- assaisonner
- (a-sè-zo-né) v. a.1° Mettre dans un mets certaines substances qui le relèvent. Assaisonner un ragoût.2° Fig. Assaisonner d'un peu de joie les amertumes de la vie.• Quand on fait du bien, on l'assaisonne d'agrément, SÉV. 342.• La sagesse sait assaisonner les plaisirs pour les rendre durables, FÉN. Tél. VIII.• Habile pour assaisonner une louange délicate qui fût bien reçue des hommes les plus modestes, FÉN. ib. XVI.• Ils doivent assaisonner leurs discours du sel de la sagesse, BOSSUET Cath. 3.• Un art d'assaisonner les grâces qui touchait plus que les grâces mêmes, MASS. Louis XIV.• [Il a vu] le péril de la débauche en assaisonner les excès, MASS. Conv..• Le roi me demanda comment ce malheur [la mort de mon père] était arrivé, avec beaucoup de bonté pour mon père et pour moi ; il savait assaisonner ses grâces, SAINT-SIMON 6, 78.• La satire, en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile, BOILEAU Sat. IX..XIIIe s.• Assez vault miex viande assesonnée Que le mangié poi cuit et trop hastez, Bibl. des Chart. 4e série, t. V, p. 38.XVe s.• Combien que icelluy blé ne feust mie pour lors attempresé ne assaisonné, DU CANGE assaxonare..XVIe s.• L'espic jaunit en grain, que le chaud assaisonne, DU BELLAY VI, 19, verso..• Mais ne peult-on l'amour assaisonner, Comme les fruicts, et par art luy donner Maturité...., DU BELLAY VII, 32, verso..• La douceur et gentillesse de son naturel, qui assaisonnoit tout ce qu'elle disoit ou faisoit, estoit un aguillon qui poignoit au vif, AMYOT Anton. 32.• Et treuverés tout ce bois prest pour vostre service, à mesure du besoin, seché et assaisonné à propos, O. DE SERRES 808.• À la délicatesse du pain sert aussi tel sejour du bled en la gerbe, d'autant que là il s'assaisonne et prepare très bien, O. DE SERRES 820.Berry, assaisonner, cultiver en saison propre ; norm. assaisonné, qui vient à une époque convenable ; wall. asaguener ; provenc. Assazonar, asazonar, mûrir à temps ; portug. asasonar ; de ad, à, et saison, mettre à la saison, mettre à point, sens qu'on trouve en effet dans les anciens auteurs.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.