- abaissement
- (a-bê-se-man) s. m.1° Action d'abaisser ou de s'abaisser ; état de ce qui est abaissé. Abaissement d'une soupape, des paupières.2° Fig. Abaissement de la voix, qui indique trois choses : le passage de la voix haute à la voix basse ; le passage des syllabes accentuées aux syllabes qui ne le sont pas ; le passage de la voix aiguë à la voix grave, dans la musique.3° Diminution. Abaissement du prix des denrées. Au moral, abaissement de courage. L'abaissement des caractères.4° Action de faire déchoir, état de déchéance, humiliation volontaire ou forcée. Après l'abaissement des Carthaginois, Rome fut sans rivale. Abaissement de fortune. Se tenir dans l'abaissement devant Dieu. On tomba dans un tel abaissement.... Cette famille est réduite à vivre dans l'abaissement.• Son grand dessein a été d'affermir l'autorité du prince et la sûreté des peuples par l'abaissement des grands, LA BRUY. 10.• Et la mort ou l'exil ou les abaissements Seront pour vous et moi ses vrais remercîments, CORN. Othon, II, 4.• Un peu d'abaissement suffit pour une reine, CORN. Nic. V, 7.• Un si doux ennemi par ses abaissements N'a-t-il pas étouffé tous vos ressentiments ?, ROTROU Bél. IV, 6.• Ce triste abaissement convient à ma fortune, RAC. Iph. III, 5.• Vous avez vu ma honte et mon abaissement, VOLT. Brut. IV, 1.• Un homme religieux et désintéressé dans ses abaissements volontaires, BOURD. Pensées, t. II, p. 178.• La mesure de nos abaissements en ce monde sera la mesure de notre gloire dans l'autre, BOURD. ib. t. II, p. 166.• Le dieu que nous adorons n'a acception de personne, ni de celui qui est dans la grandeur, ni de celui qui est dans l'abaissement, BOURD. ib. t. III, p. 194.• Son humilité la sollicite à venir prendre part aux abaissements de la vie religieuse, BOSSUET La Vallière, Profession..5° Terme d'art ou de science. En chirurgie, abaissement de la cataracte, opération par laquelle on fait descendre au-dessous du niveau de la pupille le cristallin devenu opaque. Abaissement de la matrice, lésion par laquelle la matrice descend plus bas qu'elle n'est dans l'état de santé.6° En algèbre, abaissement d'une équation, réduction d'une équation à un degré moindre.7° En blason, abaissement, addition dans un écu de quelque pièce qui en abaisse la valeur.Abaissement peut s'employer au pluriel. On ne dirait pas, il est dans les abaissements, au lieu de, il est dans l'abaissement. Mais, toutes les fois qu'il comporte une idée de pluralité, on peut s'en servir au pluriel. Corneille et Rotrou l'ont fait, et on en trouve aussi des exemples dans les auteurs en prose :• Les abaissements que Marie avait soufferts sur la terre, MASS. Myst. assompt..BASSESSE, ABAISSEMENT. Défaut d'élévation par rapport à la condition et à l'âme. La bassesse est une manière d'être ; l'abaissement, un état qui résulte d'une action ; on est dans la bassesse ; on s'est mis ou on a été mis dans l'abaissement. A bassesse est attachée l'idée de permanence ; à abaissement l'idée de quelque chose d'accidentel. On dit la bassesse naturelle à l'homme, la bassesse de la naissance. On appelle abaissement, l'état auquel on descend volontairement ou malgré soi. De la sorte, bassesse peut se prendre pour abaissement, mais non abaissement pour bassesse ; on dira tomber dans la bassesse, mais on ne dira pas l'abaissement de la naissance ; tout ce qui est permanent, naturel, reçoit bassesse et non abaissement. Bassesse est absolu, et abaissement relatif. L'un se prend toujours en mauvaise part ; on est dans la bassesse soit par le vice, soit par une condition à laquelle aucune considération n'est attachée. L'autre est relatif ; il se prend en mauvaise part ou en bonne, suivant que l'abaissement est le résultat de fautes ou d'une infériorité, ou suivant qu'il est volontaire et un acte d'humilité. On censure la bassesse des flatteurs ; mais si on blâme l'abaissement des caractères, on loue les abaissements de la vie religieuse, et le chrétien s'efforce de chérir, à l'exemple de J. C. et de ses disciples, l'abaissement et les souffrances, LAFAYE., L'abaissement du style sera une qualité si, ayant pris un ton trop haut, on se remet au ton véritable ; un défaut, si le ton est au-dessous du sujet. Mais la bassesse du style est toujours condamnable.XIIe s.• [Il] refusé a lor povreté, Si qu'il n'en a de rien gusté [des mets offerts] ; Abaissement li fust e laiz [ce lui eût été abaissement et honte], BENOIT II, 10937.Abaisser ; provenç. abaisamen ; anc. catal. abaxament ; espagn. abaxiamento ; ital. abbassamento.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.