- manquement
- (man-ke-man) s. m.1° Action de manquer à, faute.• Chaque parti s'est plus maintenu par les manquements de celui qui lui était opposé que par sa bonne conduite, LAROCHEF. Mém. 173.• Celui qui, dans les grandes affaires, donne lieu au manquement des autres, est souvent plus coupable qu'eux, RETZ Mém. t. II, liv. III, p. 34, dans POUGENS.• Tous les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires sont remplies les bévues des politiques et les manquements des grands capitaines, tout cela n'est venu que faute de savoir danser, MOL. Bourg. gent. II, 2.• Chaque soeur s'examinera elle-même sur les manquements qu'elle fait [au règlement], BOSSUET Règl. pour le filles de la prop. de la foi, IV, 12.Faute contre.• Il soupçonne aussitôt son manquement de foi, CORN. Pomp. II, 2.• Toute votre vie n'est-elle pas un continuel manquement de parole ?, FÉN. Dial. des morts mod. dial. 12, Charles V, François 1er..• De là [chez le duc d'Orléans] tant de manquements de parole, qu'on ne comptait plus les plus positives pour rien, SAINT-SIMON 390, 20.2° État de ce qui manque, fait défaut.• N'ai-je à craindre que le manquement de mémoire ?, MOL. Impromptu, 1.• La sagesse éternelle, qui fait servir le moindre au plus digne, si l'âme a besoin d'un corps pour vivre dans sa naturelle perfection, lui rendra plutôt le sien que de laisser défaillir son intelligence par ce manquement, BOSSUET Connaiss. V, 13.3° Absence, privation (en ce sens, il est synonyme de manque, mais moins usité).• Ce n'est pas qu'ils n'aient bien vu que ce manquement de liberté, qui avait porté un si grand nombre de docteurs à se retirer des assemblées, ne ferait pas de bien à leur censure, PASCAL Prov. III.• Une complaisance déréglée, un manquement de circonspection, NICOLE Essais, t. III, p. 80, dans POUGENS.4° Absolument. Pénurie, manque.• Elle [une peuplade fixée dans le lieu qu'elle cultive] n'est donc pas dans un état de pauvreté, elle est plutôt dans un état de manquement, qu'on me permette ce mot : celui de privation ne rendrait pas ma pensée ; car nous nous privons des choses que nous avons, ou que nous pouvons avoir, et que nous connaissons ; au lieu que nous n'avons pas celles dont nous manquons, souvent même nous ne les connaissons pas, CONDILLAC Comm. gouv. I, 7.XVIe s.• Le manquement de pieté et de justice, D'AUB. Hist. II, 175.• Advertis des grands manquemens qu'il y avoit en Brouage, mais principalement de la dizette d'eau, de vin et de medicaments, D'AUB. ib. II, 437.• Ceux qui, manquement de moyens, ne pourront fournir aux amendes par eux encourues, Nouv. coust. génér. p. 859.• Un seul manquement et faulte à sa parole, MONT. III, 53.Manquer ; provenç. mancamen ; espag. mancamiento ; ital. mancamento.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.