- marâtre
- (ma-râ-tr') s. f.1° Terme injurieux. Belle-mère par rapport aux enfants d'un autre lit.• J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre, RAC. Phèdre, I, 3.• Ce qu'une marâtre aime le moins de tout ce qui est au monde, ce sont les enfants de son mari : plus elle est folle de son mari, plus elle est marâtre, LA BRUY. V.2° Mauvaise mère. Ce n'est pas une mère, c'est une marâtre.Fig.• Il ne peut s'imaginer que la France, où l'hospitalité fut toujours si sainte, devienne pour lui la marâtre des étrangers, PATRU Plaidoyer 11, dans RICHELET.• La nature, marâtre en ces affreux climats, Ne produit au lieu d'or que du fer, des soldats, CRÉBILLON Rhadam. II, 2.• Quand la marâtre nature nous prive de la vue, elle peint les objets avec plus de force dans le cerveau, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 12 déc. 1768.Adjectivement.• Ô France ! des partis déplorable théâtre ! Que maudit soit le jour, où ta haine marâtre En foule de ton sein rejeta tes enfants !, DELILLE. Pitié, IV.3° S. f. pl. Terme de métallurgie. Pièces de fonte qui servent de plafond aux embrasures d'un haut fourneau.C'est par plaisanterie que Beaumarchais fait dire par Antonio à Bartholo : Vous n'êtes donc qu'un père marâtre [c'est-à-dire dénaturé] ? Mar. Fig. III, 18.XIIIe s.• Ha ! fortune, chose legiere, Qui vins devant et poins derriere, Comme es marrastre !, RUTEB. I, p. 82.• Et de lès els seoit l'empereris, qui feme estoit au pere et marastre au fil, VILLEH. XCIII.• De mauvaise marastre est l'amour mout petite, Berte, LIV.XVe s.• Ô tu [Paris] cité de justice aournée, Qui onques jour n'ouvras de tirannie, Fille de Dieu et par Dieu gouvernée, Mere de foy, mairastre d'eresie, Le vrai escot de la theologie, E. DESCH. Poésies mss. f° 37.XVIe s.• Qui a marastre a le diable en l'atre, COTGRAVE .• Ô vrayment marastre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !, RONS. à Cassandre..Wallon, mârâse ; namur. maurause ; du bas-latin matrastra, de mater, mère, avec la terminaison aster, astra, qui indique seulement que la chose ou la personne n'a pas son caractère propre, est un diminutif de la chose ou personne ; aussi marastre n'a-t-il signifié primitivement que belle-mère, un diminutif de mère. On disait de même : parastre, fillastre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREMARÂTRE. - HIST. XIIe s.• La tiere estoit marastre à lui et à sa gent ; Quar recouvrer n'i pueent ne soile [seigle] ne forment, li Romans d'Alixandre, p. 94.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.