- moite
- (moi-t') adj.1° Un peu humide.• Ces bergers... Tout moites de leur sang comme moi de mes larmes, RÉGNIER Dial..• La fraîcheur du matin n'avait plus rien de moite ni de piquant, BALZ. le Prince, avant-propos..• On sent une chaleur moite et étouffante, DESC. Météor. 7.Le moite élément, la mer, dans le langage familier.• Quelque autre curé plus savant.... Bravant les fougues de la bise, Se serait livré sans remise Aux périls du moite élément, GRESSET le Carême..Dans le langage de la médecine, peau moite, peau qui a de la moiteur.2° Fig. Mou, sans énergie.• Ce même esprit me paraît lâche, moite, J. J. ROUSS. Ém. II.XIIIe s.• Je di que li hom trova pardon [devant Dieu, après le péché], porce que la foibleté de pechier vint en lui de par le cors, qui est de boe et de terre moiste, BRUN. LATINI Trés. p. 19.• Et froit, et chaut, et sec, et moiste, la Rose, 17163.XIVe s.• Chascun, quant il en a besoing et indigence, a concupiscence de nourrissement sec ou moiste, c'est assavoir de mangier ou boire, ORESME Eth. 95.XVe s.• Anglois sont plus mous et plus moistes que ne sont Portingalois, FROISS. II, III, 83.• La dicte année feut fort moiste... et y eut de grans tempestes en divers lieux, JEAN DE TROYES Chron. 1466.• Et jà estoit le lieu moite, pource que l'hiver approchoit, et que c'est pays bas, COMM. VIII, 9.XVIe s.• La nuict avoit esté moitte à l'occasion des vents du midy qui avoient soufflé, AMYOT Flamin. 12.• Ne regardez pas à ces yeulx moites et à cette piteuse voix, MONT. III, 178.Wallon, mat' ; angl. moist. Le wallon mat' vient probablement du lat. madidus ; mais moiste n'en vient pas ; madidus aurait donné made, comme rapidus a donné rade. Diez indique avec doute le lat. musteus, juteux, de mustum, moût ; la forme convient ; et quant au sens, on passe sans grand'peine de juteux à moite. M. Baudry propose mucidus, moisi, proprement morveux ; la forme convient aussi, mucidus donnant moiste, comme rigidus avait donné roit, bien que l's de moiste fasse quelque difficulté ; si le sens par mustum n'est pas direct, il l'est davantage par morveux, couvert de mucosités.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.