- lésine
- (lé-zi-n') s. f.Épargne sordide jusque dans les moindres choses.• Mon père a l'honneur d'avoir le premier retenu son haleine, en se faisant prendre mesure d'un habit, afin qu'il y entrât moins d'étoffe ; je vous pourrais bien apprendre cent autres traits de lésine, qui lui ont acquis à bon titre la réputation d'être homme d'esprit et d'invention, SCARR. Rom. com. I, 13.• La famélique et honteuse lésine, BOILEAU Sat. X.• Si cela est, il était digne de présider à la confrérie de la lésine établie depuis peu en Italie, VOLT. l'H. aux quarante écus, un bon souper.• Une lésine honteuse et des rapines fiscales ternirent sa gloire [Édouard IV], VOLT. Moeurs, 117.• C'est un si brave homme que ce dom Joseph ; que de lésine, que d'usure il va inventer !, P. L. COUR. Lett. II, 283.Du temps de Régnier, le mot était encore nouveau et gardait sa forme italienne : Or durant ce festin damoiselle famine, Avec son nez étique et sa mourante mine, Faisait un beau discours dessus la lesina, Sat. X.Ital. lesina, alène de cordonnier. Il y a un livre italien intitulé : Della famosissima compagnia della lesina dialogo, capitoli e ragionamenti, Vicenza, 1589, dont un passage nous apprend que la lesina était une compagnie d'avares qui raccommodaient eux-mêmes leurs souliers et savates, et, comme il faut pour cela une alène, ils en prirent le nom (ital. lesina, alène). C'est de la sorte qu'un mot signifiant proprement alène en est venu à signifier épargne sordide.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.