. °languire, class. languere 1 ♦ Vieilli Perdre lentement ses forces. ⇒ dépérir. Par anal. (végétaux) ⇒ s étioler. 2 ♦ Mod. Manquer d activité, d énergie. Languir dans l oisiveté, l inactio …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”