- moisir
- (moi-zir) v. n.1° Se couvrir d'une petite végétation cryptogamique, en parlant de certaines substances ; ce qui indique qu'elles s'altèrent (voy. moisissure, n° 2).• Le Moïse [titre d'un poëme] commence à moisir par les bords, BOILEAU Sat. IX..• Le pain doit être fait au biscuit pour ne pas moisir, RAYNAL Hist. phil. X, 4.Fig. Rester longtemps.• M. Mathieu ne laisse point moisir l'argent entre les mains de ceux qui lui doivent, REGNARD Sérénade, 22.2° V. a. Rendre moisi. C'est l'humidité qui a moisi ce pâté.3° Se moisir, v. réfl. Devenir moisi. Tout se moisit dans les lieux humides.MOISIR, CHANCIR. Étymologiquement, moisir, c'est devenir muqueux ; et chancir, c'est se couvrir de blanc. Aujourd'hui chancir est beaucoup moins usité que moisir, et il indique un degré d'altération moins avancé que moisir.XIIIe s.• Fors que pain noir, dur et haslé, Tout muisi et tout très salé [lisez tresalé, c'est-à-dire passé, qui a perdu ses qualités], RUTEB. II, 173.XIVe s.• Mes cil ont leur lances tendues, à pointes luizanz et moisies [rouillées], G. GUIART t. II, p. 273, V. 7090 (16070).XVe s.• Adonc seray en l'eaue de liesse Tost refreschi, et au souleil de France Bien nectié de moisy de tristesse, CH. D'ORL. Bal. 122.• Se on nous bailloit par inventaire Deux mil escuz en une armoire, Ils n'auroient garde de y moisir, VILLON Baillevent et Malepaie..• Les miens [écus] ne moisissent guere, Pourvu que je treuve à boire ; Je sai qu'après le trespas Plus ne servent les ducats, BASSELIN XXXII.XVIe s.• Ils [les grains] commencent à se moisir et à sentir le rance, MONT. II, 186.Provenç. mozir ; du lat. mucere, qui vient de mucus (voy. mucosité). Moisir vient de mucere ( 1er e long), comme plaisir, de placere (1er e long), taisir, de tacere (1er e long), etc. ; mais ces verbes, à sens inchoatif, prennent dans la conjugaison deux ss, comme s'ils venaient de thèmes en escere : moisissant, moisissais, etc.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREMOISIR. Ajoutez :4° Fig. Se détériorer au moral.• Il faut réputer...les plus misérables hommes du monde.... ceux qui, n'ayant soin que de leur ventre et de leur paillardise, laissent moisir leurs âmes en l'assoupissement d'une abominable oisiveté, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.