- malignité
- (ma-li-gni-té) s. f.1° Inclination à faire, à penser, à dire du mal.• Je n'ai pas cette basse malignité de haïr un homme à cause qu'il est au-dessus des autres, VOITURE Lett. 74.• La malignité qui est cachée et empreinte dans le coeur de l'homme, PASC. Pens. XXV, 144, éd. HAVET..• Quand la malignité a la raison de son côté, elle devient fière, et étale la raison en tout son lustre, PASC. ib. VI, 12.• Soutenir le ministre éloigné [Mazarin] contre sa mauvaise fortune, contre la malignité de ses ennemis, BOSSUET le Tellier..• Ainsi parle un esprit languissant de mollesse, Qui, sous l'humble dehors d'un respect affecté, Cache le noir venin de sa malignité, BOILEAU Sat. IX..• Ou plutôt n'est-ce point que sa malignité [de Néron] Punit sur eux l'appui que je leur ai prêté ?, RAC. Brit. I, 1.• Peut-être, par la malignité de la pauvre nature humaine, remplie de faiblesse en bien des choses, serions-nous assez aises, tant que nous sommes ici, de bien faire de notre côté, et que nos camarades ne fussent pas si heureux du leur, et, par cette raison, on ne se donnerait les uns aux autres les assistances assez promptes, Lettre de Luxembourg à Louvois, dans Revue des Deux-Mondes, 1er fév. 1862, p. 629.• Le voile de la modestie cache le mérite, et le voile de l'hypocrisie cache la malignité, LA BRUY. XII.• D'autres furent assez perfides pour confondre les défauts avec les vices, et le mérite avec le ridicule : espions dans la société, délateurs sur le théâtre, ils livrèrent les réputations éclatantes à la malignité de la multitude, BARTHÉL. Anach. ch. 69.Fig. Il se dit de certaines choses. La malignité du sort, de la fortune.• C'est la malignité de ces impressions Qui nous a fait avoir ces noires visions, TRISTAN Panthée, II, 2.• Que s'il [l'esprit d'indocilité des hérésies] s'est montré tout entier à l'Angleterre, et si sa malignité s'y est déclarée sans réserve, les rois en ont souffert, mais aussi les rois en ont été cause, BOSSUET Reine d'Anglet..2° Qualité nuisible, dangereuse. Corriger la malignité de l'air.• Et parce que les dites vapeurs ont certaine malignité...., MOL. Méd. malgré lui, II, 6.• Une cuisse et les jambes enflées ; quelle malignité d'humeurs !, SÉV. 16 sept. 1677.Terme de médecine. Caractère grave et insidieux d'une maladie quelconque. La malignité de certaines fièvres.Fig.• Il [Jésus-Christ] trouve pour nous tant de tentations et une telle malignité dans tous les plaisirs, qu'il vient troubler les plus innocents dans ses élus, BOSSUET Mar.-Thér..3° Caractère de celui qui est malin, malicieux.• Épigrammes de Martial : l'homme aime la malignité ; mais ce n'est pas contre les borgnes ou les malheureux, mais contre les heureux superbes, PASC. Pens. VI, 53, éd. HAVET..• Étourdi, badin, malin, mais d'une malignité gaie, J. J. ROUSS. Confess. VI.XIVe s.• Pour la felonnie et malignité de leur courage qui est très grant, ORESME Thèse de MEUNIER..XVIe s.• Les convices, les courroux, les envies, les malignitez sont taches de ceulx qui les ont...., AMYOT De la tranq. d'âme, 11.• Le [serpent] pourrisseur a esté ainsi nommé pour autant que la partie de ceux qu'il a mordus est subitement pourrie par la malignité de son venin, PARÉ XXIII, 25.• Socrate.... conservant pour son exercice la malignité de sa femme, qui est un essay à fer esmoulu, MONT. II, 116.Provenç. malignitat ; espagn. malignidad ; ital. malignità ; du lat. malignitatem, qui vient de malignus, malin.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.